“Une oeuvre très poétique et un superbe album! le meilleur de Brückner”
1 Queen of the Southern Cross 9:36 2 Into the Birdlands 4:07 3 The Fountain, the Child and the Sun 5:59 4 Outcast 10:04 5 Under the Trees of Olivandá 21:44 6 Sunflower Girl 5:35 7 Escape to the Outer Moons 18:55 SynGate | CD-r MB05
(CD-r/DDL 76:02) (New Berlin School, Prog EM)
Au fil de son association avec le label Allemand SynGate, Michael Brückner nous a habitué à des petits bijoux bien égarés dans une montagne de productions indépendantes, des albums en duo, des rééditions ainsi que quelques projets en marche à gauche et à droite. Avec une réédition enrichie de nouveautés, All the Pieces Fit Forever, son association avec Wolfgang Barkowski pour le temps du splendide The Dark Path et ce TREES OF OLIVANDA, 2017 est une année qui semble aussi tranquille que 2012. Proposé dans une superbe jaquette dessinée par le peintre surréaliste du Web, Andreas Schwietzke, TREES OF OLIVANDA démontre encore une fois tout le talent de sculpteur sonique de Michael Brückner et sa capacité de sauter avec élégance d'un style à l'autre. Un très bel album par un artiste qui ne cesse de m'étonner depuis que SynGate a publié One Hundred Million Miles Under the Stars en 2012.
Des clairons célestes, qui font très Vangelis, ouvrent les premiers instants, assez mélancoliques, de Queen of the Southern Cross. Deux mouvements de rythme s'éveillent après les 120 secondes de cette fanfare astrale, amenant dans leur sillage une nuée d'étoiles soniques et leurs chants scintillant. La première est une ligne de basse qui ronfle, rampe et même murmure alors que l'autre est un collage de pépiements électroniques qui coulent en boucle avec une sensation d'entendre une série de riffs. Les deux entités rythmiques restent au carrefour des mouvements stationnaires, affichant une vélocité latente qui dérive par instant vers des espaces plus ambiants sous les très bons solos sculptés de tortilles par les doigts agiles de Michael Brückner. Bien que relativement court, Into the Birdlands propose un lit d'oscillations qui roulent en boucles et dont les tonalités varient autant que la courbe d'une structure de rythme toujours stationnaire. Les variations dans les tonalités ainsi que le bassin d'effets électroniques dans un si court laps de temps est assez efficace. Pourquoi gaspiller des minutes au compteur? Surtout que les effets dérivent vers le très beau The Fountain, the Child and the Sun qui est une belle ballade du style JMJarre qui perce un dense voile d'effets avant d'atterrir entre nos oreilles. Ce titre est la preuve qu'une imagination très mélodieuse au service de l'audace et de l'inhabituel donne souvent des résultats plus que très séduisants. À ce niveau, Michael Brückner excelle. Même si fortement prisonnier d'une structure sans mouvements prédominants, Outcast parvient à séduire par la qualité de ses effets sonores et cette ingéniosité à inter changer les rôles entre rythme flottant et mélodie magnétisante. Nous avons toujours cette sensation de dériver dans les méandres de One Hundred Million Miles Under the Stars avec cette collection d'effets cosmiques qui enveloppe les structures de ce dernier effort du synthésiste Allemand. C'est dans cette zone que l'ouverture de Outcast gravite.
Un mouvement de séquences gravitationnel dessine une structure rampante qui déroule ses charmes dans un univers qui renvoie les définitions d'esthétisme sonique vers une révision complète. Le mouvement tournoie dans une zone bourrée de carillons qui font tinter leur fragilité dans la turbulence d'un mouvement circulaire du séquenceur et de ses petites saccades spasmodiques. Et dans cette approche qui déjoue totalement l'ouïe, le mouvement de séquences permute en un délicieux piano qui délie une fascinante mélodie ensorcelante. Par la suite Outcast trouve refuge dans une marche stroboscopique du séquenceur et une savoureuse phase ambiante. Le décor cosmique de la très longue pièce-titre est encore plus séduisant. Des boucles de synthé sans destination errent sur une structure de rythme légèrement envoutante sculpté selon le genre Chill. Divers éléments s'accrochent aux percussions électroniques et aux séquences qui papillonnent paresseusement dans les caresses de bons solos de Michael Brückner. Notre état d'hypnose sera ravivé par des percussions plus solides, après un léger passage très ambiant vers la 10ième minute. La 2ième phase de Trees of Olivandá cherche ses repères entre des passages plus animés et d'autres plus ambiant. Mais toujours, et ici plus qu'ailleurs, les solos de Michael Brückner sont de petits bijoux pour les oreilles. Après une introduction tissée dans les nébulosités astrales, Sunflower Girl évolue tranquillement avec un mouvement circulaire du séquenceur. Une autre ligne de rythme ornée de séquences moirées émerge pour s'agripper à des percussions et à une structure qui flirte avec un bel Électronica, sinon une mielleuse IDM. Mais peu importe le genre, on oublie le tout dès que les arpèges gras et dramatiques, empruntés au répertoire de Jean-Michel Jarre, de l'ouverture de Escape to the Outer Moons annonce la fin de cet autre brillant album de Michael Brückner. Cette introduction où les océans flirtent avec les grognements d'un ciel noir dure un beau 3 minutes avant que Escape to the Outer Moons explose entre nos oreilles avec un croisement de techno et de Berlin School. Les séquences sont vives et déboulent à vitesse grand V sous les pulsations spasmodiques d'une ligne de basse affamée. Encore une fois, le synthésiste berlinois excelle dans l'art de la diversion en créant des rythmes de plomb qui font rage sous un ciel harmonique totalement à l'opposé avec ses mélodies juvéniles qui charment autant qu'étonnent. Les effets inondent le décor alors que Michael Brückner se veut plus incisif avec des percussions qui maintenant soutiennent la rage du séquenceur et des solos de synthés qui remplacent la fragilité des mélodies avec des chants torsadés plus acuités. Le rythme s'essouffle et pousse doucement Escape to the Outer Moons en mode plus techno, démontrant encore toute cette habileté de Michael Brückner pour faire ses transitions qui étonnent toujours quelques secondes plus loin.
Poussant encore plus loin les limites de la perfection sonore, SynGate offre ce splendide album en 24 Bit/44.1 kHz. Le CD-r est vendu avec le format habituel de 16 Bit. Est-ce que mes oreilles ont entendues une différence? J'ai juste remarqué l'excellence de cet album, tant au niveau de son enveloppe sonore, que de sa pochette et des idées musicales de Michael Brückner qui dédie cet album à son bon ami Olaf Lux. Olaf je ne sais pas ce que tu as fait à notre ami Michael, mais tu lui as donné le goût d'offrir le meilleur de lui-même avec ce brillant TREES OF OLIVANDA!
Sylvain Lupari (21/10/2017) ****½*
Available at SynGate Bandcamp
Comments