“Une superbe trouvaille où le duo Brückner & Everling dessine un surprenant voyage sonore au pays de la MÉ moderne et de l'électronique”
1 The Sparrow (Vocal Version) 13:26
2 Trees and Wires 4:08
3 Crossing the Bridge 9:38
4 Gathering 6:32
5 On a Quiet Night 12:22
6 Flying North 8:41
7 The Sparrow (Ambient Version) 10:30
8 The Sparrow (Instrumental Version) 13:20
(CD-r/DDL 78:39)
(Mix of ambient and electronica)
Mine de rien, Michael Brückner est en train de se forger une réputation très enviable dans les cercles de la MÉ d'un genre plus progressif. Sa dernière trouvaille est une collaboration assez éclectique avec Detlev Everling, un joueur de cor français et un synthésiste qui aime aussi utiliser des plug-ins qui sonnent comme son instrument à vent. Et le résultat est assez étonnant. Même si SPARROWS figure sur la division plutôt ambiosphérique du label SynGate (Luna), le duo Brückner & Everling, avec la complicité de Cräcilia Brückner aux voix, offre un album qui caresse toutes les sphères d'une MÉ actuelle avec une musique vivante, parfois très près de l'IDM et de l'électronica, avec juste ce qu'il faut d'ambiances pour dessiner de fascinantes figures cinématographiques. Un voyage sonique étonnant qui vous laissera plus que perplexe.
Des réverbérations aux couleurs grises secouent le vide du skeud qui peu à peu mord la musique avec des chuchotements qui s'effacent dans des souffles de cors français. De son enveloppe sonique extrêmement séduisante, The Sparrow (Vocal Version) étend un magnanime voile sinistre où les souffles des cors se fondent aisément à ceux plus vitrioliques des synthés. Les ambiances sont éthérées. Il y a comme une odeur de méditation astrale avec des lignes de synthé, riches en brume gothique, qui flottent comme des menaces sur un champ recouvert de mousse et de carillons matinaux grelottant d'inquiétude sous les brises des cors français et des similitudes synthétisés de Detlev Everling dont la fascinante fusion étend un agréable parfum d'inconfort médiéval. Et subitement, il y a comme un coup d'arbalète qui fend les ambiances. Nous sommes dans la 5ième minute et tranquillement The Sparrow (Vocal Version) dévoile sa fascinante phase rythmique avec un lourd manteau d'angoisse qui recouvre une nuée de ces coups d'arbalètes. Ce passage est tout simplement génial. Cette phase de rythme abstrait se transforme en un séduisant down-tempo morphique que la délicate et ensorcelante voix de Cräcilia Brückner recouvre de chants et de souffles éthérés. Un superbe duel entre cor français et synthé aux arômes délicatement proches introduit une belle musicalité qui se fond admirablement bien aux chants elfiques de Cräcilia Brückner et surtout à un rythme devenu lascif, suggestif. Très bon et assez étonnant pour un album de la division Luna! Ces étranges coups d'arbalètes, que l'on peut facilement confondre avec l'envolée d'une centaine de moineaux revient hanter les fragiles ambiances noires de Trees and Wires. Là où synthés et instruments à vent sèment la confusion avec une toile ambiosonique fertile en sculptures d'angoisse. Bien qu'un peu moins étrange et patibulaire que Trees and Wires, Gathering offre une ambiance étouffante où les souffles de synthé deviennent aussi multi couleurs que leurs formes qui hantent comme des délires ectoplasmiques un 6 minutes taillé sur mesure pour American Horror Story. Flying North est dans le même genre, la même forme mais en plus expérimental, en plus psychotronique si je peux ajouter.
Crossing the Bridge sera votre premier véritable coup de cœur sur SPARROWS. Le duo éclectique offre un genre de doux techno trance avec un rythme vertical moulé dans des pulsations aussi sobres qu'étouffées. Le charme est cette fascinante approche vocale où on entend un genre de didgeridoo étendre ses souffles rauques sur un rythme qui engraisse sa parure avec un charmant concert de carillons et des pulsations devenues plus libres, plus oscillatrices. Les synthés sont plus près des usuels territoires électroniques avec des torsades ondulatoires qui flottent comme des nuages d'éther aux harmonies sibyllines. J'ai accroché à la première écoute et je trouve ça toujours aussi bon à la 5ième. C'est dans mon iPod, section musique entraînante. Après avoir imbibé nos oreilles d'un épais brouillard empli de bruine sibylline, On a Quite Night flotte entre deux ambiances avant de fondre avec un délicat down-tempo qui oscille comme une lente randonnée équestre. Un peu comme dans The Sparrow (Vocal Version) le rythme est mou, à la limite lascif, avec une faune sonique qui éparpille des accords éthérés dans des ambiances absconses. The Sparrow (Ambient Version) est centré sur un duel de cors français, tant réels que synthétisés, avec des souffles caverneux qui flottent comme des menaces fantômes dans une structure très ambiante. The Sparrow (Instrumental Version) débute avec une approche plus cacophonique, comme un orchestre incomplet qui tente d'ajuster ses instruments. Les instruments sont des cors français, des couches de synthé aux arômes quasiment philharmonique et des percussions qui cherchent un tempo. Et c'est dans une douce enveloppe d'un down-tempo au rythme variable que la mutation d'ambiant à rythme se fait. Et le duo Brückner & Everling n'a rien à envier aux chercheurs de rythmes contemporains qui noient leurs trouvailles dans une faune sonique écarlate avec un rythme docile qui sautille dans les mailles de savoureuses séquences et de lignes de piano ainsi que sous les caresses d'un cor français aux brises tellement mélancoliques. C'est assez unique.
Assez unique! C'est ce qui me vient à l'esprit afin de mieux décrire ce SPARROWS de Michael Brückner et Detlev Everling. Le duo syncrétique réussit à merveille à fondre quelques antipodes de la MÉ en un audacieux album qui laisse indéniablement ces traces au fond de nos tympans. Que ce soit avec des rythmes suaves ou des ambiances à faire tordre un spectre fou, cet impressionnant duel sonique entre l'acoustique d'un cor français et deux synthétiseurs qui se chamaillent l'imitation, tout en échappant d'agréables phases ténébreuses, est une des belles trouvailles du label SynGate qui ne cesse d'étonner avec un audacieux échantillonnage d'artistes qui ont à cœur l'évolution de la MÉ contemporaine. Très bon!
Sylvain Lupari (19/05/14) ****½*
Disponible au SynGate Bandcamp
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