“Recycled Life fait partie des très bons albums de Michael Brückner”
CD 1 73:15
1 The Recirculation Chambers 10:53
2 The In-Between (Part 1) 3:12
3 Störtebecker Returning 9:15
4 The In-Between (Part 2) 2:26
5 Backspin 6:11
6 The In-Between (Part 3) 3:15
7 Gentle Rotation (Version 1) 8:49
8 A Break in the In-Between 12:19
9 Back to Where you Started 5:13
10 Circles of Joy 8:54
11 The In-Between (Part 4) 2:48
CD 2 71:57
1 A Question of Re-Entry 14:15
2 Recycled Lives 17:14
3 Round and Round 9:04
4 The In-Between (Part 5) 1:32
5 Gentle Rotation (Version 2) 11:11
6 Loop Velocity 9:24
7 The Cycle (Stepping Out) 8:17
Cyclical Dreams Music
(CD-R/DDL 125:12)
(Progressive Berlin School)
Un gros flash sonore! The Recirculation Chambers nous initie à ce RECYCLED LIFE avec un gros flash de sons qui étend sa nappe aux parfums ambiants de Pink Floyd. Un autre gros éclat retentit 62 secondes plus tard. Cette fois-ci, il éveille un rythme se tiraillant contre son silence. Il oscille en sourdine dans un trou industriel où l'eau suinte en écho. Une ligne d'arpèges se met à scintiller tout en flottant dans un mouvement circulaire après un dernier flash dont l'effet feutré échappe à notre attente. Deux secondes après la 3ième minute, les percussions entraînent The Recirculation Chambers dans un rock électronique mutant rapidement en Électronica et ses effets sonores futuristes. Se nourrissant principalement de ses effets d'échos, le rythme offre cette illusion de richesse sonore avec des bruits de jeu d'arcade et des effets sonores intergalactiques, donnant un départ de qualité à ce nouvel album de Michael Brückner. Composé essentiellement de titres que le musicien a joué lors de concerts en streaming entre mars et avril 2021, ce double-album a tous les outils pour plaire à ses fans et à ceux qui aiment la créativité de séquenceurs. Il y a eu des retouches afin d'éliminer les problèmes liés à la transmission, mais l’essentiel est intact et propose un MB très différent qui se sert de ses effets de bourdonnements pour maquiller son fond sonore, car RECYCLED LIFE est un album tout en rythme avec un synthésiste engagé à nous faire découvrir son côté rythme de la Berlin School et de la New Berlin School. Contrairement à se qui est véhiculer ailleurs, il y a peu d'essence de Tangerine Dream, si ce n'est qu'au niveau du séquenceur, brillant dans toutes ses phases, ou de Klaus Schulze, sauf pour les solos de synthé qui rejoignent les audaces du maître Allemand en concert. Pour le reste, c'est du Michael Brückner et ses explorations rythmiques tel que on a appris à connaître depuis One Hundred Million Miles Under the Stars…
The In-Between (Part 1) est le premier de 5 sections atmosphériques constituant les ponts entre des titres sélectionnés. Sa douceur morphique est essentielle pour donner un élan rythmique au séquenceur et à ses ions sauteurs cristallins qui montent et descendent dans un mouvement ascendant unique à un Berlin School ambiant. Cette structure minimaliste de Störtebecker Returning se gonfle avec l'arrivée des basse-pulsations et des sobres percussions qui arriveront plus loin. Si vous pensez à Software, je suis d'accord avec vous! 😊 Les ions forment un hypnotique essaim de bestioles papillonnant autour des percussions et pulsations où se grefferont diverses textures sonores et musicales qui allumeront constamment notre intérêt musical. Le titre se fond à merveille dans The In-Between (Part 2) qui débouche sur Backspin et sa fascinante texture de rythme nourrie par un séquenceur créatif. En créant une structure multilignes de rythme, MB nous en met plein les oreilles. Il ajoute une mélodie sifflotée qui roulera en boucles tout au long des 6 minutes de ce titre qui invitera dans son décor ces brumes mystiques, pour donner une dimension plus sibylline à la musique, et autres effets de voix afin d'annihiler tout effet de redondance dans cette structure hypnotique de par sa mélodie et son rythme. Un rythme qui nous visse à nos écouteurs (et/ou haut-parleurs) dans une chorégraphie rythmique unique à la MÉ et à la dextérité de son concepteur. Les percussions se pointent entre la seconde et troisième minute. Ils fournissent les bases d'un bon rock électronique qui complètera les fortifications de Backspin.
Plus musical et émotif, The In-Between (Part 3) nous fait transiter vers Gentle Rotation (Version 1). Son rythme tressé entre deux lignes qui font entrecroiser leurs sauts uniformes sautillent avec un effet saccadé dans la boucle du bas. Mouvement minimaliste qui attire sa faune tonale dans les sphères de son cercle grandissant, cette première version de Gentle Rotation est un bon Berlin School ambiant avec une nappe de brume orchestrale émotive et sa texture arabique qui s’invite après la seconde minute. On se laisse bercer par ce mouvement jusqu'à ce qu'une flûte sans appartenance tribale déjoue les sens en devenant un solo de synthé en mode communication astrale. Les percussions arrivent entre la 5 et la 6ième minute, pour disparaître aussitôt et réapparaitre pour solidifier une texture accueillant finalement sa flûte du mellotron. C'est ainsi que nous arrivons à A Break in the In-Between (quel farceur ce Michael) et son ouverture agitée comme l'eau folle d'un ruisselet sous les réflexions sonores des étoiles. C'est un long titre ambiant avec un cœur musical qui fait vibrionner ses arpèges scintillants dans un décor atmosphérique où les brumes et les vents s'éventent afin que l'on puisse voir ces étoiles nous chanter une ritournelle mécanique. C'est ainsi que l'on se perd jusqu'à Back to Where you Started qui étire ses boucles d'ambiances dans l'espace, dérivant avec ses complaintes métalliques jusqu'à un débit saccadé du séquenceur. Circles of Joy est à l'image de son titre. Le rythme saccadé du départ prend une forme sphéroïdale qui tourne dans un cercle convulsif où basse-pulsations, percussions et nuages orchestraux deviennent à sa solde. Les percussions injectent une base d'Électronica dont la vie éphémère se distancie de ce rythme qui ne cesse de tourbillonner, même dans sa forme et phase la plus chétive comme la plus absente revenant toujours à son essentiel. Il se réanime autour de la 5ième minute après un passage où il était intéressant d'entendre sa mutation sonore pour un dernier tiers enlevant au pays des tourbillonnaires planant pour un nouvel horizon. Et il arrive avec le dernier passage ambiant dense et cosmique de The In-Between (Part 4).
Le deuxième CD est le plus sauvage de RECYCLED LIFE! A Question of Re-Entry est le seul titre enregistré en studio sur les bases de l'improvisation. Son ouverture est ambiante avec une belle voix synthétisée fredonnant des moments d’extases astrales. Le synthé s'invite dans ce duel vocal, jetant un voile qui devient progressivement prismatique dans cette texture ambiante où nait une forme d'intensité liée au grondement de plus en plus perceptible d'une nappe de réverbérations. Un effet de saccade éclaircit ces ambiances quelques 20 secondes après la 4ième minute, guidant celle-ci vers une structure de rythme électronique stationnaire avec un synthé et ses solos ainsi que ses multiples effets sonores. Cette phase se tranquillise vers la 10ième minute, laissant les ruades être digérées par les effets en boucles du synthé. Et puis le brouillard et ses effets nous conduise à l'introduction luciférienne de Recycled Lives. Son pas sournois sort de cette pellicule sonore chthonienne après la seconde minute. Il donne l'impression d'avancer à tâtons, se fiant aux ambiances qui l'entourent. Chorale ténébreuse et effets sonores cabalistiques enclosent une lente migration hypnotique avec le chant prismatique d'un synthé pisteur de rythmes. Des éléments sonores s'excitent vers la 6ième minute. Des cerceaux qui se frappent pour disloquer leurs arpèges virevoltant dans le but d'établir un contact harmonique. Ces instants font très Software dans cet album. Les choses changent avec plus de vélocité des arpèges tournoyant et l'ajout de percussions qui forcent le pas du séquenceur. Magique depuis la deuxième minute, Recycled Lives étend encore plus sa beauté magnétique avec ce banc de brume orchestral qui ajoute une profondeur musicale à ce long New Berlin School éclatant de ses arpèges et de ses séquences coulant comme des riffs élastiques. Les percussions changent encore le parcours des orchestrations babyloniennes, amenant le titre vers un rock électronique plus ou moins soutenu et permettant au synthé de tisser des solos aux contorsions psychédéliques.
Un gros titre dont le dernier souffle mécanique se perd dans la courte ouverture de Round and Round qui explose après sa 51ième seconde d'un rythme pulsatoire créé dans les multi lignes de rythme du séquenceur. Des échantillonnages de percussions, certaines tribales, solidifient ce rythme par moments spasmodique et tantôt purement é-rock, donnant toute la latitude voulue pour que Michael Brückner lance ses solos dans la créativité la plus progressive possible. Plus musical, The In-Between (Part 5) coule comme une romance à la Kitaro. Ça fait très New Age tout en donnant une autre dimension au CD2, tout de même assez animé, de RECYCLED LIFE. Ainsi arrive Gentle Rotation (Version 2) qui ressemble beaucoup à Gentle Rotation (Version 1), tout en ayant un noyau rythmique plus accentué. Disons qu'il coule très bien ici, surtout lorsque son rythme rejoint Loop Velocity et sa structure trépidant sur un lit de séquences aux tonalités hybrides. Créant ainsi une texture de é-rock et une autre plus tribale qui entrecroisent leurs visions sous d'autres solos de synthé aussi fous et audacieux que ces lasers rouges voulant exciter un gros matou paresseux. Ce titre, qui ne semble pas vouloir mourir, diminue sa cadence pour infiltrer celle plus paisible de The Cycle (Stepping Out). Les ions sauteurs ne font pas de ravage ici. Ils sautillent dans un pattern minimaliste qu'une ligne d'arpèges imite dans une vision plus musicale, plus harmonieuse. Cette chorégraphie électronique s'introduit dans un banc de brume orchestrale autour de la deuxième minute, donnant cet élan astrale qui nous enveloppe d'un zest de sensualité païenne jusqu'à la 4ième minute et demie. Un arpège isolé danse sur une séquence de basses-pulsations pour finalement valser avec un synthé maladroitement déguisé en violon mais surtout pour nous amener à une finale digne de ce méga album-double de Michael Brückner.
Disponible à partir de vendredi, le 23 juillet 2021, en CD-R et en téléchargement sur le label Cyclical Dreams, RECYCLED LIFE appartient à la catégorie des très bons albums de Michael Brückner. Un album fort bien équilibré entre ses rythmes, à la fois doux et sauvages, et ses phases méditatives qui tombent à point et qui sont fortement justifiées. Du grand MB qui est aussi audacieux que Klaus dans ses solos de synthé et cartésien comme Chris Franke au séquenceur. Chapeau Michael!
Sylvain Lupari (20/07/21) ****¼*
Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp
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