“Ce que je sais, est qu'à partir d'une simple idée, Michael a su créer une brillante histoire”
1 The Crossing of Zone 3 - Parts 1 & 2 (22:00)
2 Triangular (5:41)
3 A Conspiracy of Teapots (11:03)
4 The Crossing of Zone 3 - Parts 3 & 4 (21:52)
5 Summoning the Return of Light (5:25)
6 The Crossing of Zone 3 - Part 5 (10:59)
BONUS TRACKS (36:00)
7 Parts 1 & 2 (First Unused Version) (22:00)
8 Triangular (Luxur Crystalis Mix) (14:00)
(CD 77:00 / DDL 113:00)
(Progressive EM Berlin School)
J'aime le niveau de créativité de Michael Brückner! L'adage; Attendez-vous à de l'inattendu lui va comme un gant. Parce que même si nous savons à quoi nous attendre de sa musique. On ne sait jamais quelle forme elle va prendre pour nous surprendre. THE CROSSING OF ZONE 3 plonge l’auditeur dans une zone défiant les limites de notre imagination. Est-ce une bande sonore pour un film de science-fiction ou d'horreur avec tous ces cris et meuglements qui jalonnent un parcourt rempli d'effets sonores interplanétaires? Et si c'était les deux! Même la splendide pochette nous met entre les deux options. Ce que je sais, est que suite à une simple idée, Michael a su créer une brillante histoire.
Une histoire débutant avec des ondes de sons qui sont lugubres. Un peu comme ces cris de frayeur étouffés par les arbres et les montagnes d'une mythique forêt appartenant aux confréries des lycanthropes et des suceurs de sang. Des mugissements s'extirpant du vide sont comme ces cris d'effroi provenant d'un métal qu'on chauffe à blanc. Quant aux ondes, elles se fondent dans les premières mutations avec de longs et lents frottements sur les cordes d'un violoncelle géant. Et comme si pénétrer dans The Crossing of Zone 3 - Parts 1 & 2 n'était pas si intimidant, si épeurant, une grosse nappe d'orgue ajoute une dimension luciférienne à cette masse de sons et de crissements qui tenaille nos oreilles depuis un bon 6 minutes. Vrai qu'avec ces nappes de voix la dernière minute semble plus éthérée et que les clochettes ajoutent un brin de séraphisme, pavant la voie aux premiers pas hésitants du séquenceur. Une courte ligne de rythme ambiant oscille d'en avant vers l'arrière dans une jungle verdoyante. Signe que les ténèbres habitent derrière nous, même si des ululements psychédéliques flottent tout autour de ce rythme qui reçoit l'aide des percussions quelques deux minutes plus loin. Sons de harpe, cris de singe, chants d'oiseaux bizarroïdes et explosions cernent ce downtempo flirtant avec une vision paradisiaque. Le séquenceur continue de tisser ses vaguelettes rythmiques qui oscillent dans un jungle surréaliste d'où une forme d'écho sonore répond à ces vaguelettes se déployant maintenant par jets de saccades. Les percussions abandonnent le rythme, plongeant The Crossing of Zone 3 - Parts 1 & 2 dans une zone de transition vers un fougueux rock électronique pour se faire aspirer par le vide. Triangular propose une série de boucles rythmiques cabriolant cahin-caha dans une spirale hypnotique. Une série de basse-pulsations accompagne la démarche du séquenceur, créant deux structures en parallèle dont l'ombre de une déborde sur l'autre. Étonnement, la transition entre ces deux titres s'effectuent comme si de rien n'était. Comme si on avait entendu l'ossature du titre dans The Crossing of Zone 3 - Parts 1 & 2. Une brume sonore infiltre cette démarche clopineuse autour de la seconde minute. Et comme le grand maître de l'art minimaliste qu'il est, MB insère des tintements à cette structure magnétisante dont l’intensité déborde sur les premiers 20 secondes de quiétude avant que A Conspiracy of Teapots ne se mette à convulser dans nos oreilles. Nous sommes dans le royaume du gros rock cosmique progressif avec un rythme de feu, saisi par des basse-séquences électrifiées et une ligne de séquences oscillatrices. Le synthé tisse de belles harmonies qui s'acclimatent assez bien aux basse-séquences tout en léchant ses ambiances cosmiques de bons solos.
C'est dans un contexte similaire aux deux premières parties que The Crossing of Zone 3 - Parts 3 & 4accoste nos oreilles. Les vents sont plus musicaux et moins dérangeants. Bien qu'ayant toujours ces meuglements de loups-garous et autres créatures de nuits dystopiques, ils flottent et volettent dans une procession aérienne avec une fusion entre des nappes d'orgue et de synthé, stimulant une ambiance à deux idéologies. Dans une structure à peine différente, les phases transitoires arrivent à quelques secondes près, mais juste avec ce qu'il faut, pour tenir l'auditeur assez loin de cette perception, surtout lorsque les percussions électroniques tabassent The Crossing of Zone 3 - Parts 3 & 4 après sa 10ième minute. Le martèlement des percussions, aussi violents sont-elles, ralentissent sa migration vers l'Électronica, maintenant la musique dans du bon rock électronique bien défendu par de très bonnes programmations des percussions et une ligne de séquences stables supportant une fascinante mélodie de Messe Noire. Un gros titre qui nous amène à une première traversée atmosphérique de THE CROSSING OF ZONE 3 avec Summoning the Return of Light et ses effets électroniques vintage qui servent plutôt d'introduction à The Crossing of Zone 3 - Part 5 et son rock électronique entraînant sur un autre bon jeu des percussions électroniques. Tant que j'ai été obligé de demander à Michael qui jouait des percussions sur cet album. Et comme les deux premières phases de ce titre éponyme, la musique passe par des phases de transition pour nous étourdir toujours un peu plus avec un nouvel essor rythmique. Et chacun d'eux augmente l'intensité et la créativité au niveau des passages mélodieux et des solos de synthé.
L'achat de THE CROSSING OF ZONE 3, CD ou version téléchargeable, donne droit à deux titres bonus. Parts 1 & 2 (First Unused Version) devait ouvrir l'album. Nous avons droit à une vision totalement différente avec une ouverture remplie de solos de synthé aux couleurs arabiques s'époumonnant dans un paysage décoré de ténèbres et de cliquetis séquencés. Une première phase de transition fait poindre un passage de vents sidéraux traversée par un mouvement plus lumineux que rythmique du séquenceur. Un bref passage qui se remplit de nappes de voix absentes qui débloque vers un rythme électronique tressé de vives oscillations. Pas de rock lourd ni d'Électronica, mais une MÉ vivante qui se métamorphose par de surprenantes gradations rythmiques. Les deux visions sont très bonnes! Donc un beau bonus… Olaf Lux trouvait le premier jet de Triangular trop court. Et Triangular (Luxur Crystalis Mix) place les choses au goût d'Olaf avec un développement étiré sur près de 9 minutes. Tout ce qui vient après la 5:41 est plus que de l'enchantement. En premier lieu, les frappes des percussions rendent la texture plus spasmodique, alors que les tintements de clochettes, annexés aux solos de synthé arabiques, surdimensionnent un paysage musical plus éthéré. Le rythme casse à la 11ième minute, laissant ses cendres s'évaporer tout en suivant un pattern fantôme piégé dans les ressacs des dernières vagues synthétisées. Encore une fois, un très bel album de Michael Brückner!
Sylvain Lupari (16/10/21) ****½*
Disponible au SynGate Bandcamp
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