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Writer's pictureSylvain Lupari

Michael Brückner Two Letters from Crimea (2014) (FR)

Updated: Dec 29, 2022

Cet album a tous les atouts pour plaire à ceux qui ont apprécié jusqu'ici la musique de Michael Brückner, comme moi

CD 1

1 The Black Sea Part I 8:38

2 The Black Sea Part II 10:54

3 The First Letter 12:25

4 Odenwald 8:08

5 The Last Letter 14:58

6 Peter (Part 1) 6:10

7 Peter (Part 2) 7:46

8 The Haven of Peace 9:46

CD 2

1 In that First Light (Opening Improvisation) 24:04

Bonus Tracks

2 (No) Saints 31:33

3 Waiting Here, I Remember the Bells... 20:29

(DDL 154:57)

(Ambient beat and music)

Le moins que l'on puisse dire est que Michael Brückner est très prolifique en cette fin d'année 2014. Ombra, Your Second Chance et finalement cet album viennent boucler une année où le musicien originaire de Heidelberg nous avait donné le très beau Thirteen Rites of Passage de même que l'intrigant Sparrows. TWO LETTERS FROM CRIMEA est une véritable messe électronique où les ambiances étreignent des rythmes aux doux habits de down-tempos qui origine d'un concert donnée dans une vieille église, Sankt Peter, de Frankfurt le 1ier Avril 2014. Pour cette occasion, la musique devait suivre les évolutions d'un spectacle de lasers et lumières mis sur pieds par des artistes locaux.

Un long bourdonnement sourd inonde nos oreilles. Alors que des particules grésillantes et des éléments de cosmos en picossent les ambiances assez sombres, des nappes de synthés aux douceurs orchestrales flottent avec grâce. L'effet de contraste est enveloppant. Et on remarque à peine ces tintements cristallins qui pétillent délicatement, formant le berceau mélodique qui séduira nos oreilles quelques minutes plus loin. De sourdes explosions se font entendre et font trembler la finale de The Black Sea Part 1 qui dérive mollement vers sa suite et vers son rythme légèrement sautillant. Les percussions qui alimentent le doux rythme ambiant de The Black Sea Part 2 versent vers un genre tribal ambiant alors que les pulsations sombres des caisses basses forgent un down-tempo lascif où la sensualité astrale est bien au rendez-vous. Michael façonne de belles nappes de synthé qui miroitent comme des reflets dans l'obscurité. Elles bercent les chants des prismes, dont symétrie de la mélodie résulte en un beau ver d'oreille, et flamboient dans de fluides saccades orchestrales et dans des remous astraux. Ils forment des entrelacements qui se caressent et se rejettent dans une fascinante symbiose aussi harmonieuse qu'ambiante, faisant de The Black Sea l'un des titres les plus envoûtant et séduisant du répertoire de Brückner. Et il n'y en a pas juste un! The First Letter et Odenwald sont des monuments d'ambiances noire avec drones bien sentis, des nappes de synthé flottant avec des airs de menace et avec une flopée de chuchotements qui pourraient fort bien éveillées toute forme de paranoïa latente. The Last Letter exploite toujours les ambiances ésotériques qui nourrissent le cœur de cet album. On y entend des étoiles filantes, des bruits blancs, des pépiements et des nappes de synthé qui grondent comme des réacteurs de navettes spatiales dans une longue intro qui se fait délicatement fouetter par une série de percussions et de séquences basses dont les ombres soutiennent un rythme continu. Un rythme ambiant, pas vraiment loin d'un down-tempo, où reluisent, crient et crissent des larmes et des nappes de synthé, qui donnant un aspect plus cosmique qu'énigmatique à cette enveloppe sonique très hypnotique qui fait aisément son chemin jusqu'au centre de nos deux hémisphères. J'ai bien aimé l'évolution de The Last Letter. Tout comme celle de Peter (Part 1) qui se fond dans Peter (Part 2) et dont l'ensemble ressemble à s'y méprendre, à quelques nuances près, à The Last Letter. C'est du beau down-tempo sis sur de bonnes pulsations de caisses basses, de bons éléments cosmiques et de belles orchestrations planantes. Ça fait toujours son effet. Avec son piano rêveur qui perd ses délicates notes dans des vapeurs de mélancolie, The Haven of Peace s'accroche à notre lobe d'oreille afin d'y monter, de s'y loger et de bien faire son nid. Les notes errent avec nostalgie, décalant leurs ombres dans des filets de synthé embaumés de tristesse et des explosions feutrées qui éparpillent un voile dramatique. Des percussions manuelles, genre claniques, tambourinent un rythme qui se sépare de la mélodie ambiante, affichant un étrange contraste qui s'amplifie à mesure que le rythme s'ancre avec plus de ténacité. The Haven of Peace, qui conserve toujours son aura de tristesse, s'enfonce dans un down-tempo un peu amoché où les spirales qui le borde continue d'étaler ce contraste entre ce rythme, toujours un peu plus vivant, et cette mélodie, toujours aussi renfrognée.

In that First Light (Opening Improvisation) est un long titre ambiant avec une enveloppe dramatique qui flâne dans des éléments cosmiques. Les nappes de synthé sont lourdes et les orchestrations sont belles et assez saisissantes, tressant des moments intenses qui font imploser cette longue structure dans de belles phases lunaires. C'est de l'ambiant cosmique très méditatif alors que (No) Saints, enregistré en studio, nous rappelle les influences de Klaus Schulze sur Michael Bruckner. L'intro offre une belle phase ambiante avec des nappes aux arômes quelque peu Jean-Michel Jarre qui flottent avec dans une mare de bip sonores. Des bips qui se métamorphosent subtilement en séquences avec des ions hagards qui sculptent un rythme flou. Ces ions finissent par sautiller sur place alors que le ventre de la bête gargouille. Et (No) Saints de se pousser avec un rythme pulsatoire où les ions picorent les lourdes pulsations, moulant des mouvements de séquences qui tournoient, vont et viennent dans des phases de silences. (No) Saints éparpillent ses minutes avec ces phases de rythme toujours assez incomplets, qui piétinent sur place ou tournoient intensément dans des ambiances qui peu à peu reprennent leurs droits sur une structure échevelée. C'est tout le contraire avec Waiting Here, I Remember the Bells..., qui s'appuie un peu sur le modèle de (No) Saints, mais avec plus de luminosité dans les ambiances et plus de cohésion, de sagacité dans le rythme. J'entends du Software ici et c'est très agréable.

J'ai eu le coup de foudre pour la musique de Michael Brückner depuis que j'ai entendu 100 Million Miles Under the Stars, l'un de mes albums préférés en 2012. Et depuis, le musicien Allemand ne cesse d'impressionner. TWO LETTERS FROM CRIMEA n'a pas la prestance de Sparrows mais est aussi bon que Thirteen Rites of Passage. Le seul point faible est cette impression d'y entendre les mêmes structures, les mêmes amorces et approches sur différents titres. Mais est-ce vraiment un point faible si l'on considère que la musique suit les illuminations d'un spectacle de lumières? Mais peu importe, cet album a tous les atouts pour plaire. Et présenter dans un format de 1 CD, TWO LETTERS FROM CRIMEA trônerait pas bien loin de Sparrows dans la liste des bons albums en 2014.

Sylvain Lupari (3 Janvier 2015) ***½**

Disponible chez Michael Brückner Bandcamp

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