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Writer's pictureSylvain Lupari

MINDPHASER: Hydrological Cycle - A Water Adventure (2022) (FR)

J'ai dû me pincer, tant la créativité des Félix Perez pour créer le passé flirtait avec la perfection

1 Arise Waters from the Ocean 8:48

2 The Hydrosphere 5:42

3 Isotopic Fractionation 6:52

4 Rain Percolation into Groundwater 3:54

5 Surface and Groundwater Interaction 9:39

6 Advection and Hydrodynamic Dispersion 7:20

7 Contaminated Water 5:20

8 Artesian Aquifer 4:08

9 Glacial Melting 7:52

(DDL 59:37) (Berlin School)

On dit souvent que ça dépend des humeurs! Tenez par exemple ce nouvel album-téléchargement de MindPhaser. La première écoute en fut toute une catastrophe pour mes oreilles. J'avais trouvé les vagues de drones (lire bourdonnements) très intenses. Trop! Même que les coussinets de mes écouteurs vibrionnaient d'un malin plaisir à faire crisper mes tympans. Vrai que j'ai écouté beaucoup de musique ce jour-là et ayant très apprécié l'excellent In Time of Lockdown, j'ai décidé de retenter l'expérience le lendemain. Une sage décision puisque ce HYDROLOGICAL CYCLE- A Water Adventure est toute une aventure musicale au pays des années vintage. Tentant de souder ses expériences d'ingénieur hydrologue à sa fascination pour la musique électronique (MÉ) des années 70, Felix Perez offre ici un album à la dimension de ses ambitions.

Une onde de synthé avec un contour rempli de bourdonnements d'une sorte de cornemuse réinventée ouvre Arise Waters from the Ocean. Une collection de tonalités électroniques se greffe à cette montée sonore qui délie plus d'effets de réverbérations torsadées une fois le seconde minute franchie. Une ligne de rythme fait entendre une série de battements sourds à l'intérieur de volutes grondantes, pilonnant une structure qui disparaît aussitôt sous cette masse de brume sonore remplie de crachins crépitants. Ondoyant avec cette tonalité des années atmosphériques de Klaus Schulze, les nappes de synthé s'accumulent dans un panorama océanique teintée d'une vision dramatique où éclot tardivement un mouvement du séquenceur tout juste avant la 5ième minute. Magnétisant, le rythme s'appuie sur 4 accords principaux qui sautillent en série, forgeant une séquence de rythme ondulatoire dont l'écho, qui sonne comme un transfuge en caoutchouc, et l'irisation, moulée dans des poussières de métal, tisse un long filament stroboscopique zigzagant en une forme circulaire sur une belle distance de plus de 2 minutes. Respectant l'ordre des choses établi dans le domaine de la MÉ depuis des lunes, Arise Waters from the Ocean occupe ses 2 dernières minutes sur le même concept atmosphérique de son ouverture. Contrairement à The Hydrosphere qui se met en branle dès que ce qui sonne comme des nappes d'orgue s'attaque à nos tympans. Structuré comme le titre d'ouverture, son rythme monte et descend avec une série d'accords séquencés dont l'effet de profondeur naît de cette série de pads de synthé séquencés qui suit le même entrain rythmique. Une fascinante mélodie aérienne remplace ce banc de bruine orchestrale qui enserre cette créative structure de rythme magnétisante qui ensorcellera encore plus notre enchantement lorsque le synthé laissera partir des bribes de mélodies fantomatiques après la 3ième minute. Et dire que la veille, ce titre ne me disait rien de bon! Ces structures de rythme, conçues sur la base d'effets de canon en musique, sont une source de bonheur hypnotique dans HYDROLOGICAL CYCLE- A Water Adventure et sont encore bien plus séduisantes dans des courts titres comme Rain Percolation into Groundwater et Artesian Aquifer, quoique sur ce titre les vives et brusques secousses rythmiques dominent encore plus son paysage. Isotopic Fractionation envahit l'espace sonore avec des ondes de synthé décrivant des arcs horizontaux qui se multiplient en recueillant des harmonies de nature psybient. Conçus sur des effets sonores, ces bouts de mélodies créent une vision rythmique atmosphérique où se mettent à tinter des arpèges lumineux. L'effet créé un carrousel tournant au ralenti qui se fait rattraper par un séduisant mouvement du séquenceur qui en imite la démarche mais avec plus de pesanteur et de hargne ainsi que d'une mince pellicule de bruits blancs dans son lent déroulement ascensionnel.

Sereine est l'ouverture très atmosphérique de Surface and Groundwater Interaction et de ses nappes de synthé dérivant entre nos murs avec cette vieille tonalité de Tangerine Dream des années Rubycon. Se remplissant peu à peu des gazouillis électroniques et des effets de miroitements sonores de cette époque, le paysage ambiant occupe les 5 premières minutes du titre. C'est le synthé qui tisse en premier ce mouvement ascendant avec une tonalité prismatique des années vintages. Le séquenceur suit avec une structure similaire qui est plus lourde et devient plus vive sous une tempête d'éléments magnétiques qui réduit sa tension, laissant Surface and Groundwater Interaction dériver entre sa structure ondulatoire et les éléments atmosphériques qui l'entoure. Felix Perez nous maintient dans ces délicieuses ambiances avec le très fort Advection and Hydrodynamic Dispersion qui, après une lente introduction remplie de ces parfums d'éther des premiers albums de Schulze, je pense à Cyborg et même Irrlicht, met à profit ces structures de rythmes ondulatoires construites sur le principe des canons rythmiques qui agrémentent les paysages de ce très bel album de Mindphaser. Par contre ici, les brusques secousses vont chercher ce petit côté électronique convulsif de Artesian Aquifer. Le contour grésillant et les effets de clochettes ajoutent une texture de psybient bien dosée dans cet excellent titre tatoué des influences des années vintage de la Berlin School. De sombres ondes circulaires entraînent des particules lumineuses dans la ténébreuse ouverture de Contaminated Water et de ses lassos de vents mugissant. Une mélodie embryonnaire s'en détache, réfléchissant sur son sort alors que l'effet de radiation sonore continue de croitre et décroitre dans cette ouverture qui débloque sur un autre violent mouvement de rythme spasmodique du séquenceur. On dirait du Redshift croisant l'univers ['ramp]! Et ça explique un peu mieux la violence de Artesian Aquifer. C'est avec un beau mouvement séquencé d’arpèges moirés s'extirpant des réverbérations circulaires de son ouverture que Glacial Melting termine un superbe album qui devrait plaire aux aficionados du rétro Berlin School. La mélodie rythmique répond à l'aspect chtonien de cette fronde de vents aux réverbérations remplies de chants de gorge avec une lente et séduisante approche circulaire aussi envoûtante que délicieusement hypnotique.

J'avais dû écouter trop de musique la veille, car rien ne justifiait d'avoir boudé ce plaisir de poursuivre la découverte de cet autre impressionnant album de MindPhaser. Mais peu importe, l'important est d'avoir repris où j'avais laissé la veille et de découvrir près de 60 minutes de pur bonheur auditif. Felix Perez fait la juste part des choses en créant des atmosphères qui ajoutent un contexte vintage à ces compositions où les parfums de Schulze et du Dream côtoient ceux de leurs influences dans le style Berlin School qui est plus lourd, donc plus près des racines du trio Baumann, Franke & Froese. Il y a des passages dans cet album où j'ai dû me pincer, tant la créativité du musicien-synthésiste Chilien à créer la passé flirtait avec la perfection. Solide de A à Z!

Sylvain Lupari (14/06/22) ****½*

Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp

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