“La grande force de Cosmoromantics est cette façon dont Moonbooter crée et joue avec ses rythmes séquencés”
1 Edge of Sanity 8:57
2 Spirit of Time 7:50
3 Flashback 7:39
4 Let Freedom Ring 6:28
5 Elnath 6:47
6 Cosmonaut Leonow 7:20
7 Endogenious 7:26
8 Dancing in Ocean 7:52
9 Broken Silence 7:19
10 Fly with Me 9:08
(CD-r/DDL 76:45)
(EDM with a good zest of Berlin School)
COSMOROMANTICS est le 4ième opus de la série Cosmo que Moonbooter avait débuté en 2009 avec Cosmoclimax. L'idée de base est de toujours unir des approches d'une Électronica plus ou moins sauvage qui est gavée d'éléments cosmiques avec la genèse du genre Berlin School. Étant un projet hors-série COSMOROMANTICS est le 2ième album de Moonbooter à paraître en 2014. Je souligne le fait car de beaux arômes du séduisant Still Alive parfument ce pari cosmique de Bernd Scholl où des sonorités et effets du programme spatial Russe rôdent avec les douces mélodies qui tempèrent des ambiances parfois survoltées par des éléments de la trance-music. Mais les amateurs de Berlin School ne sont pas laissés sur la voie d'évitement, comme en font foi certains titres très alléchant pour les amateurs du genre.
Et ça débute par Edge of Sanity et son squelette de séquences qui ondule et serpente les oblongues et sinueuses lignes plutôt cosmiques de son intro. La structure respire une phase de rythme ambiant et ce même avec des pulsations mouillées qui animent constamment la danse un brin disloquée de cette longue carcasse d'invertébré. Du techno ambiant? Possible alors que le rythme affiche ses nuances avec de bonnes variantes dans les coups des pulsations et de leurs échos qui font boum-boum dans les rayons des longs faisceaux soniques du synthé. Ça part plutôt bien et c'est plus doux que sauvage alors que le mouvement et la tonalité des séquences me rappellent Tangerine Dream. Et c'est encore plus vrai avec Spirit of Time et de sa mélodie à la White Eagle qui s'accroche à un doux rythme pulsatoire et ambiant. Nous restons dans le domaine du rythme lunaire avec Flashback et sa fascinante mélodie jouée sur un piano qui permute en guitare et dont les ombres chantent avec un souffle flûté. Les parures de cette mélodie minimaliste forgent un attrayant ver-d'oreille alors que Moonbooter dirige les destinées de son album vers une tendance nettement plus sauvage. Les pulsations, un brin organiques, sont plus accentuées et les séquences papillonnent les ambiances cosmiques avec plus de nervosité. Disons que les choses démarrent réellement avec Let Freedom Ring et son approche de plancher-de-danse avec les paroles de Martin Luther King récitées avec une voix hors-champs qui éveillent en moi cette passion de David Byrne (Talking Heads). Le rythme est lourd et incisif avec un maillage de séquences taillées dans des lignes stroboscopiques qui vont et viennent picorer des percussions et pulsations désireuses de défoncer nos tympans.
Elnath est une belle ballade qui semble sortir des ombres de Flashback. Ici comme partout dans l'album, l'assortiment et le jeu des séquences de Bernd Scholl est tout simplement attrayant. Le vif et solide Cosmonaut Leonow, paré de son armure techno et de ses voix cosmiques, est un bon exemple de mouvements de séquences à la Berlin School qui circulent bien dans une approche de techno. La fusion des antipodes est moins agressante que l'on pourrait penser. Sur Endogenious, les séquences tombent comme des flocons de neige. Malmenées par le poids des percussions et de leurs ombres pulsatoires, elles sont frivoles et voltigent avec de belles et vives oscillations. Le mouvement est tellement séduisant pour l'oreille que l'on oublie cette mélodie un brin arabique qui flotte en arrière-plan se déplacer en cacophonie cosmique. La force de cette saga sonique qu'est la série Cosmo de Moonbooter, et je dirais cela pour sa musique en général, est cette richesse en nuances qui ornent tant ses rythmes que ses ambiances. Des mélodies tel que Flashback, Elnath et Endogenious alors que des rythmes lourds et de plomb comme Dancing in Ocean qui virevoltent comme une ivresse cérébrale sont tout simplement enjôleurs et accrocheurs. Du techno et de la dance music de ce genre j'en avalerais à la tonne! Broken Silence est un bon down-tempo assez aérien où les parfums de Tangerine Dream rôdent mais dans une autre approche que Spirit of Time. C'est plus vif, genre les années TDI qui fusionnent avec la saga Atomic Seasons, mais ça demeure assez cérébral. Et quelle belle mélodie flûtée qui niche ici. C'est tout de même assez étonnant comment ce style de Tangerine Dream, qui fut vertement critiqué, passe admirablement bien ici. Et Moonbooter va conclure COSMOROMANTICS avec un rythme endiablé. Fly with Me est un hymne au Rave avec un titre aussi vif que lourd qui tourbillonne à la vitesse des flash stroboscopiques des plancher-de-danse.
La musique de Moonbooter est la preuve que le style Berlin School s'insère très bien dans l'Électronica. Bien que COSMOROMANTICS soit plus aérien que férocement dance, la fusion entre les rythmes doux et ambiants à des éléments de danses stroboscopiques et de Rave est très séduisante et passe très bien dans les oreilles des amateurs des deux styles. Et j'insiste sur cette vision de Bernd Scholl dans le jeu des séquences. C'est sans aucun doute le point fort de son album. Moi j'ai bien aimé et je me suis même surpris à faire jouer à haut volume un titre aussi fou que Fly with Me, autant que Spirit of Time qui devrait plaire à ceux qui ont dévoré la saga Dream Mixes de Jerome Froese. À découvrir...
Sylvain Lupari (01/07/15) *****
Disponible chez MellowJet Records
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