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Writer's pictureSylvain Lupari

MOONBOOTER: Groundcontrol and the Victory of Mankind (2018) (FR)

Updated: Sep 4, 2019

“C'est un travail puissant en EDM de Moonbooter qui est rehaussé de ces saveurs du style Berlin School analogue”

1 First Encounter 1:38 2 Ground Control 8:50 3 Lucid Dream 5:27 4 The end of Eternity 6:15 5 Train de L'espace 5:01 6 Moondust 5:14 7 Beyond the Black Door 7:41 8 Particles (Bridge) 3:17 9 Dance with Captain F 6:14 10 Infinite State of Mind 6:34 11 Come with Me 5:11 12 The Victory of Mankind 6:32 13 Last Encounter 1:38 MellowJet Records ‎| cdr-mb1802

(CD-r 69:09) (EDM, Berlin School)

Une ombre réverbérante découpée en petite parties amènent First Encounter vers un monde de distorsions et de dialectes inconnus. Bienvenue dans le nouveau virage de Moonbooter! Dans une enveloppe sonore fortifiée par une présence 24 bits, Bernd Scholl propose un album d'une puissance inouïe. Musicale et animée par des rythmes de plomb qui ordonnent à nos pieds de bouger, GROUNDCONTROL AND THE VICTORY OF THE MANKIND n'est pas vraiment différent des précédents albums de Moonbooter au niveau de la structure des compositions. C'est plutôt son enveloppe sonore, fortement agrémentée d'équipements analogues, qui nous amène vers un autre niveau d'écoute nettement plus jouissive pour les oreilles. La EDM possède maintenant une âme dans ce dernier album, fort impressionnant je dois admettre, de Moonbooter. Si vous aimez le son fort, précis et incisif, vous êtes à la bonne place!

Ground Control plaît tout de suite à mes oreilles. Théâtrale, son introduction est figée dans des nappes de violons anesthésiantes. Si des percussions dansent mollement, une ligne de basses pulsations palpite avec du trémolo dans son écho. Des arpèges éclosent comme des brindilles en flammes et forgent une fragile ligne de mélodie envahissante qui scintille dans des arrangements un brin arabiques. Et puis après le point des 2:22 minutes, le rythme de Ground Control devient lent, lourd et puissant avec un matraquage intensif des percussions ainsi que l'addition de strates denses et opaques dont les lents mouvements caressent une violence refoulée dans l'approche onirique de ces arrangements cinématographiques. Intense et délicieux! Lucid Dream nous met tout de suite dans le but visé de ce nouvel opus de Moonbooter, soit de l'EDM puissante à saveur analogue dont les influences découlent de la Berlin School. C'est au niveau de la danse spasmodique des séquences que le style Berliner saute aux oreilles. Par la suite, l'ami Bernd enveloppe ce rythme convulsif d'une série de réverbérations en forme de S flottants et gutturaux, ajoutant une vision Méphistophélique à une musique qui devient lourde, puissante et entraînante comme de la EDM sculptée dans des saveurs analogues. The end of Eternity est un down-tempo soutenu par une ligne de basse qui palpite avec une menace d'explosion quelque part. En fait, ce sont ces accords gras et résonnants qui instaurent ce climat de possible débordement. Des lignes de synthé tentent d'ajouter une vision harmonieuse qui se brouille dans cette indécision musicale. Sa première partie est plus mielleuse avec une jolie nuée d'effets sonores, alors que la deuxième est plus lourde et pilonnée par des percussions qui font claquer les tympans. Voilà un down-tempo très différent du répertoire Moonbooter. Train de L'espace est vraiment comme ça sonne. Le rythme, et la mélodie tant qu'à y être, font très Jean-Michel Jarre, Magnetic Fields Pt. 2, dans une mesure plus rehaussée, plus vivifiée. Les séquences virevoltent avec des soubresauts spasmodiques et, unies aux percussions, elles dessinent la course d'un train qui fait encore plus réaliste avec ces nappes de synthé colorées de brume charbonnée. La modification rythmique est séduisante dans son approche autant fluide que mélodique. Un très bon titre qui allie musique de danse de l'École Française et de Düsseldorf.

Moondust suit avec un très bon slow-tempo bien encadré par des effets d'écho des percussions claquantes et une ligne de basse qui palpite comme dans les moments les plus lascifs de Massive Attack ou encore Sigur Ros. Les nappes de synthé ronflent dans ce firmament plutôt suggestif et la basse remplie les pores de notre peau dans un décor gorgé d'orchestrations qui se transforment en beaux solos oniriques. Des voix de la NASA nous rappelle le fondement du titre. Chaque album de Moonbooter cache une trop belle perle; Moondust est celle de GROUNDCONTROL AND THE VICTORY OF THE MANKIND. Beyond the Black Door est un autre solide titre qui évolue entre sa lourde carapace de mid-tempo pour Zombies hypnotisés et des phases ambiantes et cosmiques à saveur Berlin School, alors que Particles (Bridge) navigue dans des sphères purement ambio-cosmiques. Dance with Captain F est un titre très danse qui est bourré d'effets sonores de jeux d'Arcade et de succulents effets de percussions qui claquent comme des sacs de gaz que l'on fait éclater sèchement. Le rythme est hyper entraînant avec des secousses saccadées du séquenceur et le débit nerveux des percussions électroniques, alors que des riffs de synthé plutôt Kraftwerk accrochent un sourire d'étonnement dans une structure genre Break-Dance qui respire la Dance Music des années 90. Come with Me est très intense à ce niveau. Un véritable hymne à la danse qui oblige nos jambes à se dégourdit. Infinite State of Mind propose une structure en deux temps. Si le mouvement du séquenceur active un rouleau ondulant de rythme, les nappes du synthé lui donnent du mou dans le corps. Les percussions sont aussi bonnes que les arrangements délicieusement ralentissant. Au final, ça donne un rythme mi-lent et lourd rempli d'une banque d'effets sonores qui attisent les plaisirs de l'écoute. The Victory of Mankind ravive ce coup de charme absolu qu'est GROUNDCONTROL AND THE VICTORY OF THE MANKIND avec une structure de rythme qui sautille comme une cavalerie en harmonie avec sa victoire de la musique. Le synthé crée des zones de mélodies à couper le souffle avec des airs que l'on peut siffloter aisément. C'est beau et extrêmement accrocheur. Ce ver-d'oreille surplombe des accords graves qui ajoutent une dimension titanesque à des ambiances cosmiques dont les effets de gazouillis stroboscopiques ne sont pas moins addictifs et séduisants. Un titre puissant qui annonce une finale, Last Encounter, calquée sur l'ouverture de cette puissante œuvre d'EDM à saveur Berlin School analogue de Moonbooter.

Sylvain Lupari (25/11/18) *****

Disponible au MellowJet Records

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