“Voilà l'album par où l'histoire de MorPheuSz débutait”
1 Garden Gnomes and Goblins Part 4 (15:50)
2 Garden Gnomes and Goblins Part 2 (10:34)
3 Garden Gnomes and Goblins Part 9 (10:55)
4 Garden Gnomes and Goblins Part 1000-1 (15:11)
5 Garden Gnomes and Goblins Part 7 (5:33)
6 Garden Gnomes and Goblins Part Who Cares!! (5:58)
7 Garden Gnomes and Goblins Part Pizza!! (13:56)
(CD/DDL 77:50)
(Progressive EM, Berlin School)
Voici l'album par où l'histoire de MorPheuSz a débuté. Invité à donner un concert intimiste pour le 17 Juillet 2010, Ron Boots a reçu l'appui de ses compagnons de longue date, Harold et Eric van der Heijden. Durant le processus des répétitions une invitation fût lancée à Frank Dorittke. Mais MorPheuSz n'était pas encore né. C'est durant ce concert que le quartet s'est aperçu qu'une chimie s'installait entre eux. Et c'est après ce concert que MorPheuSz voyait le jour. GARDEN GNOMES AND GOBLINS fait référence à ce concert donné dans un jardin. C'est la toute première œuvre de MorPheuSz qui fusionne une MÉ à une musique progressive et psychédélique et où l'improvisation est à l'avant-plan sur des structures avec des ambiances soumises à de bons rythmes tribaux arabiques.
Une ambiance de grotte submergée inonde nos oreilles dès l'ouverture de Garden Gnomes and Goblins Part 4. Des accords de clavier et des notes de guitares y traînent leurs solitudes avec des percussions éparses sonnant comme des sabots éclopés dans des vents sombres qui hululent le long des parois caverneuses. Entre son canevas de mystère et son incertitude cérébrale, Garden Gnomes and Goblins Part 4 flâne à la recherche d'un rythme, égarant ses textures et ses mugissantes tonalités composites sous les balbutiements de tams-tams timorés. Et ces tams-tams éveillent un rythme aux parfums d'Orient qu'un doux Mellotron enveloppe d'un baume psychédélique, donnant à la musique une approche plus progressive qu'électronique avec des accords de clavier qui échangent une mélodie lunaire avec des notes d'une guitare rêveuse. Un mouvement du séquenceur sautille comme des percussions indiennes sous des réverbérations qui croassent d'un air sinistre, éveillant Garden Gnomes and Goblins Part 2. Des percussions aux frappes éparses et des riffs de guitares accompagnent ce rythme incertain qui est survolé de très beaux solos d'un synthé qui peu à peu retrouve son identité. Les percussions jouent un rôle prépondérant sur ce titre. Elles tombent et roulent comme des avalanches sur une structure qui devient étroitement emmitouflée par ces solos du synthé qui libère aussi des couches de brume. Cela jette un voile plus électronique à un titre qui respire tout autant des atmosphères plus psychédéliques et progressives d'Ashra, notamment avec les riffs d'une guitare qui gratte le dos des vents hurlants un peu après la 7ième minute. Plus on avance et plus on ressent l'étau électronique resserrer les valeurs artistiques du quatuor dans l'album.
Ainsi Garden Gnomes and Goblins Part 9 prend la forme d'une envoûtante structure onirique avec des percussions claquantes, des arpèges scintillants, des riffs de guitare rêveurs et des chœurs et des brumes éthérés qui enveloppent un lent tempo contemplatif, un peu comme sur Garden Gnomes and Goblins Part Pizza!!. Les accords de clavier errent sur cette structure rêveuse, flottant ici et là et embrassant des notes harmoniques d'une guitare qui roulent en boucle sur une route de soie. Avec son intro très orchestrale à la Vangelis, où les violons tissent des élans de tendresse et les synthés moulent des élans de mélancolie, Garden Gnomes and Goblins Part 1000-1 coule dans nos oreilles comme une belle procession arabique. C'est 15 minutes de pur bonheur avec des percussions tribales et des pulsations de basse qui jettent les bases d'un rythme souple et délicatement entraînant alors que les synthés dessinent des voiles tamisés d'Orient, engourdissant les sens et fragilisant les émotions sur une lascive danse cérébrale. C'est très beau et surtout très poétique. Après un Garden Gnomes and Goblins Part 7 très atmosphérique avec ses riffs et accords de guitares qui surfent dans l'ombre des couches de synthé, Garden Gnomes and Goblins Part Who Cares!! enchaîne avec une approche plus morose où les notes de piano électrique flânent avec une odeur de tristesse sur une structure ambivalente supportée par des percussions tam-tam et des riffs d'une guitare solitaire. Des vents caverneux dessinent l'introduction de Garden Gnomes and Goblins Part Pizza!!. Ambiantes et enveloppantes, les couches de synthés flottent comme des ombres de proie au-dessus des percussions qui se perdent dans cette absolue tranquillité. Et tranquillement le rythme se lève. Il est lourd et lent, comme un blues cosmique où les brefs solos de guitares sont encerclés dans d'étroites couches de synthé morphiques alors que les frappes de percussions creusent la différence entre l'ambiant et le rythme morphique.
Timide et effacé, le quatuor expérimente ses orientations et ses atmosphères tout au long de GARDEN GNOMES AND GOBLINS; un album qui s'adresse aux amateurs de MÉ plus tranquille qui ont un penchant pour la musique progressive avec un zest d'improvisation bien structurée. J'ai bien aimé cette douce incursion dans ces ambiances tribales arabiques. C'est très romanesque et poétique, surtout Garden Gnomes and Goblins Part 1000-1 qui est et de loin le plus beau titre sur cet opus. Les percussions d'Harold van der Heijden sont savoureuses et rehaussent l'intérêt de nos oreilles alors que les synthés tissent des murmures tamisés d'une étonnante poésie pour une prestation en concert. C'est un bel album qui établit les prémices de l'excellent Days of Delirium & Nocturnal NightMares et qui démontre par-dessus tout la réelle chimie entre ces 4 chevaliers de l'électronique.
Sylvain Lupari (14/03/12) ***¾**
Disponible chez Groove NL
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