“Simple et efficace avec des rythmes accrocheurs et des mélodies accroche-cœur”
1 A New Beginning 9:14
2 December_27_2020 9:19
3 Departure into the Year 2021 13:23
4 Oxygen Mask 12:28
5 Stereoland 8:17
6 Suspended Moments 7:34
7 Synthetic Dream 5:21
8 Greetings from the 1980s 5:01
9 Hope 6:04
(CD-R/DDL 76:45)
(New Berlin School, Neu!)
Un autre nouveau projet chez SynGate! Après Sessions in the Quantum Field de Fusion of Elements, c'est au tour de Thomas Meier, aka TM Solver, de s'associer à un autre musicien, Marcel Margis. Les deux se sont connu autour des sessions de MTA Lab. MS2020 c'est pour le mythique Korg MS20, un synthétiseur analogique monophonique semi-modulaire qui a été commercialisé à la fin des années 70. Premier album du duo, FUTUR N propose donc 9 titres pour un total de 77 minutes d'une MÉ qui ressemble à des sessions d'improvisations captés en direct et retransmis avec des fade-out, comme fade-in parfois laborieux. Seul bémol à un album léger construit sur des rythmes minimalistes qui servent de base à des fantasmagories sonores des synthés. Nous sommes loin d'une fusion TM Solver et MTA Lab! Bien au contraire, MS2020 s'introduit dans les lignes du temps afin de créer une panoplie de rythmes teutoniques qui servent d'assises à de belles créations du séquenceur pour supporter une créativité tonale des synthétiseurs. Effets de voix, murmures elfiques, nappes ultra moelleuses, caresses morphiques, effets de fuzz-wha-wha comme les gémissements d'une guitare synthétiseur, coussins entre deux structures de rythmes et solos hybrides sont parmi cette panoplie d'effets que les synthés usent afin de bien vissent nos oreilles à un cocktail sonore qui mérite notre attention.
Des petits pas de séquenceur zigzaguant dans la poussée d'une ondoyante ligne de basse résonnante forment l'ouverture de A New Beginning. Une première ligne de rythme gambade sur ce tarmac sonore, isolant une première vision harmonique de celle du rythme plus cartésien. C'est la danse des ions sauteurs! Thomas Meier et Marcel Margis se concentrent sur les séquenceurs en tricotant un carrefour de rythme statique qui s'expansionne avec des battements de percussions qui tentent une approche plus danse. Les nappes comme les pads de synthé, et même de brume, sont timides. Ils font de furtives apparitions en ajoutant des riffs foireux aux parfums de Tangerine Dream des années 80. La finale s'égare dans la nébuleuse introduction de December_27_2020 et de son rythme ascendant minimaliste qui sert d'appui à diverses expérimentations sonores et à des accords perdus. Teutonique, le débit est réminiscence des rythmes de Neu! avec un pattern circulaire qui monte et descends comme un cheval attaché à un arbre et qui voit sa liberté en tournant en rond. Les ambiances deviennent plus riches après la 5ième minute, sans pour autant modifier son axe, ni sa valeur musicale. Departure into the Year 2021 propose ce pattern dans une structure plus molle. Le titre utilise très bien ses 13 minutes en jouant sur sa cadence dans un contexte où les synthés injectent des graffitis sonores tout simplement délicieux. Les nappes de synthé sont magnifiquement morphiques. Tant qu'elles injectent un peu de chloroforme au rythme qui ralenti subitement sa cadence. Beau petit moment délirant ici. Les nappes s’additionnent, ici comme ailleurs dans les textures de cet album, partageant sciemment celles qui servent de base à la musique et celles qui seront ces éléments sachant imposer les harmonies, comme ces solos sifflotant où nostalgiques comme les pleurs d'un saxophoniste qui rôdent en maraudeur tout autour des 9 titres de cette première offrande du duo Allemand.
Autre long titre sur FUTUR N, on se laisse envahir par ce très beau rythme lent de Oxygen Mask. Tournoyant comme une spirale finement stroboscopique, le rythme joue avec des nuances et sa vélocité dans quelques-unes des courbes hypnotiques afin de maintenir notre intérêt pour ce fascinant dialogue électronique. Les éléments qui gravitent aussi autour de cette texture de rythme ont cette lenteur qui fascine et subjugue, comme ces effets de sub-wha-wha et ces solos coulant avec une arrogance séductrice tout au long de ce titre étonnement musical dans cette mosaïque de fascinations sonores qu'est cet album de MS2020. Stereoland fait sautiller son troupeau d'ions sauteurs dans une forme d'indiscipline qui se traduit par la déconstruction d'une minuterie d'horloge. Elle tourne à l'envers! Il y a une bonne ligne de basse ici qui avance par effets implosifs, arrivant même par ensevelir la présence du séquenceur et de son rythme brouillon. Tout le contraire de Suspended Moments qui propose un bon up-tempo grouillant sur son maillage de séquences et de percussions. Sa mélodie embaume les ambiances, surtout lorsque reprise par un beau mellotron flûté. Un très beau titre ici! Synthetic Dream porte son nom à merveille. Un titre sans rythme mais animé par de magnifiques solos d'un saxophoniste oublié sur le toit du monde. Mauvais Fade out ou c'est voulu, Greetings from the 1980s propose une vision mélodieuse des synthés sur un rythme nerveux. Le clavier est beau dans son combat pour ne pas ressembler à un piano. Parlant des couleurs d'un titre, le soleil illuminant de Hope fait très cinématographique. Autre titre très musical dans FUTUR N, il fait tinter des carillons sur les anneaux de Saturne avant que le rythme épouse la démarche d'une gang de ruelle vainqueur contre l'envahisseur. Arpèges et rythme sautillant s'affrontent, un pour nous faire rêver et l'autre pour nous faire clopiner heureusement dans une texture où ils finissent par fusionner dans une finale qui arrive trop vite.
FUTUR N est construit de façon à créer la dépendance chez son auditeur. Simple et efficace avec des rythmes accrocheurs, des textures d'ambiances audacieuses et des mélodies accroche-cœur.
Sylvain Lupari (09/05/21) ***¾**
Disponible au SynGate Bandcamp
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