“On doit avoir une ouverture sur un art animé par une fusion entre le Post-Punk et une musique psy-indie nourrie par une vision d'ambiances organiques”
1 Luszg 3:08
2 Xtwz6 5:28
3 Oecv4 2:50
4 Dze3w 1:46
5 Fhovv 4:09
6 Oww98 4:42
7 Wixwg 3:45
8 L31mf 3:58
9 P64ii 2:27
10 Krr0e 6:50
11 Ti7n8 1:47
12 S46p5 2:22
13 Ex0gy 5:27
14 Ex98r 4:20
15 Eu9on 1:59
16 Emdsu 3:16
17 Bszo9 3:29
(CD/DDL 61:49)
(Organic Ambient Shamanic Tribal)
Qu'est-ce que je dois entendre? J'ai fait beaucoup de chemin depuis 2001, soit depuis mes premières chroniques dans un journal local. Mais il m'arrive encore, de moins en moins par contre, d'affronter des albums où mes oreilles saignent ou que je les sens tenter d'échapper à mes Sennheiser. Comme ce YENESEI CROSSING! Je me souviens avoir eu mes difficultés lorsque j'ai chroniqué Morning City il y a un peu plus de 3 ans. Il fallait se décarcasser l'ouïe pour y trouver des bouts musicaux, mais il y en avait. C'est la même chose avec cet album où l'aventurier sonore qu'est Thomas Park présente une des plus imposantes collections d'échantillonnages de vie volés autour de différents points de cette longue rivière de Sibérie. Ces échantillonnages ont été amassées et traitées par ordinateur afin d'avoir le meilleur résultat atmosphérique pour entourer les différentes formes de rythmes qui font vibrer YENESEI CROSSING. Je le souligne tout de suite, ce n'est pas le genre d'album méditatif ou de musique d'ambiances qui sert à orner le fond sonore d'une soirée entres amis. Il s'agit plutôt d'un album dur qui demande une bonne ouverture sur l'art contemporaine animé par une fusion de Post-Punk et de musique industrielle psychédélique qui est cernée par une vision organique ambiante. Bref, c'est tout et rien!
Luszg offre un rythme pulsatoire en forme de caoutchouc qui se cache derrière une masse d'échantillonnages sculptée en multiples saccades. P64ii nous donne le même rythme, mais dans une vision plus fluide. Xtwz6 est comme une grosse bouche d'égout industriel qui gobe tout ce qui se passe autour. Résultat? Son rythme est pulsatoire et lent sans aucune vision harmonique. Et je pourrais continuer tout au long de cet album qui offre des structures similaires mais dans différents degrés de d'intensité et de créativité. Comme ce Oecv4 et ses multiples couches de percussions qui tambourinent n'importe quoi dans une faune sonore organique. Ce cœur rythmique qui bat sa vie de façon arythmique vaut son idée. On en veut plus? Et non, votre système de sons n'est pas déréglé puisque des ouvertures entrecoupées d'une fraction de seconde silencieuse se pointent à tous moments. Comme dans le trop court Dze3w qui offrait une bonne structure de rythme qui est cependant recueillie par Fhovv. Le rythme est régulier comme une horloge cadencée, mais sa froideur teutonique à raison de nos attentes. Ce rythme tambouriné comme un enfant piochant sur son tambour autour de sa maman apparaît aussi dans Oww98 qui est auréolé de wiishh circulaires. Ça reste toujours dans le domaine difficilement justifiable, sauf pour la communauté post-punk et Indie qui crie au génie ici. Il n'y a rien à redire sur le lent mouvement de la masse statique de Wixwg. En revanche, il y a du venin dans le rock industriel tibétain de L31mf qui se consume en une masse difforme pilonné par une approche de compteur hypnotique. Dans un registre de film de peur, Krr0e fait tout un effet! La vision de discorde atmosphérique qui cerne ce rythme en 3 phases est insoutenable au niveau tension. Il y a un débalancement entre la structure de rythme et de ses ambiances, on y entend même des halètements perdus dans l'effort, qui rend ce titre très efficace.
Ces ambiances et ce rythme assommant suivent la courte route de Ti7n8. Le concept est aussi le même sur S46p5 et l'étalonnage de ses longs riffs de bruits découpé par portion de saccades dans un gros rock industriel tonitruant. Est-ce que j'entends des ululements fantomatiques? Tout se peut à l'intérieur de cette masse d'échantillonnages recollés selon la vision d'un ordinateur. Donc, c'est dans une vision cybernétique qu'un titre comme Ex0gy vole un brin notre désir de tranquillité pour un Punk industriel où la voix éraillée d'un chanteur cybernétique sied très bien cette masse qui se déplace comme ces mouvements aériens spontanés du vieux Punk. À exorciser avant d'essayer!😉 La tête qui va de l'avant à l'arrière, qui tourne afin d'offrir les cheveux aux quatre vents, Ex98r présente un Heavy Rock barbare à faire rougir Ozzy! Il y a de l'entrain dans ce titre dont les paroles mâchouillés dans une texture de bruits sont l'équivalent d'un gros rot par une bête immonde. Eu9on tente de faire ressusciter Ex98r, mais ça reste juste une pâle copie. Emdsu offre finalement un peu de répit avec cette structure de rythme qui suce tout, comme une grosse ventouse aspiratrice, stigmatisant l'effet d'un cœur en caoutchouc qui pompe la vie organique de cet avant-dernier titre de cet album qui refuse de mourir avec le rythme industriel pulsatoire de Bszo9 que je verrais bien à côté de Krr0e. Par moments, j'ai comme l'impression d'entendre une ruche s'écroulée dans une tornade.
Impressions! Avoir l'impression de! C'est autour de ces deux exclamations qui vivote YENESEI CROSSING. Le seul plaisir que j'ai eu à chroniquer cet album de Mystified est d'y avoir trouvé du texte à mettre autour de ces 17 structures. Je l'ai plutôt chroniqué par respect pour la gang de Spotted Peccary Music. Et plus j'avançais d'un titre à l'autre et plus j'y trouvais quelque chose de particulier où chaque structure se justifiait par le collage proposé par Thomas Park sur ces rythmes qui m'ont fait l'effet de tourbillons kaléidoscopiques. Vu que ce genre musical n'est pas particulièrement dans mon domaine d'expertise, je me réserve le droit de ne pas noter cet album. Mais oui j'ai passé à travers ses 62 minutes. Et oui aussi, je n'ai pas écouté de musique par la suite. Juste le lendemain!
Sylvain Lupari (15/09/20)
Disponible chez Spotted Peccary Music
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