“C'est un album plein d'ingénieux motifs de rythmes séquencés qui sillonnent plusieurs couches d'effets et d'ambiances, d'où ce son particulier”
1 The Battle that lasted Eternally 9:41
2 Where the Gods are Watching 4:03
3.Through Clear and Frosty Nights 11:09
4.Visions of a Pale Moon 3:46
5.Valhal 11:28
6.Descending from the Stars 3:39
7.Absorbed in Dreams and Yearning 9:56
8.The Northern Lights 5:12
Groove GR-129
(CD/DDL 59:09)
(E-Rock, Cosmic Dance)
Nattefrost est un musicien scandinave dénommé Bjorn Jeppesen. Il traverse les frontières de son Danemark natal avec un premier album chez Groove, ABSORBED IN DREAMS AND YEARNING. Selon le guide de presse du label Hollandais, nous avons droit à un album novateur teinté de nouvelles sonorités qui peut conduire vers un nouveau style de MÉ; la Scandiavian School. Une citation qui a de quoi piquer la curiosité des fans du genre des School, dont moi. Voyons ce que ça sonne!
The Battle that Lasted Eternally débute avec des bruits de combats de gladiateurs et des hennissements de chevaux qui sévissent sur une ligne ronde et nerveuse du séquenceur qui forme des oscillations ondulatoires. Une basse séquence roule en boucles et les pulsations nerveuses forgent une structure continue qui tangue plus vers la dance music que le rock électronique cosmique, même sous un concert d'étoiles filantes. Ces étoiles inspirent un synthé très harmonieux qui siffle une belle mélodie flûtée entre les stries et strates filantes tout en ajustant ses octaves. Animé d'une structure assourdie par son décor, Cette ouverture plutôt harmonieuse laisse ses empreintes et dépeint l'univers musical très particulier de Nattefrost. Where the Gods are Watching est un titre nerveux avec une ligne de séquences saccadée qui rappelle les élans analogues de Jean-Michel Jarre sur Les Chants Magnétiques. Il y a des boum-boum et des filaments harmonieux d'un synthé bipolaire avec ses fredonnements spectraux et ses airs entraînants. Une séquence nerveuse qui anime un rythme spasmodique sous de lourdes couches d'un synthé aux grondements menaçants. Une autre ligne injecte des ions supplémentaires qui se fondent dans une rythmique similaire mais plus mélodieuse. Elle entrecroise la ligne principale qui est martelée de percussions symphoniques et enrobée d'un clavier aux harmonies conflictuelles. Un titre court et racé, comme Descending from the Stars et son lourd rythme circulaire qui embrasse incroyablement bien les premières incursions rythmiques du musicien Français dont les influences et les parfums technoïd occupent beaucoup de place sur cet album. Through Clear and Frosty Nights continue cette incursion d'un monde musicale aux lourdes séquences coiffées de mélodies synthétisées qui chantent en parfaite symbiose avec son rythme séquencé. Un très beau titre qui emprunte une voie plus minimalisme où le rythme s'atténue dans le vide et qu’une douce mélodie en ressort. Visions of a Pale Moon peut sembler être une variante de Through Clear and Frosty Nights sauf que le rythme est plus nuancé, lourd et lent. Un titre court mais efficace, avec cette voix féminine qui souffle quelques mots dans une atmosphère de paranoïa interstellaire, sur un tempo conduit par des percussions qui claquent comme des gouttes d'eau tombant en un débit irrégulier sur une ligne de synthé fantomatique aux parfums intrigants.
Valhal est le tube de cet album et le titre auquel je me suis accroché les oreilles dedans à la première écoute. Une ligne de séquences, basses et semi-basses, émerge de son introduction cosmique pour façonner une rythmique martelée d'accords sauteurs dont la résonance moule un timide écho. Cette naissance rythmique est tricotée par une complexité entre les lignes du séquenceur qui convergent vers un synthé aux roucoulements défilant en boucles. Un synthé nasillard et mélodieux dont chaque souffle semble posséder son ombre et qui chantonne sous de bonnes percussions et un amalgame de séquences qui fournit un énorme support rythmique. Le mouvement frappe les ambiances cosmiques et sautille dans un vide astral emplit de suaves couches de synthé et mellotron. Un superbe passage où l'indécision règne dans une parfaire symbiose mélodieuse, surtout avec l'arrivée d'accords plus mélodieux en mi-parcours, avec ce magnifique refrain qui nous mange constamment l'ouïe. Valhal embrasse alors une lente phase ambiante où soufflent les vents cosmiques. Une courte phase perturbée par un beau mouvement du séquenceur aux accords plus mélodieux que percussionnés et où Bjorn Jeppesen récite une ode qui trouve écho dans les caresses des vents sidéraux. Comme Where the Gods are Watching et Descending from the Stars, la pièce-titre propose une vision très Jean-Michel Jarre avec de beaux synthés aux sonorités analogues qui valsent sur des séquences nerveuses et bien juteuses. Immergé dans un bouillon cosmique, le titre coule avec une harmonie qui devient plus complexe à mesure qu'elle évolue, comme tout ce qui s'entend sur ce premier opus de Nattefrost en dehors de sa Scandinavie. The Northern Lights termine cet album avec une vision très atmosphérique. Un titre qui détonne avec son mouvement ténébreux coulant entre deux lignes de rythme aux délicats tambourinements. C’est ru rythme ambiant pour une vision atmosphérique.
Conformément au guide de presse de Groove, ABSORBED IN DREAMS AND YEARNING est un album qui effectivement possède effectivement une étrange sonorité. Rassurez-vous, la Berlin School n'est pas en danger! Par ce que nous sommes très loin du genre. C'est un album à la fois sombre et mélodieux truffé d'ingénieux patterns de rythmes séquencés qui sillonnent tous les tracés, tant ils sont nombreux ici. Mais ce n'est rien comparé aux synthés et aux multiples couches d'effets et d'ambiances dont les richesses et les masses sonores éloignent les impacts du séquenceur bouillonnant de rythmes de danses robotiques à la Kraftwerk. Des rythmes ingénieux et puissamment enrobés de ces synthés aux couches hyper mélodieuses, d'où le rapprochement avec Jean-Michel Jarre. J'ai bien aimé, d'un bout à l'autre. Et je suis impatient d'entendre le prochain opus de Nattefrost. Un nouvel artiste amplement intéressant, qui semble avoir un bon potentiel de créativité.
Sylvain Lupari (18/07/06) *****
Disponible chez Groove
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