“Futurized est un album puissant et rythmé qui est sculpté dans une vision futuriste qui dépasse l'enchantement”
1 Westhofen 5:35
2 Electro Shock 5:09
3 Poliment 4:18
4 Beware of the Destiny 3:23
5 Ghost Mind 5:08
6 Futurized 9:27
7 Will I get to your Heart 4:55
8 793 5:12
9 Red Angel 4:04
10 While Asleep 4:54
(CD/LP/DDL 52:10)
(Electro Synth-Pop, Berlin School)
Des vents d'Orion, et ses tonalités biscornues, entraînent les pulsations cardiaques d'un pouls à l'aube de son excitation qui résonne dans des poussières d'étoiles, alors que le rythme de Westhofen peine à trouver sa vitesse de croisière. Une ligne stroboscopique s'extirpe de cette indécision. Elle serpente dans son approche circulaire pour longer les accords d'un clavier aux teintes vocables et s'arrimer à des pulsations sourdes mais soutenues. Des boums-boums secs qui tremblent dans nos oreilles et estampillent un rythme robotique. Et Westhofen de vibrer à la verticale avec une approche un brin technoïde où les rimes d'un vocodeur se perdent dans des accords et des riffs harmoniques qui la détachent de sa substance cybernétique alors que des solos de synthé torsadés tentent de la ramener dans les territoires de la Berlin School. Déroutant? On le serait à moins. Bienvenue dans le splendide univers des rythmes étonnants et des douces ambiances cybernétiques de Nattefrost. Depuis que le synthésiste Danois nous a fait entendre ses premiers accords d'Absorbed in Dreams and Yearning en 2006, il ne cesse de séduire et de dérouter tout en faisant croitre sa légion de fans. D'album en album, Bjorn Jeppesen dilue son style primaire pour y annexer pièce par pièce des approches d'IDM et de psy-techno avec une crédibilité artistique que plusieurs mettent des années à atteindre. On se souvient de Jean-Michel Jarre? Et chaque album amène son lot de titres qui accrochent et tissent de soyeux vers d'oreilles. Si on les comptait à la pelle sur les très bons Dying Sun/Scarlet Moon et From Distant Times, FUTURIZED est loin de faire pitié. Et ça démarre avec Westhofen et son pattern robotique qui évolue dans ses textures variées. Performé avec Remember Green, aka Steen Chorchendorff Jorgensen, Electro Shock décolle comme un vol cosmique avec des cliquetis de cymbales qui tintent dans des filets stroboscopiques aux lignes saccadées. Le rythme est sec et nourrie de mouvements brusques, comme un break-dance cosmique, avec un vocodeur robotique et un maillage de pulsations/percussions qui pulse d'une cadence arythmique sur une structure qui passe du rythme brute aux ambiances éthérées avec des synthés fluides aux harmonies fragiles.
Ces rythmes tissés dans des percussions cybernétiques et des filaments stroboscopiques pullulent sur ce dernier album de Nattefrost qui dévie vers de bons synth-pop organicosmique, comme sur les très robotiques et entraînants Poliment ainsi que le très beau Will I get to your Heart et sa mélodie qui nous trotte dans les oreilles bien des heures plus tard, deux titres avec Michel Moers, du groupe Belge Telex, aux voix. Beware of the Destiny est un puissant up-tempo avec de lourdes pulsations et des percussions qui roulent dans une ambiance de jeux vidéo. Le rythme est très vif et les voix robotiques à la Kraftwerk sculptent une approche mélodieuse très futuriste. Et si on pense que Nattefrost nous en a mis plein les oreilles, attendez d'entendre le furieux Red Angel qui nous plonge dans un étonnant acid-house à la Leftfield. Ghost Mind éclate dans nos oreilles avec sa lourde ligne oscillatrice qui ondule avec un tintamarre très harmonique. Le rythme est lourd. Il tournoie de ses larges volutes ombragées, alliant un synth-pop à la Gary Numan à un rythme technoïde à la Kraftwerk et une mélodie sentimentale à la Bowie. C'est un solide titre qui est puissant sans être agressant. Ces oscillations lourdes et nerveuses structurent le rythme circulaire de la pièce-titre qui nous plonge carrément dans les patterns rythmiques de Kraftwerk. Tout y est; pulsations monocordes et répétitives, séquences robotiques entrecroisées, pattern mélodiques récurrents et vocodeur plasmatique. La deuxième partie se détache de son approche minimaliste initiale afin d'offrir une structure nettement plus musicale. Mais l'un comme dans l’autre, c'est un autre très bon morceau avec une zone de turbulence cosmique qui sépare très bien les deux entités musicales tout en les tenant l'une très proche de l'autre. On peut dire que c'est du progressif synth-pop étroitement gavé de ses ambiances cosmiques. 793 est un très bon down-tempo organicosmique tout comme While Asleep qui est par contre plus lent sans sa ceinture stroboscopique. Mais la voix de Michel Moers…aussi délicieuse que morphique.
Avec sa pochette qui dévoile un vaisseau spatial très sci-fi, FUTURIZED est aussi futuriste que son titre et sa pochette le laissent suggérer. C'est un solide album d'up-beat sculpté dans une vision futuriste qui dépasse l'enchantement. Si on peut être familier avec les rythmes et les atmosphères, tantôt vintage et tantôt plus contemporains, qui bourdonnent et chantent dans nos oreilles, tout ce qui les entoure ajoute une profondeur postmoderne où l'auditeur se sent vraiment dans une autre galaxie. Nattefrost nous plonge dans ce que l'IDM (Intelligent Dance Music) a de plus séduisant à offrir.
Sylvain Lupari (07/05/13) *****
Disponible au Nattefrost Bandcamp
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