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Writer's pictureSylvain Lupari

NATTEFROST & MATZUMI: From Distant Times (2012) (FR)

Updated: Sep 27, 2020

Voilà un très bel album que je recommande à tous ceux qui aiment le style de MÉ portée par séquenceur et en particulier ceux qui s’ennuient de Jean Michel Jarre

1 First Movement 2:19

2 Evolution 6:05

3 The Ancient Land 8:28

4 The Portal 7:56

5 Rise of the Phoenix 5:53

6 Time Passing 9:01

7 Medieval 6:19

8 The New Dawn 6:59

9 Cold Midwinter Nights 8:20

(CD/DDL 61:17)

(E-Rock, EDM, New Berlin School)

J'aime comparer la vision musicale de Nattefrost à celle de Jean-Michel Jarre. Un peu comme le synthésiste français le faisait en début de carrière, Bjorn Jeppesen pond un titre qui accroche dès la première écoute sur chacun de se albums. Un titre qui serait irrémédiablement un tube si les radios FM s'intéressaient encore à la MÉ comme dans les années de libre pensée et de créativité culturelle. Et FROM DISTANT TIMES ne fait pas exception à cette règle. Flanqué de Matzumi (Kathrin Manz), le synthésiste Danois poursuit son odyssée électronique au pays des rythmes cosmiques. C'est sans surprises que ce tandem, qui avait étourdi nos sens avec le puissant Die Kinder der Erde, de l’album Dying Sun/Scarlet Moon, relève l'intéressant défi d'unir la vision poétique et cinématographique de Matzumi aux rythmes lourds et statiques de Nattefrost, débouchant ainsi les très belles mélodies électroniques qui surplombent cet album.

Un gros gong, comme dans l'introduction de In Mutatio Tempora de Matzumi, ouvre le très atmosphérique et cinématographique First Movement. Des couches de synthé aux arômes orchestraux ondoient avec de lents mouvements incertains qui créent une ambiance dramatique tout en zigzagant auprès de chœurs errant dans le calme des territoires musicaux ambivalents; là où des séquences pulsatrices papillonnent comme les ailes de libellules en attente d'un signal apocalyptique. Cette intro donne le ton à un puissant album où les envolées orchestrales entourent des rythmes indomptables. Evolution se balance dans les cendres orchestrales de la pièce introductive lorsque les premières chevauchées rythmiques de l'album dévalent en un lent staccato hésitant. Une pulsation spasmodique secoue cette incertitude pour dévaler les plaines électroniques avec un galop pondéré qui est salué par de fins solos noyés dans des brumes aux vocales ocrées. The Ancient Land épouse la tangente amorcée avec un rythme fluide et entraînant où les accords de clavier tissent une mélodie circulaire qui s'appuie sur des percussions sobres. Toujours aussi chaleureux le synthé lance de suaves solos mélodiques qui mélangent ses harmonies avec de fins filets de voix éthérées planant dans un décor surréaliste. Plus on avance et plus les rythmes s'animent d'une fascinante lourdeur. Des rythmes brodés à l'intérieur d'un superbe amalgame de séquences et percussions, comme sur The Portal et son approche mélodique qui crache des réminiscences de Tangerine Dream sur Underwater Sunlight. Évolutif, le rythme est d'abord fragile. Il progresse avec de belles séquences dont les rapides oscillations sont freinées par un beau jeu des percussions aux tonalités et aux formes variées. La voix angélique de Kathrin Manz recueille cette portion de rythme qui permute vers une étonnante structure lourde et agressive pour palpiter sur une lourde ligne de basse ondulante ainsi que des percussions et leurs échos qui trouvent refuge dans cette suave mélodie tracée dans Song of the Whale avant de fondre dans une finale tout en atmosphère et effets cinématographiques.

Les influences de Jean-Michel Jarre transpirent dans tous les recoins de FROM DISTANT TIMES. Si ce n'est pas au niveau des rythmes, c'est au niveau mélodique. Avec ses cerceaux qui volètent telles des ailes de libellules butinant sur les pétales d'un rythme bourré de stéroïdes saccadées, Rise of the Phoenix en est un parfait exemple. Et lorsque je parlais de tube instantané, je référais à ce titre accrocheur. Son rythme est pilonné par une démarche de gang de rue et dessiné par des séquences qui labourent le cosmos comme des coups de ciseaux dans le vide Il peine à monter les pentes d'une lourde ascension stroboscopique qui transpire de ses cymbales et sonorités galactiques alors que la mélodie, divinement électronique, est soyeusement forgée dans des solos de synthé. Des solos flottant et chantant dans des brumes aux vocalises irisées pour forger un savoureux vers d'oreille. Érigé sur un lit de séquences grouillant de frappes alternantes, Time Passing offre un lent voyage rythmique hypnotique où la voix de Kathrin Manz erre parmi des couches de synthé tantôt cosmiques et tantôt orchestrales. Medieval porte la noblesse de son titre avec une enveloppe très théâtrale dégagée par des synthés dont les strates intensément orchestrales nous amènent dans des déploiements des champs de batailles médiévaux. Lourd et lent, ce rythme puissant traîne ses séquences qui accourent sous les enveloppes d'un synthé aux chants de guerre, tout comme dans The New Dawn qui suit avec un rythme encore plus lourd qui aussi est enveloppé par un synthé aux voiles orchestrales et aux solos harmoniques torsadés. Si les percussions et les séquences tissent des rythmes alambiqués et pas piqués des vers, les synthés sont incroyablement musicaux et brodent des passages qui aguichent l'ouïe, tant par les solos que les harmonies et surtout les ambiances. Suivant ces prémisses Cold Midwinter Nights, avec son rythme nerveux contenu dans son élément cinématographique et ses solos dispersés dans les vents d'une discorde harmonique, est à la hauteur de tout ce qui entoure cet album.

Cette première collaboration Nattefrost et Matzumi accouche d'un superbe album. FROM DISTANT TIMES est un album puissant et lyrique, forgé dans des ambiances babyloniennes, cosmiques et musicales qui entourent des mélodies flottant comme des vents de soie sur des séquences et percussions qui pilonnent des rythmes aussi créatifs qu'électrisants. L'un des très beaux cette année que je recommande à tous les amateurs de MÉ séquencée, plus particulièrement ceux qui s'ennuient de Jean Michel Jarre.

Sylvain Lupari (29/06/12) *****

Disponible chez Groove nl

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