“Un solide album qui a ce pouvoir de nous lier à de vieux souvenirs”
1 Life is Motion 5:43
2 One Light-Year Away from You 4:27
3 La Comtesse Bipolaire 4:27
4 Le Cri du Temps 4:03
5 Cortical Refuge 5:33
6 The Thin Line of Friendship 4:32
7 No Pain no Fear 6:28
8 Shadow of Shadows 17:41
9 I Can Fly 11:33
Ultra-Vybe Music
(LP/CD 61:33)
(Ambient Music)
Vous allez entendre parler de Neuronium en masse ces temps-ci. Le groupe-projet de Michel Huygen surfe présentement sur un énorme second souffle avec la réédition du catalogue du célèbre groupe Espagnol sur le label japonais Ultra-Vybe. Les œuvres sont entièrement remixés et remastersisés par Michel lui-même qui promet une nouvelle enveloppe sonore pour chacun de ces albums. Entretemps, le sympathique musicien né au Zaire propose un nouvel album de son vaisseau musical, IKIGAI. Ce nouvel album suit les traces de Lysergic Dream avec son plein de passages atmosphériques méditatifs et ses quelques phases de rythme qui instaurent une bonne balance entre les deux visions. La musique est très belle avec une nette propension pour le style de Michel Huygen en solo que pour une œuvre de Neuronium du type Nocny Lot - Live In Poland. Mais ne vous inquiétez pas trop, le dernier des grands musicien-pères de la musique électronique (MÉ) du style Berlin School a su préserver l'enveloppe psychotronique de Neuronium dans bien des endroits de IKIGAI.
Life is Motion est un titre onirique pour voix fredonnant un chant céleste sur les résonnances en soie d'un synthé déguisé en harpe. L'approche fait très Vangelisdans les arrangements avec cette dose émotive qui ajoute une tension dramatique à une musique qui flirte entre le New Age et cette essence astrale unique à la musique de Michel Huygen. La texture des voix dans ce nouvel album de Neuronium est assez particulière. En plus d'utiliser les logiciels Shevannai et Vocalise 2, Michel a enregistré la voix d'une amie, une voix extraordinaire en passant, qui nous procure des frissons dans le rythme très Électronica de One Light-Year Away from You qui me fait penser immédiatement à cette Diva en bleu du film de Luc Besson, Le 5ième Élément. Le rythme est très entraînant avec des percussions qui claquent et résonnent et ces effets de DJ, les woosh-a-woosh-a-woosh sur un vinyle, sur des orchestrations construites sur des élans de valse. Et si ces voix vous agace, les 4 premiers titres de l'album en sont plombés. Je ne suis pas vraiment un fan du genre, mais je dois admettre que la façon de les transposer sur les synthés est assez intrigante et parfois très séduisante, notamment dans One Light-Year Away from You et Le Cri du Temps. Elles sont dominantes dans La Comtesse Bipolaire qui est un genre d'oraison berbère avec des élans et des effets qui flirtent avec le côté psychotronique du début de Neuronium. Le Cri du Temps propose un genre similaire mais dans une vision nettement plus onirique et cinématographique. Elles se fondent avec les harmonies plaintives du synthé dans un titre plus atmosphérique que tribal touareg. Cortical Refuge propose une lente introduction renflouée de lignes de violons qui valsent à la dérive. Cette musique orchestrale cinématographique est délicatement secouée par une fascinante structure de rythme avec de délicats arpèges séquencés en souffles chevrotant qui volètent comme des flocons de neige musicaux sassés à l'horizontal. D'autres arpèges y tintent, créant un harmonieux équilibre entre ce rythme ambiant et les ambiances éthérées de la musique. Les lamentations du synthé de The Thin Line of Friendship marchent sur les vestiges de ce titre qui laisse aussi tinter une délicate structure de rythme harmonique dans une belle chorégraphie pour arpèges séducteurs. La valse des tonalités amène à ce titre une très belle dose d'émotivité séraphique. Les tonalités et les arrangements des nappes de synthé qui flottent en seconde partie du titre nous ramène aux premières années de Neuronium.
No Pain no Fear est titre ambient éthérée avec voix célestes et arrangements aux intonations variées, jouant sur le morose et l'acuité. Idem pour I Can Fly. Et j'imagine en écoutant ces deux titres que ça doit être ça la musique qui nous amène au jusqu'au Paradis! Plus long titre de IKIGAI, Shadow of Shadows en est aussi son joyau avec une délicieuse ouverture atmosphérique du genre vieux Neuronium psychotronique. Les nappes de synthé qui y dérivent ont ce vieux parfum d'une orgue que l'on trafique afin de lui donner une vision à la fois sibylline et céleste. Elles inondent nos oreilles, comme notre salle d'écoute, d'oblongs filaments sonores qui se déploient en effectuant des volutes psychédéliques. Le synthé libère aussi cette texture d'harmonie céleste qui est remplie de soupirs et qui font éclore le rythme après la 5ième minute. Doux, il zigzague dans un pattern de petits pas perdus qui cherchent à coordonner une attaque rythmique. Elle se produit par la multiplication des séquences dont la tonalité plus cristalline fait contrepoids aux basse-séquences dans une chorégraphie toujours aussi slalomant mais qui possède ce poids pour supporter de gros solos de synthé. Ce rythme aussi complexe qu'une poignée de pois sautillant sur une courroie tendue s'étire sur une distance de 7 minutes avant que Shadow of Shadows entreprenne sa finale qui respire les arômes méditatives de son ouverture. Une superbe finale remplie de cet éther Neuronium qui me donne cette irrésistible envie de réentendre l'album Heritage. Un album classique du groupe!
Des parfums du vieux Neuronium!? Il y en a partout dans ce très beau IKIGAI. Doux, sensible et envoûtant, ce nouvel album transpose à merveille les vieux souvenirs que nos oreilles ont des premiers albums de son groupe-culte à des tonalités et des arrangements plus contemporains. La fusion des 2 pôles donne un très bel album plus méditatif que rythmé qui a ce pouvoir de nous river à de vieux souvenirs. C’est le pouvoir de la passion pour la musique. Celui de Michel Huygen.
Sylvain Lupari (28/08/22) *****
Disponible chez Amazon
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