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Writer's pictureSylvain Lupari

NICOSIA & LLERE: Ecos Frente al Espejo (2022) (FR)

Une musique conçue pour faire voyager l'esprit dans des scènes de films pas encore tournées

1 Meditación, concentración y optimismo 8:11

2 Amigo invisible 6:19

3 Sueños de Otoño 8:21

4 Eco frente al espejo 6:22

5 A veces lo entiendo 13:35

6 El final es una puerta de entrada 4:47

(DDL/CD(r) 47:37)

(Soundtrack, Psybient)

Moi qui s'attendait à tout venant de cet excellent label de musique électronique (MÉ), je ne m'attendais pas du tout à un album de tel niveau! ECOS FRENTE AL ESPEJO (Échos devant le miroir) souffle le chaud et le froid dans une présentation divisée en 2 temps. Ce nouvel album que Francisco Nicosia vient de réaliser avec Mariano Llere, musicien-chanteur-compositeur et producteur argentin, propose une première partie qui va plaire aux insomniaques mélancoliques, alors que la seconde partie de ce nouvel album à sortir du label Cyclical Dreams propose plutôt un voyage dans les territoires d'une MÉ atmosphérique portée sur une approche plus expérimentale. Du gros psybient pour films aux ambiances glauques et surnaturelles.

Meditación, concentración y optimismo débute cet album avec des gros bourdonnements torsadés qui étendent un sombre voile de radiations. De délicats arpèges s'y déposent. L'éclat de leurs tintements crée une mélodie éthérée qui possède ces attributs pour séduire Morpheus et notre état méditatif. Cette mélodie lunaire tinte devant un filet de voix céleste et les ondes réverbérantes de ces bourdonnements introductifs qui se donnent des élans élastiques sourds sans pour autant prendre un essor rythmique. Une délicate couche de bruits blancs et de grésillements se joint à ce duel entre le sombre et la nitescence, ajoutant une enveloppe de psybient modérée à cette chorégraphie d'arpèges lumineux dont les carillonnes de verre séduisent plus que ces oblongs drones dérangent. Des nappes de synthé endossent ces harmonies mélancoliques à la Vangelis après la 6ième minute, enracinant cette perception que Meditación, concentración y optimismo (Méditation, concentration et optimisme) est la porte d'entrée d'un univers où le combustible de la musique s'égare dans le feu d'une source sonore axée sur des ambiances surnaturelles. Mais la balance entre les deux visions est parfaite. Ici, comme dans la très lente procession de Sueños de Otoño. Les arpèges ont toujours cet éclat étincelant qui donne à la musique une apparence élégiaque, alors qu'à l’opposé le lit atmosphérique est tissé de couches et d'éléments de synthé inspirés du psybient et des sombres murmures du paranormal. C'est un étrange titre avec une subtile essence inquiétante qui irait fort bien avec un film de forces surnaturelles. Le très bel Amigo invisible est une splendide ballade électronique atmosphérique. Son débit est lent, méditatif avec des arpèges qui luisent dans des teintes de cristal, alors que le synthé étend des larmoiements et des arias qui rappellent ces délicates et hésitantes mélodies de Vangelis dans ses moments les plus intimistes. On y rêve comme on y soupire.

De par la délicatesse, le chevrotement des accords de synthé cristallins, la pièce-titre marche un peu sur les sentiers de ce très beau Amigo invisible. Un sombre voile d'étrangéité se dégage par contre de cet improbable duel entre la délicatesse et ses ténèbres dans un titre qui glisse doucement l'auditeur vers le côté plus sombre et expérimental de ECOS FRENTE AL ESPEJO. La première esquisse de rythme de cet album se fait entendre dans l'hésitant pas-de-danse qui introduit A veces lo entiendo (Parfois je comprends). Le mouvement est aussi sournois que des pas de loup guettant sa proie la nuit. Des ondes de synthé tracent de lointains chants spectraux qui rappellent plus les airs de films d'extra-terrestres que des créatures de la nuit sur une longue structure sans ossature rythmique soutenue. Par contre, source de rythme il y a. Sous une nappe de basse vampirique aux sourds et faux élans cadencés, il est fracturé et/ou éparpillé à travers les 13 minutes du titre avec une pléthore d'effets et d'éléments percussifs qui structurent un rythme ambiant bien stimulant pour les neurones. Au final c’est un superbe titre dont les ambiances sibyllines se transportent au-delà de ses frontières pour attirer El final es una puerta de entrada (La fin est un passage), nettement plus agressif, dans un même pattern.

ECOS FRENTE AL ESPEJO est un album fascinant dont la première partie nous guide aisément vers une MÉ atmosphérique plus complexe et dont les affinements avec le genre suspense/horreur aident à situer un peu mieux un auditeur qui devient plus captif avec une bonne paire d'écouteurs. Cet album de Francisco Nicosia et de Mariano Llere me fait penser un peu à Realms Beyond de John Scott Shepherd (Cyclical Dreams CYD 0039). En ce sens qu'il mélange assez bien la nature science-fiction et surnaturelle d'une musique conçue pour faire voyager l'esprit dans des scènes de films pas encore tournées. Les scénarios nous appartiennent!

Sylvain Lupari (26/08/22) ****¼*

Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp

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