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Writer's pictureSylvain Lupari

NIGEL MULLANEY: The Turning (2021) (FR)

Encore surprenant et surtout très bon, du début à la fin!

1 Lost at Sea 6:44

2 Alison 7:47

3 I Talk to the Skies 6:09

4 Higher Altitude 5:28

5 Berlin Nocturne 6:58

6 Astral Turf 5:10

7 Modulationism 6:10

8 On Reflection I Should Have Stayed 4:53

9 The Turning 5:22

10 Nostalgia Bomb 6:36

(CD/DDL 61:33)

(Modular synth beats)

Vous vous souvenez de 31? C'est le premier album que Nigel Mullaney a produit sur l'étiquette DiN. Étant plus à l'aise pour créer des ambiances et des bouts de musique pour diverses bibliothèques musicales (Library Music), il a créé une vaste toile de musique et en a confié la réalisation finale à Ian Boddy. Et comme dans 31, Ian a choisi la musique, les titres et l'ordre de ceux-ci pour finaliser THE TURNING, un album qui explore une autre toile électronique remplie de complexité au niveau des rythmes avec des paysages étonnant d'une nouvelle fraîcheur tonale crée avec un mélange de synthé modulaire et Moog.

Deux ondes musicales se fixent dans un élan de dérivation, émettant des stries écarlates et par la suite des filets de réverbérations qui grondent dans le paysage sonore de Lost at Sea. Une pluie de matières cristallines orne ce paysage qu'une ligne circulaire de réverbérations balaie tel un phare. Des premières pulsations, étouffées dans cette masse de sons, éveillent une faune psybient déjà piétinée par des cliquetis de bois. Des cerceaux de matières vaporeuses tentent de garder leurs formes circulaires que déjà aussi des battements plus francs entraînent Lost at Sea dans un merveilleux Électronica. Un down-tempo revampé dans la modernité et entraîné par une fabuleuse ligne de basse qui nous martèle ses accords secs pour une danse avec les nymphes lumineuses qui se pointent un peu partout dans les ambiances Lost at Sea. Mes oreilles ont déjà remarqués ces sons qui étaient absents dans 31. Ils nous feront idolâtrer ces longues phases introductives et/ou pré-finales des 9 autres titres de THE TURNING. Alison suit avec une impressionnante structure de percussions et d'éléments percussifs. La mélodie qui y vit éclot en même temps que son rythme, soit 38 secondes après la seconde minute. Elle est du genre prismatique avec une tonalité de chouette électronique et ses élans lui donnent la dimension nécessaire pour flotter sur cette texture de rythme crée dans le génie. Et ce ne sera pas la seule! I Talk to the Skies fait parti des titres ambiants. Son paysage souffre de ces explosions sourdes d'où gémissent des voix déformées par la nature de sons qui flirtent avec une ambiance pastorale. C'est comme entendre le vitrail par la chaleur du soleil. Ces titres, comme Astral Turf et Nostalgia Bomb sont conçues dans des douleurs tonales exprimées avec beaucoup d'intensité dans ces courts moments sans rythmes de ce second album de Nigel Mullaney sur DiN Records.

On revient avec cette forme d'Électronica et Psybient avec l'ouverture de Higher Altitude et de ces bulles de sons éclatant dans les murmures des roches. Sournoise, une ligne de basse rampante serpente cette ambiance avec des sauts qui attendent l'arrivée des percussions, et de leurs effets d'échos, pour structurer un rythme qui se débarrasse des matières organiques. Le rythme s'associe à une danse pour zombies planant de gauche à droite sur une mélodie aérée par un jeu de synthé à la nébuleuse tonalité des années 80. Berlin Nocturne adopte la structure de Higher Altitude avec un gros 140 secondes de rythme créatif concentré entre deux phases d'ambiances très efficace. Son ouverture est grugée par des woosshh et des waasshh granuleux. J'entends ces hooo-oo-ooo de spectres luttant pour un dernier tour de vie lorsque les premiers battements secouent ces intenses ambiances de perdition. Le rythme qui s'élève le doit à une superbe texture de percussions tribales et modernes dans une courte phase enlevante. Avec sa structure de rythme organique et sa basse libérant des ombres d'inquiétude, Modulationism est un surprenant rythme sans vie rythmique qui fait son tapage dans un décor tonale enchanteur. Les nappes de synthé ont cette saveur de brume Berlin School dans ce titre où le mot transe trouve sa nouvelle définition. Après une ouverture poignante de tristesse, On Reflection I Should Have Stayed s'appuie sur un rythme plus dans le rock. Un rythme solide qui voit se former des harmonies circulant en boucles et d'autres circulant comme un message d'espoir qui épouse plutôt assez bien cette structure enjouée par ces boucles de synthé qui se déroulent comme un ballon perdant son oxygène, soit très haut dans notre tête. C'est le titre le plus synth-pop, le plus accrocheur de THE TURNING. La pièce-titre suit avec son ouverture remplie d'interférences sonores. Une lointaine structure de rythme se forme bien avant la première minute. Ses élans stroboscopiques deviendront le fer de lance d'un improbable moment de Disco ceinturé de ce mouvement spasmodique qui le cerne de façon indistincte depuis le début. Nous atteignons ce passage où le rythme s'évanouit dans des ambiances. Ces passages sont très intenses sur tous les titres de cet album. Mais il y en a où c'est encore plus carabiné. Comme ici où les boucles en suspensions redeviennent l'essence de ce Disco qui coule si bien dans ses éléments de Psybient.

L'art du modulaire est en pleine expansion et ses créateurs ne sont pas étrangers au phénomène en poussant constamment les limites d'une imagination qui ne semble pas avoir de répit. Excellent dans son enveloppe tonale, ses rythmes alambiqués et ses ambiances surréelles, THE TURNING est la suite logique des travaux entrepris par Nigel Mullaney sur 31. Ian Boddy y amène sa touche sur invitation et l'enveloppe de ses audaces en y donnant une touche personnelle de la même façon qu'il le fait sur les différentes compilations de son label DiN, donnant à ce fragile art particulier l'élan nécessaire pour une meilleure visibilité tout en maintenant son fragile équilibre. Encore surprenant et surtout très bon, du début à la fin!

Sylvain Lupari (12/07/21) ****½*

Disponible au DiN Bandcamp

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