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Writer's pictureSylvain Lupari

NOMAD HANDS: Space Watch (2017) (FR)

“C'est un immense opus de MÉ pure qui suit les grandes lignes remplies de merveilles de The Tape, le meilleur album de 2014”

1 Twice 5:52 2 Peter is Bach 6:40 3 Cognitive Connection 13:17 4 What Time is it? 6:40 5 Making Sense 4:28 6 Le Mécanisme d'Anthicythère 11:44 7 You Must Play Monotonus 7:44 8 L'Horloge Cosmique 223 14:12 Patch Work Music

(CD 70:51) (Berlin School, French School)

Vous vous rappelez du superbe album The Tape qui est sorti sur PWM en Décembre 2014? Ce surprenant album allait devenir mon préféré de cette année-là, et pour cause! Secondé par Mourad Ait Abdelmalek à la batterie et aux percussions sur la moitié de l'album, Olivier Briand tricotait de superbes solos de synthé qui nous renvoyait aux belles années du duo Klaus Schulze & Harald Grosskopf. Près de 3 ans plus loin, Olivier Briand et Mourad Ait Abdelmalek remettent ça en formant le groupe Nomad Hands (un nom très approprié pour 2 artistes aux mains agiles et exploratrices). Ils nous présentent un premier opus intitulé SPACE WATCH. Un album qui est dans la continuité de The Tape avec une précieuse connexion entre les deux musiciens qui nous offre tout un voyage au pays de la MÉ.

De délicats arpèges qui sautillent et scintillent dans des tonalités de cristal donnent une première parure très électronique vintage à Twice. Des cliquetis de cymbales tintent dans une vision rythmique parallèle alors que le séquenceur délie une ligne de basse séquence qui oscille lourdement et fusionne avec les cymbales, laissant les arpèges mélodieux fondent dans un décor sonique qui priorise un style de Jazz fusion dans son rythme nerveux. Olivier Briand texture ici de beaux solos harmoniques qui sont comme les siffles d'un rêveur dansant à contretemps de ses rêveries. Plus centré sur l'approche mélodieuse du synthé, les arpèges sculptent de vrais petits ver-d'oreille argentée, Twice pose néanmoins entre nos oreilles des structures de rythme qui s'inventent un fascinant bal où l'électronique et l'acoustique donne déjà soif aux oreilles. Après ce premier titre plutôt sympa, Peter is Bach déboule avec une série de séquences dont les vives oscillations entraînent une base de rock électronique spasmodique. Les percussions de Mourad Ait Abdelmalek se dégênent totalement avec des frappes rapides et promptes où les fûts résonnent avec une fascinante et séduisante tonalité. Le séquenceur bien réglé, afin qu'il puisse proposer de petites variations dans sa structure, Olivier Briand s'affaire à son synthé (et Mellotron?) afin de tisser ces nappes brumeuses qui donnaient tant de rondeur aux ambiances de l'époque et surtout à sculpter des solos et des phases harmoniques qui, si mes oreilles ne me trompent pas, sonnent étrangement comme du Peter Baumann. En fait, seules les percussions nous soutirent de ces réminiscences. Après 2 premiers titres assez accessible, Cognitive Connection nous amène à un autre niveau. L'introduction est peinte de mystère et de mysticisme avec des nappes de brumes qui semblent respirer et cacher des êtres imparfaits, tandis qu'une kyrielle de cliquetis et de bruits de remous hantent des ambiances gothiques. En fait on se croirait dans la maison Usher. Un rythme mou, rampant sans grande conviction, s'extirpe de ces abysses foireux un peu après la barre des 5 minutes. J'entends du Heldon ici! Surtout avec cette ligne de basse séquence qui rampe avec des bruits de gargouillements et ces cliquetis d'élytres métallique giguant sur des cymbales. Les cliquetis troquent le métal pour des claquettes de bois. Et toujours cette sombre ombre vampirique qui étend son manteau de suspense sur les ambiances en mutation de Cognitive Connection. Et pouf! La musique fond dans un décor avant-gardiste où les fantômes d'Heldon veillent sur l'évolution d'une musique extra sensorielle qui s'entend être picoré par les percussions agiles, et tantôt lourdes voire assassines, de Mourad Ait Abdelmalek alors qu'Olivier Briand est l'élégance même derrière son synthé et ses solos aussi enchanteurs que provocateurs pour une ouïe avide de MÉ pure et raffinée.

Un très bon titre qui est suivi du rythme lourd et lent, quasi théâtrale, de What Time is it?. Les nappes de synthé jettent une aura aussi nébuleuse qu'un nouveau fantôme de l'Opéra alors que les percussions sont toujours nettement incisives avec un M.A.A. qui laboure et confronte ses battements de fûts avec un lit de séquences aussi fluide qu'une douce rivière rythmique. Making Sense est un bel hymne de rock électronique très Berliner. Encore ici, les tacticiens du rythme qu'est Nomad Hands font montre d'une très belle chimie en harmonisant séquences et percussions, donnant libre cours à l'imagination libre de tout entrave d'Olivier Briand dans l'art de créer des lubies harmoniques un tantinet près de la psychose, sinon de cette impression d'angoisse, et ce même si toujours très mélodieux, sur cette structure mi- sauvage et mi- accessible qu'est Making Sense. Le Mécanisme d'Anthicythère est LE titre de SPACE WATCH et le titre qui se rapproche le plus de cette illusion de Schulze/Grosskopf que nous trouvions dans le splendide The Tape. Dans un style libre où le tout se moule en parfaite symbiose, les solos d'Olivier sont en retrait afin de mettre tout en valeur les frappes chirurgicales de Mourad Ait Abdelmalek. On dépasse ici ces paysages de nappes éthérées où couraient les bras de Grosskopf. Le rythme est frénétique avec de courtes strates saccadées et c'est plutôt une pieuvre humaine et ses longs tentacules qui labourent tambours et cymbales avec une étonnante variation et précision dans le partage de ses deux valeurs rythmiques. Un titre grandiose mes amis que je ne cesse d'écouter depuis! You Must Play Monotonus nous ramène sur terre avec une MÉ très énergisante et aussi vivante que le meilleur des Synth-Pop de New Order. Très allumé derrière son clavier, Olivier Briand lance de belles phases harmoniques qui s'ajustent à la précision et la vivacité des mains de Mourad Ait Abdelmalek sur les fûts. Le vocodeur? Bah…on le remarque à peine. Du solide rock électronique polyphasé qui tourne autour de courtes phases harmoniques égales à une chute d'étoiles sur des cimes enneigées. L'Horloge Cosmique 223 termine ce superbe album avec des airs de Jazz fusion. Le titre à tous les secrets de la Berlin School avec une introduction planante qui tranquillement met la table à une structure de rythme échevelée où virevoltent les solos de synthé et où les basses séquences luttent pour leur survie face à un brillant matraquage des percussions. Ouf, quel album mes amis! Un incontournable et un pur monument de MÉ…comme à la belle époque. Comme The Tape!

Sylvain Lupari (25/01/2018) ****½*

Disponible au PWM Distrib

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