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Writer's pictureSylvain Lupari

NORD: Black Tears (2018) (FR)

“Triste en tous points, Black Tears reste néanmoins le plus bel album de pure MÉ par Sztakics István Attila depuis Pendulum”

1 Grief 10:30

2 Sorrow 7:05

3 Deprivation 7:46

4 Daze 7:03

5 Resignation 10:16

6 Memories Left Behind 14:15

7 Life goes on and on... 13:07

Nord Music (DDL 70:04)

(Berlin School)

La musique commence là où la parole est impuissante à exprimer ; elle est écrite pour l'inexprimable. Je voudrais qu'elle eût l'air de sortir de l'ombre et que, par instants, elle y rentrât, et que toujours elle fût discrète personne”. C'est sur ces paroles de Claude Debussy que Nord a construit son dernier album BLACK TEARS. Cet album très personnel marque un retour vers des bases plus électronique pour le musicien Roumain qui l'a composé avec des émotions qu’il ne pouvait exprimer d’une autre façon qu'en musique.

C'est donc avec une introduction ciselée dans ses plus profondes émotions que s'ouvre Grief. Des accords tombent avec une lourdeur affligeante. Et de leurs résonances s'évadent des nappes qui élargissent l'écran d’une douleur apparente. Le musique est aussi sobre que sombre et les nappes étendent des filets d'une mélodie nostalgique alors que la procession de Grief évolue dans un décor où l'aspect ésotérique de la mort gravite avec des éléments célestes. Des bruits percussifs rôdent derrière un lourd cortège sonique d'où émerge un mouvement du séquenceur. Le rythme qui suit épouse les usuels standards de la Berlin School avec une ligne zigzagante qui monte et descend, s'éloigne du champ auditif et revient, avec un petit essaim d'éléments de percussions toujours aussi séduisants aux oreilles. Le synthé orne cette nouvelle accélération rythmique de brumes anesthésiantes qui suivent assez bien une structure de rythme qui reçoit un allié de taille avec des percussions sobres et efficaces. De son embryon ambiant, Grief évolue vers un bon rock électronique en passant par une approche plus Berliner. Ce principe évolutif, avec des textures émotives variées s'appliquent pour les 6 prochains titres de BLACK TEARS. Sorrow débute avec un paysage ambiosphérique plus saisissant. Des larmes de synthé très Vangelis pleurent dans un décor lunaire qui rend avec justesse ce sentiment de solitude qui nous berce lorsqu'une épreuve fait basculer notre monde. Seul dans cet univers, Nord pleure par son synthé très expressif avec des sanglots qui épuisent notre réserve d'oxygène. Un mouvement pulsatif émerge autour de la 4ième minute, imitant un battement circadien qui se tranquillise avec l'assèchement de nos glandes lacrymales.

Deprivation fait bande à part avec son vif mouvement du séquenceur qui fait bondir ses ions dès que la musique respire. Ces balles de rythme sautent dans le brouillard dans des nappes de synthé trop tranquilles pour cette phase hyperactive de rythme stationnaire. Le mouvement prend une autre teinte dans les tonalités du séquenceur, donnant ainsi une approche qui semble plus virile mais qui reste toujours sur la même cadence. De très beaux solos bien aiguisés étendent art et harmonies sur une musique qui se réfugie par moments dans des phases d'ambiances mélancoliques et d'autres moments où le cosmos embrasse les larmes, mais plus souvent dans des figures de rythmes évolutifs qui deviennent plus lourd et incisifs avec le labourage de sobres percussions. Daze s'arrime à cette structure, par la vivacité des séquences et les solos très pénétrants. Le séquenceur libère une masse d'ions qui sautillent comme une dizaine de billes sur un convoyeur, structurant un rythme électronique très statique qui s'appuie sur de solides percussions enfin d'embraser une ligne de basse qui monte et descend, entraînant ainsi Daze dans un rock progressif électronique. Nord est en grande forme derrière son synthé, créant des solos aussi colériques que tendres qui cisaillent de gros bancs de brumes méditatives. C'est avec un décor d'éléments d'ambiances surnaturelles que Resignation s'amarre à mes oreilles. Des accords de clavier scintillent, des lignes de violon expirent et des masses de bruits blancs ronronnent dans ce passage rempli de nappes de synthé dont la couleur et la tonalité restent à définir. Un mouvement du séquenceur fait monter une ligne de rythme nerveuse qui joue avec ces accords de clavier, structurant une approche aussi évasive que ces nappes de synthés à la dérive et ces riffs de claviers qui s'émiettent comme une série de gouttes fuyant le robinet. La structure et sa tension rappellent vaguement Silver Scale de Tangerine Dream. Memories Left Behind met à profil ses 14 minutes pour étendre patiemment une structure électronique née de graffitis et d'étrangetés sonores, ainsi que des bruits blancs qui grésillent dans un paysage d'ambiances flirtant avec la frontière du psychédélisme. Le titre évolue par phases, dont une belle animée par une ligne de rythme et d'ambiances, kaléidoscopique avant d'atteindre une dernière de rock progressif symphonique et électronique. Construit autour du même moule, Life goes on and on... est le plus gros titre de BLACK TEARS. Après une courte ouverture très orchestrale, une phase de pure folie électronique excite les ambiances alors que le séquenceur dessine les arcs d'un rythme rotatoire. Guidée par ce séquenceur et appuyé par un synthé toujours aussi créatif, la musique oscille entre les oreilles avec une texture riche et une structure de rythme vivante mais retenue par un dense écrin d'effets sonores et d'orchestrations qui cède sous les attaques de percussions, guidant Life goes on and on... dans une solide structure de rock électronique vivant et entraînant, comme dans l'univers de Let Them Float par le musicien Polonais Przemyslaw Rudź.

Triste sous tous les rapports, BLACK TEARS est néanmoins le plus bel album de MÉ pure de Sztakics István Attila depuis Pendulum. Il y a de belles perles dans cet album où les émotions de Nord roulent à fleur de peau.

Sylvain Lupari (25/08/18) ****½*

Disponible au Nord Bandcamp

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