“Une excellente suite au premier volet, EOP propose une masse de boucles oscillantes, harmoniques et rythmiques, qui trouveront le chemin de vos différents goûts en MÉ”
1 diSchotomy 11:40 2 121212 10:16 3 Ostinato 7:54 4 Prophecy 9:36 5 Torch 8:43 Wool-E Discs – WED009
(CD/DDL 48:06) Dark Ambient & Experimental Berlin School)
Des sourdes impulsions donnent le coup d'envoi à un album qui va vous river à vos écouteurs, sinon vos haut-parleurs. Elles roucoulent d'un air qui fera son chemin jusque dans le fond des tympans en ajoutant constamment divers éléments soniques qui engraissent la valse des boucles oscillatrices de diSchotomy. En premier lieu, des séquences! Elles se greffent peu à peu, ajoutant des filets de discorde à des lignes oscillatrices qui vont et viennent dans un schéma rythmique motorique. La base reste harmonieuse et continue de rouler son refrain électronique sur un tapis de riffs entêtés. Et les premiers filaments sonores se détachent. À prime abord, on sent une défusion entre deux séquences de mouvements qui reflètent leurs oppositions. Les effets d'écho et de réverbérations sculptent une musique sans répit et qui tourne constamment sur son axe oscillatoire. C'est le principe Manuel Göttsching sur une approche rythmique mathématique à la Kraftwerk. Si une phase reste délicieusement musicale, l'autre enfonce le clou de la déformation avec des ombres de distorsions alors que graduellement, diSchotomy se dirige vers une intensité percussive. Hormis les séquences qui suivent l'arc mélodieux, d'autres roulent en boucles ou papillonnent vivement tout en libérant des touches rebelles qui altèrent les parfaites imperfections séquencées. Attrayant, le jeu des séquenceurs invite des percussions qui peu à peu se transforment en une horde de percussionnistes japonais. Ils matraquent avec du plomb dans leurs mains une phase oscillatrice alors que l'autre enfonce toujours ce refrain qui prend une liberté insoupçonnée avec des vrilles autant acrobatiques qu'harmoniques qui démystifient ce jeu de spirographe rythmique et ses titanesque rotations algorithmiques. Second volet de la trilogie Existence Oscillation de Nothing but Noise, eXistence Oscillation prEsent débute très fort! Après la tempête de diSchotomy, 121212 suit avec un essaim de pulsations et de séquences nerveuses qui évolue sur le même principe de réverbérations et d'écho. Cette base de rythme électronique stationnaire épouse une structure saccadée avec des phases plus spasmodiques et d'autres plus en mode danse. Les synthés sont en mode vrilles harmoniques et lancent des lignes qui roucoulent avec des airs qui descendent des haut-parleurs avec cette approche de Tomita dans Snowflakes are Dancing. Moins encarcané dans un cadre minimaliste, 121212 propose des modifications dans son développement, gardant l'auditeur constamment en mode alerte. C'est la très grande force de cet album qui prend constamment des tournures inattendues.
Dans un contexte d'exploration des barrières oscillatrices, Ostinato prend tout son sens. Une pulsation est à l'origine de tout! Elle sautille et son ombre finement rattachée à son écho en fait une structure stable où se greffent une ligne de séquences plus musicale et des expérimentations dans les tonalités des synthés. Plus court titre d'eXistence Oscillation prEsent, c'est aussi celui qui a accroché mon intérêt à la première écoute. Si le rythme est très déterminé, ses ornements sont aussi entêtés que très séduisants, notamment grâce à des série d'accords plus fragilisés qui sautillent avec une vision plus harmonique ainsi que des nappes de synthé enveloppantes et parfois tributaires de chants spectraux. Prophecy épouse un même modèle mais dans une version plus danse. Le synthé multiplie ici différentes boucles oscillatrices sur une musique dont le charme vient autour de la 7ième minute avec un violoncelle dont on martyrise les cordes. L'ouverture de Torch me fait penser un peu aux rythmes acoustiques de Plastikman. Des cognements de percussions, moins puissantes que dans diSchotomy, vont et viennent sur une structure dont l'écoulement des séquences donnent une impression d'une collection de riffs continuels, un peu comme dans la structure de Prophecy en passant. En fait, les éléments d'ambiances et les discrets filaments d'harmonies se distinguent avec une vague similitude entre Torch et diSchotomy, à cause des nappes de synthé qui évaporent une dimension ambiante, et Ostinato, pour son entêtement rythmique, alors que le décor tourne sur diverses boucles oscillatrices et de bons effets de percussions. Le tout donne inévitablement le goût de réentendre cet album qui se situe littéralement bien à sa place comme second volet d'une fascinante et envoûtante série sur le rôles des oscillations dans l'évolution de la MÉ moderne. Plus fort qu'Existence Oscillation Past et, à juste titre, légèrement moins fort qu'Existence Oscillation (possible) Future! Mais la trilogie Existence Oscillation vaut tout la pesanteur de son or!
Sylvain Lupari (17/09/18) **** ¼*
Disponible au Nothing But Noise Bandcamp
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