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Writer's pictureSylvain Lupari

NUMINA: The Chroma Plateau (2018) (FR)

Updated: Dec 30, 2019

“Vous avez ici ces paysages sonores qui ne cesseront jamais de faire croître votre soif de bonne musique ambiante”

1 Beaming up the Fossils 6:32 2 Bringer of the Beings 9:13 3 Intergalactic Traveller 5:24 4 Where all the Creatures are Dreaming 8:44 5 Mosaic of Whispers 4:17 6 When the Sea Disappears from me 9:42 7 Sky Descender 6:22 8 Living in the Clouds 11:21 9 The Chroma Plateau 9:10 Spotted Peccary ‎| SPM-3601 (CD/DDL 70:44) (Ambient Music)

Je connais la musique de Numina pour en avoir écouté un jet dans l'album Broken Stars Through Brilliant Clouds qu'il a conçu et composé avec Zero Ohms en 2015. THE CHROMA PLATEAU est donc un second album chez Spotted Peccary et son 30ième, plus ou moins, depuis que Dreamsleep soit apparu sur son propre label en 2000. Toujours très à l'aise dans son style Dark Ambient, le styliste des sons du Colorado livre ici un album de musique d'ambiances assez surprenant. Jouant sur des probables influences de Steve Roach, Robert Rich et Byron Metcalf, Jesse Sola, l'homme derrière Numina, propose un album qui joue sur les rôles, tant cosmiques, qu'éthérés et tribaux, avec un doigté extraordinaire. En fait, THE CHROMA PLATEAU est un des rares albums de musique ambiante à m'avoir enchanté aussi rapidement et dont le taux de séduction augmente après chaque nouvelle écoute. Réalisé par le label Spotted Peccary, cette aventure est soigneusement présentée dans une pochette genre portefeuille, comme dans le temps des albums vinyles, ou en format téléchargement de haute résolution. Et j'ai été subjugué par ce superbe album de Numina dont l'architecture sonore est de l'art pour mes oreilles.

L'explication de mon ensorcèlement débute avec des brises caverneuses, et leurs harmonies translucides qui se faufilent à travers les crevasses des grottes, qui ouvrent le panorama ambiant de Beaming up the Fossils. Ce fond de bourdonnements sombres, où fuient des raies translucides, est la toile de fond de la plupart des titres de cet album. Des lames de synthés crissent sur un lit des roches alors que continue ce lourd bourdonnement sourd où suinte une chorale prisonnière entre les diverses couches des rochers. La musique n'a pas d'âges, autant que ces zones chthoniennes qui flirtent avec les vestiges de l'humanité avec des couleurs trompeuses. L'obscurité anfractueuse des lents mouvements valsant tentent d'isoler la clarté des ambiances avec ces nappes de synthé très enjôleuses qui fredonnent ces harmonies d'un synthé par un soir d'apocalypse vu par Vangelis. Pour une musique d'ambiances, la mise en scène de Beaming up the Fossils est totalement séduisante avec sa palette de couleurs qui pousse notre imagination à intervertir les rôles. Comme dans Bringer of the Beings et ses éléments d'harmonies célestes qui sonnent tellement comme l'usage du modulaire Serge et de ses innombrables possibilités, tant au niveau des harmonies que des ambiances. Voilà là un titre imposant et intense. Intergalactic Traveller s'amène avec un beau mouvement d'un séquenceur dont les tonalités limpides jumelées à des ombres plus discrètes sculptent une splendide ritournelle séquencée ambiante. Des nuages de brume, et leurs belles impulsions secrètes, sécrètent des bruines anesthésiantes tout autour de ces multiples spirales dont les effets de canons scintillent dans des vapeurs de plus en plus bourdonnantes. C'est ici que j'ai compris que j'avais un beau petit bijou sonique entre les mains. Where all the Creatures are Dreaming est un titre un peu plus obscur avec des stries lumineuses qui font contrepoids. Ces fissures puisent des effets lumineux et les vents qui les poussent les transforment en de fascinantes ondes de chants éparpillés dans cette dense enveloppe de brises creuses et de bourdonnements légers.

Mosaic of Whispers est moins ténébreux et propose une approche musicale qui reflète très bien le sens de son titre puisque l'on entend réellement des chuchotements soniques dans une mosaïque musicale nettement moins tendue. Un beau titre idéal pour la relaxation. When the Sea Disappears from me est dans la même veine que Intergalactic Traveller mais avec une teinte plus obscure du séquenceur et une enveloppe plus éthérée tissée autour d'effets cosmiques et des nappes de voix célestes. Sky Descender se faufile dans ce lot de 9 titres avec une approche tribale ambiante avec ses riffs de guitare et ses percussions manuelles d'un genre aborigène. Les influences de Steve Roach et Robert Rich sont omniprésentes ici. Très bon! Living in the Clouds est colossal avec sa procession de cognements qui nous permet d'atteindre des nuages. Sauf qu'ici ils sont lents et immobilisés dans leurs membranes d'obscurité où jaillissent toujours ces épiques combats entre la luminosité et ses contrastes ainsi que ces étranges murmures soniques qui vivent à la grandeur de THE CHROMA PLATEAU. Disons que c'est un titre intense avec ses longs bourdonnements circulaires qui nous font découvrir un tapis de sons riches en effets d'un univers parallèle. La pièce-titre conclut ce superbe album de Numina avec ce même mouvement du séquenceur qui étend ses ombres de charme ici avec un mouvement plus vampirique. C'est un coup de foudre! Et ces fascinantes voix qui perlent avec des chants célestes au travers ces rideaux de drones…Un vrai délice! Le meilleur en son genre cet année.

Sylvain Lupari (22/03/18) *****

SynthSequences.com Disponible chez Spotted Peccary Bandcamp

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