“Il y a beaucoup de clins d'œil à Vangelis derrière ce Light Memories dont l'évolution sonore crée beaucoup de mélodies”
Light Memories Part I –XV 72:59
(CD-r 72:59)
(Experimental and melodic Vangelis style EM)
L'influence de Vangelis sur le développement musical et les orientations expérimentales de Olivier Briand est au cœur de son évolution et de son ouverture sur l'art de la MÉ contemporaine. Conçu dans les interstices des sonorités épiques du Yamaha CS80, LIGHT MEMORIES se veut un intermède dans la carrière du synthésiste Nantais où ce dernier rend hommage à Vangelis. Flanqué d'un piano Fender Rhodes Mark II, OB élabore 15 titres qui s'inspirent des mélodies orientales dont les arômes évocatrices fuient les panoramas musicaux de Blade Runner et au-delà.
Light Memories Part I entame l'ouverture avec une approche ambiosphérique. Des notes éparses, sonnant comme un mélange de guitare acoustique et d'un koto japonais, tintent dans des brumes industrielles qui rappellent le noir univers de Blade Runner. D'abord évasif, le titre accouche d'une belle approche mélodieuse qui coule comme des étoiles sifflant dans un ciel noir. Chacune des 15 parties de l'album est nouée par un délicat fil sonique qui fait le lien entre les différents styles de cette symphonie commémorative en égard du Yamaha CS80 tel que manipuler par le musicien autodidacte Grec. Light Memories Part II suit les douceurs lunaires de Part I avant de s'agiter de soubresauts symphoniques qui rappellent la période China. Part III suit avec des ions pulsatoires qui bondissent de leurs résonances sous des nuages prismiques imbibés de pépiements cosmiques. Le rythme est lent et pulse avec entêtement dans les bancs de lignes nasillardes, alors qu'une autre ligne de synthé vocalise un dialecte électronique. Le rythme se détache de son emprise morphique avec d'autres séquences qui pétillent et sautillent librement, tressant une figure de rythme statique qui tournoie dans une structure plus électronique où chante ce synthé aux fascinantes vocalises robotiques. Suit le très beau Part IV et son piano Fender Rhodes qui fait chanter ses notes esseulées dans des brumes de mélancolie. C'est un beau titre léger qui flotte entre nos deux hémisphères avec beaucoup de mélancolie. Part V enchaîne avec une marche électronique cosmique où pulsent d'énormes ventouses organiques dont le bruit des succions étend sa magie vers les tonalités d'élytres de soie. Le synthé brode une litanie de sérénité cosmique qui détonne dans ce rythme statique plus près du tintamarre et de l'exploration sonique. Part VI est une très belle mélodie où les séquences papillonnent en cercle et le synthé chante la liberté. Light Memories Part VII boucle la première moitié de LIGHT MEMORIES avec une très belle sérénade électronique imprégnée d'une absolue tendresse.
Épousant un peu la démarche du lent rythme pulsatoire de Chariots of Fire, Part VIII fini par étreindre une ambiance de lounge avec un synthé aux solos qui empruntent les odeurs de trompettes nasillardes. Le Rhodes étend des syllabes avec une fine prose harmonique digne des improvisations des soirées de free-jazz. Très léger, Part IX étale ses chants célestes dont les souffles de Pan s'arriment aux poussières cosmiques du très larmoyant Part X. Part XI s'inspire de la prose asiatique de Part II mais avec un rythme plus soutenu. Part XII est une autre belle sérénade lunaire qui se sifflote sur le bord de la solitude. Délicat et très beau, sa mélancolie plonge dans l'étonnant down-tempo aux allures de doux jazz qu'est Part XIII et de sa surprenante ligne de basse. Il y a quasiment un parfum arabique sur ce titre. On avance vers la finale et pour ce faire, OB nous offre son joyau en Light Memories Part XIV dont la superbe ballade se perd dans des souvenirs de Direct. C'est très bon et on n'a jamais vu venir. Light Memories Part XV clôture cette fantaisie sonique avec une immersion de bizarreries et bruits hétéroclites analogues/digitaux qui rappellent tout le travail de minutie qui entourait les grandes œuvres électroniques.
LIGHT MEMORIES est un album plus personnel à Olivier Briand qui se fait plaisir en travaillant avec les instruments d'une de ses principales sources d'inspiration. Il y a beaucoup de clin d'œil aux œuvres de Vangelis derrière cette fascinante aubade électronique où les bruits et les étranges ambiances s'assemblent afin de créer une multitude de mélodies qui s'arriment à des rythmes imaginatifs. Et même dans l'expérimentation, Olivier réussit toujours à broder des mélodies qui font sourirent les oreilles. Principalement pour les fans de Vangelis, LIGHT MEMORIES reste un fascinant album pour ceux qui veulent comprendre les cheminements des structures électroniques.
Sylvain Lupari (19/12/13) ***½**
Disponible au PWM Distrib
Comments