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Writer's pictureSylvain Lupari

OLIVIER BRIAND: The Tape (2014) (FR)

Comme Phillipe Valin l'a écrit; The Tape est le Moondawn d'Olivier Briand. C'est ce qu'est la MÉ!

1 Part I 10:37 2 Part II 8:30 3 Part III 2:04 4 Part IV 5:31 5 Part V 16:58 6 Part VI 3:21 7 Part VII 9:48 8 Part VIII 4:49 PWM Association

(CD-r 61:44) (Mix of vintage, modern and avant-gardist EM)

Mon distingué confrère à la plume très esthétique Phillipe Valin, dont je suis un assidu de son très bon Blog; Clair & Obscur, qualifie ce dernier album d'Olivier Briand comme étant ni plus ni moins son Moondawn. Sa cotation monte jusqu'à 9.5! Connaissant son appétit très sélective pour la musique du genre, je n'avais que de plus en plus hâte d'écouter ce dernier album de celui qui m'avait soulevé de terre avec le trop bon Transparences en 2011. Et après quelques écoutes, je dois de me ranger derrière Philippe; THE TAPE est dans la lignée des grands. Non seulement le meilleur de Briand mais le meilleur album de 2014! Voici pourquoi...

Faut pas se laisser abattre par l'approche très ambiosphérique de Part I afin de jauger, ni juger ce tout dernier album d'Olivier Briand. Tranquillement, le synthésiste Nantais met la table. Un synthé aux tonalités nasillardes siffle ses airs quelque peu enjoués qui roucoulent dans des bancs de brumes dont la nébulosité caresse un douillet ruisselet de séquences prismiques. Tout doucement on se laisse envoûter. Une ligne de basse fait pulser des ions sauteurs alors que le synthé troque ses chants charmeurs pour ceux d'un rossignol aux teintes de jazz qui s'époumone toujours et encore dans un décor sonique de plus en plus enchanteur. Un décor qui renaît des vastes étendues réverbérantes des ondes de la basse. Et comme rien n'est jamais stigmatiser dans la facilité dans l'univers d'Olivier Briand, Part I plonge un peu dans l'indiscipline ambiosphérique avec des solos sans chefs qui caressent maintenant une approche plus cosmique ainsi que de faibles brises d'Orion. Ce qui a toujours différencie la musique de Briand est sa viscérale envie de redonner aux synthés les lettres de noblesse qu'ils ont perdus dans toute cette mare de séquences harmoniques de la New Berlin School. Ici il emplit nos oreilles de délicats parfums électroniques avec des solos aux mille torsades, hypnotisant notre attention qui perçoit bien ces séquences et ces percussions qui naissent et renaissent dans un micmac sonique où chatoient les prismes ondulants des séquences et s'entrelacent des solos aux airs de violon esseulés. Peu à peu, le désordre ambiant de Part I se fond dans la structure de Part II et de son intro où l'on croit croiser un monde nocturne amphibien. Le mouvement de séquences tisse un rythme ambiant qui chatoie comme les rythmes statiques des années Jive de Tangerine Dream. On entend des élytres de métal papillonner dans les brumes célestes et les longs gargouillis d'une bête organique. Et les séquences se mettent à danser, à sautiller. Le mouvement de séquences effectue de brefs ruades avec des ions qui dansottent surplace, augmentant subtilement une cadence qui agrippe vivement une lourde ligne de basse pulsatrice. Il y a un genre de trame dramatique qui nous mord les tympans avec une brume menaçante qui flotte toujours en arrière-plan. La tension monte. On le sent! Les élytres claquent de plus en plus et les solos deviennent de plus en plus agressif. Et lorsque les percussions de Mourad Ait Abdelmalek déboulent; je comprends l'analogie avec Moondawn! Elles roulent sur une délicieuse structure de rythme des années analogues. Et elles flottent sur les ailes de brume autant qu'elles bousculent les harmonies dissonantes des nombreux solos de synthé aux tonalités autant moqueuses que nasillardes. Le jeu de Mourad Ait Abdelmalek est sublime. Très près de Harald Grosskpof avec des frappes chirurgicales qui enrichissent cette symbiose électronique/acoustique tout en donnant une impression du direct qui flotte tout au long de THE TAPE.

Le mouvement rythmique du court Part III éveille en moi les séquences de Richard Pinhas dans son East-West. Les solos de synthé sont tout aussi stridents mais étonnement très harmonieux. Nous sommes dans un espèce de territoire encore vierge où l'analogue flirte avec le numérique et c'est encore plus probant avec l'intro de Part IV alors que les synthés qui rappelle Jean-Michel Jarre et son Revolutions. Le synthé, de même que les ambiances et sa structure de rythme en perpétuelle restructuration, rappellera avec délices ceux d'Edgar Froese dans ses albums Stuntman et Pinnacles. Tranquillement on dévie vers le sublime Part V et de son fameux duel entre séquenceur et Mourad Ait Abdelmalek. La longue intro amplifie à chaque seconde l'explosion à venir avec des percussions électroniques et des séquences toujours aussi miroitantes. La batteries s'invite au duel vers la 7ième minute, donnant toute la latitude analogique à d'autres brillants solos (c'était trop facile) d'Olivier Briand. C'est aussi sublime que Part II, même un peu plus violent. Mais pas autant affamé que sur Part VI dont le pont est toujours aussi savoureusement ambio-cosmique. C'est du space-rock avec des ruades de free-jazz qui éparpille sa fureur dans les premières minutes de Part VII qui revisite un peu, dans une structure plus rock, Part II et Part V. Sauf que j'entends ces crépitements de percussions de Richard Pinhas ici. Du Pinhas, du Schulze et du Dream! Tout ça dans une pure enveloppe électronique. Que demander de plus? Et tranquillement THE TAPE fonce vers ses dernières minutes. Et pas question que ça se termine dans des ambiances méditatives. Non! Part VIII anime les derniers instants avec une belle bataille entre séquences et percussions électroniques dont les frappes et les ruades gigotent sous un tapis d'ambiances électroniques contemporaines. La boucle est bouclée!

Pourquoi le meilleur après des albums tel que Node 2 et Umbra de Arc? Au-delà du fait que nous avons cette très perceptible sensation d'avoir les oreilles rivées à un mini récital, la grande force réside dans ce superbe mélange de vieux et de moderne. Les vieux parfums analogues de Schulze et Pinhas mélangés aux rythmes purs de Jarre et aux séquences des années Jive de Tangerine Dream. Olivier Briand ratisse très large. Et il le fait avec une vision où l'esprit du rock cosmique des années vintage peut côtoyer à merveille les nouvelles folies permises par les infinis possibilités de la MÉ et de ses accessoires. Et avouez que de Schulze à TD, en passant par Jarre et Pinhas, il y a de quoi charmer les plus difficiles.

Sylvain Lupari (22 Janvier 2015) *****

Disponible au PWM Distrib

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