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Writer's pictureSylvain Lupari

Otarion Logos (2023) (FR)

Un autre superbe album de MÉ narrative qui a ce don de tourmenter notre âme

1 Announcement of the Savior 9:21

2 Birth of the Lord 4:03

3 John the Baptist and the Baptism of Jesus 3:10

4 Temptation in the Desert 7:24

5 The Spirit of the Lord is upon me 3:53

6 The Transfiguration 7:25

7 Jesus Prayer 5:30

8 Exaltation on the Cross 9:07

9 Sheol 2:45

10 Resurrection of Jesus Christ 7:26

11 The Ascension 4:49

12 Pentecost 8:42

(CD-(r)/DDL 73:42)

(Progressive E-Rock, Cinema)

Autant le spécifier d'entrée de jeu; les croisades, les massacres et les scandales sexuelles qui survolent l'histoire de la religion chrétienne depuis toujours ont juste fait de moi un athée. Paradoxalement, j'aime bien écouter ces longs métrages vantant les histoires de Moise et de Jésus Christ qui pullulent nos écrans de télévision lors des congés pascaux. Et je me suis dit, tiens, c'est peut-être le temps de parler de ce nouvel opus de Otarion intitulé LOGOS. Initialement, je pensais que c'était un clin d'œil à la musique de Tangerine Dream. Et pourtant, dès la première écoute je sentais que la nouvelle offrande de Rainer Klein avait plus des airs pastoraux que des fragrances de la musique électronique (MÉ) des années métalliques du trio Franke, Froese et Schmoelling. Il y a une intensité cinématographique plutôt biblique qui plane sur les 12 structures, exception faite de Pentecost, de ce nouvel album que MellowJet Records vient de produire en format CD-(r) et en téléchargement sur son site web. Marchant sur les sillons lyriques de No Time Was Lost et de Prayer from the Deep, LOGOS propose des structures narratives avec des mélodies scintillantes qui tissent de beaux vers-d'oreilles, et une forte essence cinématographique reliée à des nappes, comme à des souffles de basse qui projettent des auras dramatiques.

Une brise élégiaque est à l'origine de Announcement of the Savior . Une ligne de rythme à peine discernable ondule assez vivement dans le décor, créant une approche zigzagante sous les réverbérations d'une nappe de basse qui projette une aura cinémato-dramatique. Les percussions se déchainent autour des 140 secondes, donnant un élan fougueux à un rock électronique entrainant. Une ligne d'arpèges moirés s'y greffe et fait scintiller un chant récurrent alors que la basse étourdit les sens avec une présence qui chevauche le dynamisme des percussions. Le rythme est entrecoupé par de courtes phases, par deux fois et excluant la finale, de mélodies méditatives avant de revenir à sa base avec une série de riffs, une mélodie cadencée et surtout des mugissements de guitare qui flirtent avec le style dramatique de Coldplay. Le titre se termine sous des sinueuses ombres réverbérantes où reposent de courtes mélodies ambiantes d'une guitare électrique. Birth of the Lord fait tinter une douce mélodie séraphique dans son ouverture. Les arpèges qui dansent et chantonnent se multiplient dans un carrousel aux harmonies cadencées qui scintillent comme une chorale d'étoiles de Bethléem. La structure de rythme reste dans la même dimension que celle du titre précédent et puise son intensité émotive dans ces riffs et ces étoiles chantantes qui accompagnent sa progression. John the Baptist and the Baptism of Jesus propose une structure de rythme idéale pour faire danser nos neurones. Un peu comme le titre précédent, la musique est centrée sur une approche mélodieuse du clavier qui fait planer une mélodie comme une grosse feuille tombant en spirale virevoltante d'un arbre imaginaire. C'est un titre léger qui borde le Easy Listening et le New Age. D'un autre côté, sa seconde partie est plus ténébreuse avec un rythme qui bouillonne un peu plus dans un état statique. Temptation in the Desert est un titre très intense avec des bouts de mélodies qui saisissent l'âme sur un rythme lent et un ciel lourd qui est couvert par des nuées de riffs de guitare et d'arrangements orchestraux. Le clavier visse une mélodie empirique avec une cadence qui épouse celles des percussions. Le titre est scindé en 3 parties par des phases moins intenses où les percussions labourent toujours un rythme lent et légèrement entrainant, comme une valse du rock. The Spirit of the Lord is upon me est plus du genre ambient méditatif avec des lignes de synthé remplies d'émotion qui valsent sur le lit des réverbérations que procurent la texture dramatique des ombres de la basse. Un très beau piano y couche une mélodie qui fait son effet sur les cordes de notre âme. Court et beau!

Il y a des moments dans les albums d'Otarion où on voudrait arrêter le temps. The Transfiguration est un de ces moments! C'est un beau titre rempli d'ondes vibratoires qui tissent un dense panorama d'émotions et de tendresse. Les doigts magiques de Rainer Klein transposent sa nostalgie sur un piano aux harmonies si sensibles que notre épine dorsale cherche à sortir de notre corps. Les violons orchestrent un moment de passive captivité à cette musique que des percussions alourdissent dans une dimension de slow tempo qui se danse dans les nuages. Ensuite, la guitare complète un tandem avec le clavier en chantant ces airs geignards et mélancoliques qui rendent nos genoux mous. Que c'est beau! Et Jesus Prayer est dans une continuation, mais en plus ambiant méditatif. Exaltation on the Cross se pose entre les oreilles avec une structure d'arpèges séquencés qui ondulent et miroitent comme un lointain air de Halloween. La lourdeur de la basse étend un tapis de réverbérations radioactives, amenant une touche dramatique à une ouverture plus sibylline que séraphique. Le titre évolue dans une approche de rythme sans entrain pourvue par des percussions qui pilonnent une structure qui devient intensément dramatique. Surtout lorsque les riffs de la guitare se mettre à mordre dans cette vision plus cinématographique que rythmique d'un titre alimenté autant par des arpèges séquencés, des ombres de basse bourdonnantes, des lamentations ocrées par un synthé en mode jérémiades de l'enfer et des percussions aussi solides que l'étendue des riffs de guitare. La mélodie qui perce ce velum d'intensité de ses 6 accords est du genre à tisser un ver-d'oreille, alors que la nappe d'orgue nous plonge dans un univers plus ténébreux que lumineux. Sheol est un court intermède aussi important que The Spirit of the Lord is upon me et Jesus Prayer. Sa lointaine mélodie traverse les frontières de Resurrection of Jesus Christ pour y briller avec plus de musicalité. Construite sur le même principe que Exaltation on the Cross et avec la fougue mélodramatique de Transfiguration, la musique a une vision plus cinématographique que rythmique, sans pourtant être un genre atmosphérique méditatif. C'est mélodieux et méditatif avec des élans dramatiques bien vissés dans l'essor des percussions et des lamentations de cette fusion synthé/guitare qui domine quelques panoramas de LOGOS. Et ces chétives perles musicales de cristal qui font trainer leurs sillons mélodieux dans les horizons du titre sont aussi poignantes qu'une lame de larme. Nous les entendons encore, une fois que l'album est terminé! The Ascension est le plus électronique des titres ambiants de l'album. C'est un titre assez intense à cause de son panorama teinté d'une essence écarlate. Dans une structure qui évolue vers un rock électronique plus sobre et moins cinématographique, Pentecost conclut LOGOS avec une musique construite sur les principes des 5 autres longs titres de cet album qui m'a charmé autant que Constellations and the Red Thread Front, un très bel album de Otarion qu'il a réalisé en 2016.

Sylvain Lupari (10/04/23) ****½*

Disponible chez MellowJet Records

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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