“Cet album est très fort et surtout superbement très intense, poignant”
1 The shore of Japho 6:06
2 Second Call 9:52
3 A New Chance 5:38
4 Advancing Message 6:38
5 The Bleached Face 5:32
6 A Day's Journey 6:32
7 Call to Repentance 12:57
8 40 Days to Destruction 6:41
9 The Reversal 6:00
10 Grace to Ninive 4:48
(CD-r/DDL 70:49)
(Heavy progressive E-Rock, OST)
Elle est toute délicate! Cette mélodie ambiante, scintillant de ses carillons harmonieux, qui ouvre ce second chapitre du voyage de Jonah. Peu à peu, cette mélodie transfère le poids de son ambiguïté aux ambiances qui la cernent, faisant ainsi monter la charge dramatique de The Shore of Japho. Des larmes de synthé-guitare étirent le suspense alors que des lignes de basse et d'orgue conjuguent leurs efforts afin de faire monter ce crescendo qui titillera nos émotions tout au long de ce NO TIME WAS LOST, suite attendue de Prayer from the Deep. Le rythme qui tombe est lourd et lent, trainant cet amalgame de riffs de clavier et de guitare jusqu'à son explosion pour de heavy-métal électronique 30 secondes après la 4ième minute. Une brève explosion avant que The Shore of Japho retourne au berceau de son piano. Ah…Le voilà ce second volet de la désobéissance et des aventures de Jonah. Suivant l'élan de son superbe Extensive, Otarion nous entraine dans un lourd 71 minutes d'une MÉ néo-progressive où les instincts de Mostly Autumn se fondent aux visions cinématographiques de Picture Palace Music, notamment dans les traitements et les effets des guitares. Divisé entre les ballades à la Coldplay divinement couchées par un piano des plus émouvants et les structures hargneusement lapidées par des riffs de six-cordes électriques, NO TIME WAS LOST offre colère et tendresse, impénitence et repenti à travers 10 titres liés par un filament mélodieux qui prend place et position sous des formes différentes, mais pas tant!
Comme Otarion nous a habitué au fil de ses albums, sa musique exploite tous ces filons qui donnent tant de frissons, comme avec ces complaintes de guitare qui se fondent en pleurs synthétisés. Second Call offre un rythme lourd et lent avec de bonnes percussions, on dirait un vrai batteur, d'où s’extirpe une belle ligne mélodieuse expiée par un synthé criant à la hauteur de sa gamme. Le clavier qui tombe fait Coldplay avec ce chevrotement à peine audible. Le titre atteint un premier pont d'ambiances, toujours accompagné par des notes hautes et touchantes, pour fondre dans un ballet statique lourd et statique. Deuxième pont et Second Call mord nos tympans avec des riffs lourds. Cette dernière phase est intense avec un barrage de Hard-métal qui accentue ce sentiment orageux, belliqueux qui est l'ombre principal de Second Call. A New Chance est cousu dans la tendresse! Une première mélodie circulaire du piano est séquencée pour tourner en mode minimaliste. Une seconde mélodie, toujours aussi délicate, vient jouer dans ce cercle en même temps qu'une onde de synthé découpée en un staccato pour violon seul. Un pont en rythme ajoute un élément de suspense émotif alors que le titre se sauve à dos de cheval dans un empire de violons et autres arrangements orchestraux, incluant cette guitare hurlante. Et on revient à la case départ pour un autre tour, juste en tendresse. De la tendresse! Il y en a plein dans cet album qui met aussi la violence comme partenaire de danse. C'est un peu beaucoup l'histoire de Advancing Message qui laisse entendre une belle mélodie pianotée tournée dans une structure d'ambiances refoulant les assauts rythmiques. Augmentant son intensité théâtrale avec une guitare pleurant en tournant avec le clavier, ce titre devient une splendide ballade qui m'a particulièrement touché. Cousu un peu dans le même fil, The Bleached Face propose une structure beaucoup plus vive et autant intense. Une ballade ambiante pour schizophrène roi de son territoire imaginaire, elle émiette son intensité dans une phase ambiante avec une voix de déesse Elfique maîtresse des lieux.
On reste piégé dans cette phase nébulosité qui s'est emparé de l'album à l'orée de A New Chance avec A Day's Journey qui laisse tomber ses riffs dont les échos tissent une mosaïque sonore secouée par les spasmes des basse-pulsations. L'oreille braquée sur cet effet ne canalise pas son attention sur une toile sous-jacente qui fomente du heavy rock trahie par un jeu de percussions de batterie. L'intensité et l'émotivité tombent après la seconde minute, ramenant cette combinaison orgue et guitare qui tissait ces ténébreuses ambiances de heavy-rock électronique que l'on retrouvait au début de NO TIME WAS LOST. On dirait la ballade de Lord Anvil dans son usine de fabrications d'enclumes. Intensité et émotivité! Il y en a au pouce carré dans Call to Repentance. En premier lieu il y a cette mélodie circulaire qui nous semble familière et qui accueille dans son cercle une autre vision mélodieuse appuyée par une ligne de basse. Le mouvement est circulaire avec une texture pour le drame, notamment avec ces riffs hurleurs à la Thorsten Quaeschning dans la musique théâtrale de PPM. Des percussions aux teintes métalliques restructurent le rythme en une puissante ballade qui retient les ficelles de l'intensité pour amener Call to Repentance dans une phase de rock ambiant qui peu à peu gruge ses liens pour s'en libérer totalement après le point des 6 minutes. La structure devient rageuse avec une guitare aussi affamée que la batterie et une autre ligne de guitare qui lance riffs par-dessus ses effets spectraux. Si on cherchait le sommet le plus intense de NO TIME WAS LOST, on le trouve dans ce passage explosif qui se repente pour une phase plus sereine qui sera les derniers moments de Call to Repentance. Après le ton sobre d'un hautbois et celui plus nasillard du clavecin, 40 Days to Destruction fait avancer sa machine à destruction avec des coups de percussions sautillant nerveusement d'une frappe à l'autre. Jouant énormément sur l'apparence prismatique de ses ambiances, Otarion morcelle sa colère entre les percussions et de très bons éléments de guitare dans une procession sans fin. The Reversal est un autre point fort de cet album avec un beau piano qui dresse sa mélodie dans une structure rêveuse à une phase de rock ballade efficace à cause de son crescendo émotif lié à un solide solo d'une guitare et de ses effets pour une finale dramatique. L'album aurait dû s'arrêter aux derniers balbutiements du piano pour une conclusion parfaite. En place et lieu, Grace to Ninive nait de ces ondes destructives, de ces poussières radioactives où le piano a encore cette force du délire. Étirant ainsi une autre conclusion viable mais sans l'intensité dramatique de The Reversal.
La rage contenue dans Prayer from the Deep explose dans plusieurs endroits sur NO TIME WAS LOST. Otarion y va même pour des solos de guitare dans un environnement électronique malmené par de bonnes percussions. De très bonnes percussions même qui nous attirent encore plus dans des zones de rock. La question maintenant est de savoir jusqu'où Rainer Klein ira pour son prochain album. Celui-ci est très fort et surtout superbement très intense, voire dramatique…
Sylvain Lupari (17/05/21) ****¼*
Disponible chez MellowJet Records
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