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Writer's pictureSylvain Lupari

OWANN: Eternal Return (2016) (FR)

Entre rythmes et ambiances, la musique ici voyage avec l'élégance des plus beaux poèmes soniques

1 Return to Sils-Maria 9:40 2 Frozen 5:56 3 White Forest 6:48 4 Silvaplana 15:40 5 Muottas Muragl 5:25 6 Eternal Return 8:00 7 Walking in Surlei 20:12 8 Memories 4:24 Wool-E Discs | WED006

(Digipak / DDL 76:05)

(Mostly ambient Berlin School)

Comme des vents venant des cimes glacées, un lointain bourdonnement balaie les horizons de Return to Sils-Maria. On y entend des vagues rouler dans l’air, comme ces bancs de neige qui dévalent les montagnes. Et puis, le bruit du vide qui étend son voile de désolation. Et tout derrière ces 90 secondes, un splendide mouvement de séquences limpides perce le mystère et dessine des cercles sphéroïdaux dont les gracieux mouvements de fées ballerines tournoient sur les lentes amplitudes d'une ligne de basse tout à fait délectable. On danse et on danse dans notre tête avec ces fées, comme on valse sur de la glace théâtrale où bascule les brouillards et les frimas du froid. Nous ne sommes pas seul. Non! Des nappes de synthé aux parfums aussi lourds que noirs enveloppent ces étreintes avec l'irréel, donnant ainsi plus de tonus au rythme circulaire de Return to Sils-Maria qui est une superbe ouverture à ce 2ième album tant attendu d'Owann. Inspiré par les nombreux séjours du philosophe Allemand Friedrich Nietzsche à Sils-Maria entre 1881 et 1883, Johan De Paepe entreprit une forme de pèlerinage musical à l’hiver 2016. Soufflé par la beauté des paysages, son périple lui inspira le titre ETERNAL RETURN d'après un concept, un contenu de pensées écrit par Friedrich Nietzsche lors d'un séjour dans le décor enchanteur de ce petit village de la Suisse. Ce recueil sonique d’Owann est ainsi calqué sur le modèle du très beau Particles; un album intensément poétique. Et entre rythmes et ambiances, sa musique voyage avec l'élégance des plus beaux poèmes soniques.

Après ce petit bijou qu'est Return to Sils-Maria, Frozen nous jette dans un état d'hibernation avec de lentes nappes de synthé gorgées de tonalités grésillantes et graves qui infusent un délicat parfum sibyllin. L'ondulation des nappes fait chanter le froid dans un univers d'ambiances aussi pénétrant que celui de Steve Roach. L'ouverture de White Forest est comme une fine bruine qui cristallise son emprise. Si le mouvement est lent, il n'en reste pas moins mélodieux avec un piano qui jette ses notes comme des milliers de branches qui éclatent sous la torture du froid. On y entend même les fantômes de la forêt pleurnicher de solitude, on peut même imaginer leurs souffles se figer dans le froid alors que l'écho des notes du clavier se perd avec ces lourds effets de réverbérations qui tapissent le décor lunaire de ETERNAL RETURN. Après une introduction d'ambiances où nos oreilles se béatifient devant un concert de drones qui accumulent ses lamentations irisées dans une symphonie pour bourdonnements frigorifiés, Silvaplanachatoie entre nos oreilles comme ces mirages de Michael Stearns dans M'Ocean! Fluides mais relativement calmes, les ondes séquencées superposent des boucles de rythme statiques qui échappent des filets harmoniques répétitifs où se cachent des murmures et fredonnements d’une chorale astrale. C'est un titre tout simplement superbe qui peu à peu épouse un très bon slow morphique.

Muottas Muragl est un croisement entre les ambiances de Frozen et de White Forest avec des accords d'un clavier qui dévoile une saveur de Steve Howe avec ses notes pincées. Intense et dramatique, comme la pièce-titre qui propose aussi une muraille de souffles et de bourdonnements dans une enveloppe plus chaleureuse et aussi plus sibylline. La même recette est conservée pour le sublime Walking in Surlei qui gravira toutes les routes de la MÉ de style Berlin School avec sa structure de rythme délicatement saccadée où les séquences possèdent ce souffle de flûte de verre tout en gardant une approche percussive. Un large tapis de brume détache des filaments qui rôdent comme des spectres affamés. Tout simplement jouissif. La musique plonge dans un néant ambiosonique après la barre des 8:30 minutes, là où se terrent aussi un fin mouvement de séquences à la Klaus Schulze contemporain. Le tempo renaît quelque 90 secondes plus loin. Aussi beau et magnétique que sa première phase, il adopte une approche plus près de l'Électronica avec un beau down-tempo morphique. Les claquements, la chorale muette et les effets de drones réverbérants amènent ce splendide titre dans un territoire tout à fait inattendu. Brillant! Chapeau Owann pour ce titre. Memories conclut ce superbe album de Johan De Paepe avec un piano qui jette ses notes comme on trie ses souvenirs. La mélodie qui en résulte est comme une ondée de larmes sur les plus beaux moments d’un passage d’une vie déjà trop loin. Oui, un très bel album mes amis….

Sylvain Lupari (29/11/16) ****½*

Disponible au Owann Bandcamp

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