“Un premier album surprenant où Owann chevauche les principaux genres de la MÉ moderne”
1 Close your Eyes 5:28
2 Early Spring Morning River 4:12
3 One Day we will Walk Together 8:46
4 Molecular Orbital 7:39
5 Inside the Crowd 6:21
6 Running on Empty 9:02
7 Eclipse 8:55
8 Silent Rain 6:27
9 Particle Illusions 3:19
10 Ocean of Tranquility 7:39
11 Yaghan 6:31
Owann Music (DDL 74:25)
(Mostly ambient Berlin School)
La fièvre de la MÉ, que ce soit le style ambiant, psybient ou le modèle Berliner, étend sa migration épidémique vers les territoires Belges. Certes il y a toujours Dany Budts, et son projet Syndromeda, ainsi que Walter Christian Rothe, pour Pillion, qui sont de très vénérables porte-étendards de cette terre d'effervescence culturelle. Puis sont venu Nisus, The Roswell Incident et By Senses. Et je suis certain qu'il y a toujours des noms méconnus qui peaufinent l'art et ses styles. Et puis il y a ce fameux B-Wave Festival à Limbourg où à chaque automne des artistes locaux et internationaux en mettent plein les oreilles, et la vue, à des centaines de spectateurs qui reviennent avec d'autres nouveaux adeptes contaminés l'année d'après. Owann, prononcé Johan, est le dernier venu de cette scène. Un proche ami de Didier BySenses Dewachtere, d'ailleurs les deux forment le projet 3 Towers qui sera en spectacle au prochain B-Wave Festival, Johan De Paepe offre un premier opus fortement calqué sur le modèle de Frigments-Fragments, premier opus aussi de son ami BySenses. PARTICLES propose une brochette de 11 titres qui chevauchent les styles ambiants méditatifs ou flottants, le genre éthéré séraphique et filmique ainsi que le Berlin School tant vintage que contemporain. C'est un album assez surprenant, et tout autant séduisant, pour quelqu'un qui a commencé à composer sa musique il y a 4 ans à peine.
Close your Eyes débute cette première odyssée sonique de Owann par un arrêt dans les terres de la contemplativité. C'est un titre ambiant très enveloppant où on a l'impression que les cieux déballent leurs longues ailes de sérénité pour nous amener loin des vacarmes terrestres. Le voyage astral est lent et nous flottons avec la grâce d'un grand cygne qui déploie ses longues ailes pour nous amener là où les gouttes soniques sont plus parfumées de tristesse que mouillée de sons sans âme. Je trouve la signature d'Owann pour sa musique ambiante très généreuse en émotions. Il y a plein de beaux arrangements. Des titres comme Eclipse, Silent Rain, Ocean of Tranquility et le sombre Yaghan sont aussi intenses que très célestes avec des nappes de voix qui flottent dans des lignes de synthé aux couleurs irisées et/ou des larmes de violons très penseurs. Par moments des arpèges y tintent avec une délicatesse inouïe, forgeant des mélodies astrales qui égarent leurs airs dans des parfums séraphiques et les lentes colères du dieu Éole. Early Spring Morning River est une douce mélodie minimaliste dont les ombres et les échos des notes forgent un genre de canon sonique modelé dans un beau duel entre deux lignes de piano que des larmes de violons étreint d'une profonde approche mélancolique. Ça fait très Philip Glass. Ça fait aussi très musique de film, comme One Day we will Walk Together qui est un titre sombre, très mélancolique avec un rythme très délicat, comme une berceuse gothique. C'est un titre assez émouvant où les notes augmentent leurs intensités émotives à mesure que la musique progresse. Molecular Orbital est une autre petite ballade ambiante. Le rythme est mou. Appuyé sur de sobres percussions qui compétitionnent avec des pulsations plus vives, des battements plus rapides, il soulève une nuée de séquences qui virevoltent comme des étincelles d'un fort brasier montant vers un ciel cerné par de beaux arrangements orchestraux. L'introduction de Inside the Crowd nous plonge littéralement dans le cœur des murmures d'une foule avant que la musique étende un voile mortuaire qui ondule comme une lente procession funèbre. Encore là, Owann infuse à sa musique des nuances dans les tons, dans les lamentations, sculptant un paysage sonique bourré d'émotivité. Running on Empty est le titre le plus long et le plus savoureux de cette collection de PARTICLES. C'est un titre lourd et vivant qui est dans l'esprit d'un bon Berlin School sombre et audacieux. Les séquences sont comme des particules soniques qui virevoltent comme de la neige folle trappée dans des vents contraires. Elles sont vives et papillonnent comme des oiseaux-mouches, traçant de brèves saccades nerveuses. Isolées au départ, elles sont vite happées par un lourd et vif mouvement de basse et de ses pulsations qui forgent un genre de parcours pour un train furieux qui roule à vive allure en terrain découvert ou à flanc de montagnes et baisse son intensité, par un bel effet feutré, lorsqu'il ausculte les profondeurs et les sinuosités des grottes. Les effets font très Redshift, le rythme déraillant aussi, avec des lamentations de synthé qui frôlent les sombres ambiances patibulaires de la Berlin School gothique anglaise. C'est très bon. Un des bons titres dans le genre cette année. Particle Illusions est plus dans le genre New Berlin School avec des arômes d'un Tangerine Dream plus contemporain. Les séquences se dandinent dans un mouvement de synth-pop électronique à la Jean-Michel Jarre, notamment avec des claquements métalliques et une pulsation vrombissante d'une ligne de basse pulsatrice. C'est un bon titre très accrocheur qui reflète la très grande versatilité d'un album assez séduisant et d'un artiste de qui j'ai vraiment hâte d'en entendre plus.
Sylvain Lupari (15/06/15) *****
Disponible au Owann Bandcamp
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