“Cyclical Dreams excelle dans l'art de produire de la grande (MÉ) contemporaine. Voici un autre de leurs joyaux”
1 Alex's Eyes 5:10
2 Orange Architecture 9:09
3 Dystopian Future 4:59
4 Darkness and Day (feat Francisco Nicosia) 6:30
5 Playing in the Rain 4:52
6 Walk Along the River 10:40
7 Skybreak House 6:36
(DDL 47:58) (V.F.)
(Progressive TD's Berlin School)
C'est avec une onde amplifiant sa mesure que Alex's Eyesfait tinter ses premiers arpèges entre nos oreilles. Si l'introduction est statique, la musicalité s'installe assez vite avec une série d'arpèges séquencés qui vont et viennent par à-coups sous un voile de brume qui allie orchestrations et fredonnements. Teutonique et mélodique, un peu comme Kraftwerk, le rythme s'agrippe à une bonne ligne de basses-séquences pour sculpter une dance robotique. Des effets sonores ayant un rendement percussif ambiant s'insèrent un peu avant que les percussions arrivent, une 20taine de secondes après la 2ième minute, pour solidifier une structure rythmique aussi entrainante que sa mélodie est séduisante. Les ondes électroniques qui encerclent Alex's Eyes ramènent nos oreilles à une époque aussi lointaine que ces mélodies qui nous faisaient vibrer dans Radio-Activity du quatuor de Düsseldorf. Cette très belle structure de musique électronique (MÉ) donne le coup d'envoi à un séduisant premier album-téléchargement de Pabellón Sintético, nom de plume de Pablo Bilbao un des co-fondateurs de Cyclical Dreams. Il fait aussi parti de Cartas de Japón, qui nous a donné l'excellent Sequence at the End of the World, et nous a fait connaître une partie de son talent sur la compilation Dreams #1 en plus d'avoir participé à l'album de Lucas Tripaldi, Antes de la lluvia. Inspiré par des dessins, du genre que l'on voit sur la pochette, et du film A Clockwork Orange, INSTRUCTION FOR BUILDING AN ORANGE propose une large palette de styles qui vont de MÉ complexe à un style plus accessible, comme Alex's Eyes, Dystopian Future et Playing in the Rain, des titres à la mélodie et au rythme très accrocheur. L'ordre des titres est très bien pensé de façon à maintenir l'intérêt, plus que justifié, de celui qui part à la découverte d'un très bon album remplis de surprises et de clins d'œil aux années vintages.
Un très bon album qui demande de l'écoute puisque que certains titres manquent totalement d'homogénéité et offre des structures qui évoluent assez souvent dans un laps de temps assez court. Prenons Orange Architecture! Une fois le goulot débarrassé, l'ouverture fluide libère une série de pulsations liquéfiées sous des nappes de synthé mellotronnées. Cette ouverture, qui s'étend sur plus de 120 secondes, débouche sur un mouvement circulaire d'arpèges qui vont et viennent avec des tonalités miroitantes. Une 3ième phase se prépare quelques secondes plus tard en élaborant une structure ascendante dans ce qu'il y a de plus Berlin School. Le mouvement rotatoire tourne avec l'ombre de sa résonnance sous les nappes bleuâtres des ondes de synthé. Des effets de percussions pétillent ici et là, lançant cette invitation aux percussions qui solidifient l'ossature rythmique de Orange Architecture qui est maintenant prêt à nous lancer de très beaux solos avec un léger soupçon de flûte. La magie s'estompe entre la 5ième et 6ième minute lorsque les pulsations, plus ordonnées, de l'introduction jaillissent à nouveau en faisant tandem avec des éléments percussifs jusqu'à ce qu'une ombre de basse menace le titre de l'entraîner dans une finale tout en rythme et ambiances. Il y a de bons effets percussifs sur ce titre, ainsi que sur Dystopian Future qui offre une belle mélodie sur un tapis d'ions séquencés qui se font dribbler à la Chris Franke. Darkness and Day est un titre composé avec Francisco Nicosia. Fidèle au style de ce dernier, les deux musiciens nous offre une très belle berceuse lunaire qui fait ses ronds sphéroïdaux pour épouser un long cercle spasmodique une fois les percussions arrivées. C'est mélodieux et ça se termine en douceur. Playing in the Rain offre une belle structure de séquences limpides où se greffe un mouvement sournois d'une ligne de basses-séquences. Ces deux rythmes en parallèles nourrissent l'appétit d'un clavier et de ses arpèges mélodieux. Et dès que le chant du synthé tente de nous charmer, on ne peut trahir le genre de composition lié à celui de Johannes Schmoelling. Une belle ballade électronique avec des mouvements évolutifs bien synchronisés. Tout ça nous amènes à Walk Along the River, un long titre atmosphérique plus linéaire et plus homogène. Des nappes musicales flottent derrière un voile de remous, tissant une étrange mélodie où traînent quelques arpèges à la recherche d'un rythme, sinon d'une mélodie. Et c'est sur cette dernière option que le séquenceur forge une insaisissable mélodie évasive qu'une ligne de basse amène dans les sombres recoins de ce titre qui foisonne de nappes sibyllines et d'autres dont le bleu acier semble étouffer des fredonnements lointains. C'est un très bon titre d'ambiances qui est à sa place à ce moment-ci de INSTRUCTION FOR BUILDING AN ORANGE qui se poursuit avec Skybreak House qui s'ouvre avec des vents azurés tirant une succulent mélodie sifflée par le synthé. Les orchestrations qui suivent sont aussi poignantes que poignées entre ces vents et la mélodie sifflée. Un premier ion sauteur arbore son effet élastique, donnant du relief à cette première invitation du séquenceur qui en lance une seconde quelque secondes plus loin. Des éléments percussifs, genre Tangerine Dream dans Poland, agrémentent la portion charme d'une très belle mélodie trappée entre sa structure séquencée, ses nappes de brume et ce rythme d'un genre danse sociale qui se déhanche avec un léger goût latinos dans la démarche. C'est comme être entre le Paradis et le Cosmos!
Comme on peut constater, ce premier album-téléchargement de Pabellón Sintético respecte les standards de qualité du label Argentin. INSTRUCTION FOR BUILDING AN ORANGE est un très bel album plus mélodieux et entraînant que complexe et hétéroclite. Il y a de très bons moments et trop de beaux clins d'œil à la MÉ vintage pour ne pas en parler et vous inciter à au moins entendre quelques bribes sur You Tube. Et comme c'est le cas avec tant d'albums de ce label, ça vaut les deniers dépensés!
Sylvain Lupari (03/01/22) *****
Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp
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