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Writer's pictureSylvain Lupari

PADILLA & ALLEN: Strange Gravity (2021) (FR)

Cet album est un très bon rock cosmique avec des textures de hard-rock, de blues et des parfums de méditation New Age et Berlin School

1 Strange Gravity 18:46

2 The Revelation 6:47

3 Friendship 11:00

4 Fractured Illuminations 9:40

5 All Around Us 18:19

(CD 64:32)

(Ambient Music, Progressive Berlin School)

C'est avec une larme de guitare étirant sa complainte nordique que Strange Gravity se dépose au creux de mon oreille. J'entends les sillons du synthé marqués les ambiances de ce panorama sonore où l'horizon semble aussi loin que les espaces qui l'entourent. Et toujours cette réincarnation de Darshan Ambient découpée dans les sortilèges de Erik Wollo parfume les ambiances de introductives de STRANGE GRAVITY jusqu'à son premier contact dramatique quelques 20 secondes avant la 4ième minute. Endroit où le paysage se transforme en un panorama électronique. Les sons et leurs nuances nous guident vers des forêts luxuriantes, des endroits cosmiques ou encore dans le ventre d'une bête psychédélique pas trop difficile à dompter. La guitare, toujours solitaire dans ses visées, perd ses larmes dans le scintillement des arpèges qui transforment le panorama avec une effusion d'ondes ondoyantes. Elle étend des accords dont les suites se transforment en des solos incomplets que le synthé matche avec d'oblongues stries métalliques aigues alors que le sol se transforme en un rythme sourd industriel. Nous atteignons une zone de réverbérations où le Cosmos n'est plus qu'à portée d'oreille. C'est à cet endroit, le corridor des bientôt 19 minutes, que le séquenceur effectue ses ruades nonchalantes. Les basses séquences sont élastiques alors que les plus limpides se coordonnent en un rythme se faufilant entre les boucles caoutchouteuses. La guitare échappe ses riffs et ses accords, alors que le synthé disperse une brume bleutée et flutée. Plus que quelques secondes et Strange Gravity explose en un rock cosmique lourd et chevauchant comme un cavalier solitaire sous des solos que Marvin Allen coulent dans le Hard-Rock qu'une finale doit tout mettre sur table pour freiner.

Honnêtement, Toward the Horizon fut un album qui m'avait agréablement surpris en 2019. Je m'attendais à un album beaucoup plus tranquille et surtout qui n'irait pas visiter toutes les sphères de la MÉ contemporaine. Donc, j'avais beaucoup d'attente pour STRANGE GRAVITY et je n'ai pas été déçu! La guitare est plus dominante? Même chose avec les synthés avec deux artistes qui unissent et complètent leurs idées dans des matrices en constante progression. De ce fait, on a des pointes d'émotion de gravées un peu partout dans cette seconde collaboration Padilla & Allen. Cela donne du rock cosmique en continuel mouvement avec des texture de hard-rock, de blues et même de funk dans des parfums de New Age méditatif et de Berlin School, il faut entendre la finale de The Revelation, qui se complètent dans des détours vers le groove, un peu de synth-pop et le rock progressif classique. Bref, un très bel album avec une guitare intelligente qui sort de sa zone de confort régulièrement dans d’étonnants duels avec les synthés et séquenceurs. Ce petit bijou est offert en CD pressé en usine pour le label américain Spotted Peccary, avec 6 côtés digipack, et en format téléchargeable de haute qualité sonore. Marvin Allen remet ça dans l'ouverture de The Revelation. Ses solos flottants jouent sur les courbes des strates de synthé angéliques, froissant au passage une possible écho qui répond à ses riffs perdus. De son côté, Craig Padilla orne les ambiances avec une avalanche de nappes, dont certaines stridentes, dans une union synthé/guitare qui sculpte un faisceau sonore verticale et lumineux pour créer un de ces points d'intensité qui se détache régulièrement dans cet album. Le séquenceur déroule une structure spasmodique qui vrille dans les boucles rotatoires du synthé. Une bonne ligne de basse se détache afin de structurer un rythme plus fluide, toujours convulsif, permettant à The Revelation de transiter pour du rock progressif à la Robert Fripp et du hard-rock avant de renouer avec le rock électronique de Tangerine Dream. Beaucoup de mouvements et de bons moments pour 7 minutes de musique. Friendship débute avec une guitare tissant des bouts d'harmonies comme de solo et effets qui sont très contemplatifs. Ça prend une minute à Craig Padilla pour rejoindre son pote dans un jam session ambiant décorée par cette harmonica qui nous vire à l'envers, alors que les ombres du synthésiste américain font ressortit cette nostalgie lue sur des cordes étincelantes. Un rythme électronique s'installe avec des percussions en boîtes accompagnées de claquements de mains suggérés. Rythme, non-rythme. Drone et pas de drone. Les ambiances changent autant d'idées que de visions, gardant Friendship dans une indécision qui justifie son titre.

Fractured Illuminations est ce genre de titre qui vous sort de vos oreilles. Son introduction est relativement calme avec une vision pas mal plus séraphique ici, qu'ailleurs dans STRANGE GRAVITY. Et dès que les instruments tissent de multiples vaguelettes et des clapotis de surface, une pointe d'intensité se lève. Les ambiances deviennent bruyantes, voire tonitruantes comme des ailes de bourdons géants amplifiés jusqu'à distorsions. La musique, à tout le moins ce qui sort des instruments, est d'une violence inconséquente pour une masse sonore en suspension. La guitare lance des attaques qui me font penser aux traitements de guitare de Todd Rungren dans Bat out of Hell. Ces ambiances se calment autour de la 6ième minute pour retourner à la quiétude de l'ouverture. Les vaguelettes se soulèvent encore, mais une minute avant la fin…Je vous laisse deviner ce qui s'en venait! En ce qui me concerne, All Around Us est la pierre angulaire de cet album! Sur un fond d'ambiances électronique, la guitare et le synthé fixent un combat entre leurs armes musicales et séraphiques. Les strates de guitare et de synthés enlacent leur passion dans des combats d'émotions qui mènent à des solos aériens, comme à des arpèges entassés dans un mouvement séquencé qui sert de lit musical à la rage passagère de Marvin Allen. Ce combat entre la tendresse et la poésie musicale nous a fait manquer ce radieux mouvement du séquenceur qui ondule, monte et descend les étapes d'un beau Berlin School ambiant que le synthé macule d'éléments aussi agressifs que la guitare, mais toujours dans un panorama où la chicane se fait avec des accolades. Le mouvement augmente subtilement la cadence, et pouf!!! Nous sommes dans un très beau moment de MÉ où le séquenceur se taille une place rythmique sous un impressionnant canevas sonore. Le tout se calme autour de la 14ième minute alors qu'il reste encore des jets de passion ancrés dans les émotions de Craig Padilla et Marvin Allen qui, sans doute, nous fixent un troisième rendez-vous en musique. Tant Toward the Horizon et surtout STRANGE GRAVITY n'ont aucune raison de ne pas le faire.

Sylvain Lupari (26/01/21) ****½*

Disponible chez Spotted Peccary Music

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