“Un album plus près des paysages sonores mais dans une vision sombre-ambiante avec des ombres qui voyagent entre deux univers”
1 Your Other Left 7:46
2 Stop, they 4:52
3 No Clean Heroes 4:33
4 For Why 7:27
5 House fell Down 3:10
6 Shouter 6:33
7 Titans and all That 8:46
8 Anon Again 4:46
9 I know, I know, I know 4:14
(DDL 52:12)
(Dark ambient, modular synths)
L'univers de la MÉ ne cessera de surprendre, surtout avec les artistes émergents et l'infinie capacité des synthés modulaires. Artiste ayant une imposante discographie de 32 titres, Pagination module ses sons dans un mélange unique du modulaire à sa guitare Baritone et ses nombreuses pédales à effets. L'univers musical est près de l'ambiant-drone avec de légers reflets de réverbérations de la Baritone. FOR WHY est un premier album sur Cyclical Dreams et il serait bon de vous aviser qu'ici aucun battement, ni mélodie, sauf peut-être pour Titans and all That, est à l'agenda de cet album. C'est un album ambiant sculpté par des drones et où l'envers du décor est à l'opposé de ce que nous entendons en premier. Le monde de FOR WHY et les reliefs de Tom Schmidlin vivent dans une ambiance teinte de sépia. Cette drogue de la double-vision!
Your Other Left donne le coup d'envoi à un album subjuguant, si on aime le genre drone-ambiant et ses sombres reflets patibulaires. Ce qu'on entend est l'équivalent du son d'une guitare que l'on frotte afin de lui donner différentes modulations dans un décor ceinturé d'une ambiance lugubre. Une ambiance en transition, puisque le son de ce genre de violoncelle des ténèbres ne peut camoufler la naissance de son contraire dans l'arrière-fond. De sombre et austère, les arrangements flirtent avec des couches de plus en plus diaphanes où le pendant sombre de la première couche trouve son écho dans une orchestration plus lumineuse. Et ce combat entre les reflets fait le charme de FOR WHY où l'écouteur entend fleurir ces oppositions qui nous font croire qu'il y a deux orchestres de chambres qui combattent autour de ce nouvel album de Pagination. Stop, they est un petit bijou de tendresse avec ses orchestrations à la Ennio Morricone qui soulève ses airs, comme le poils de nos fibres. Des boucles se froment sur les bruissements du vide où se lèvent parfois des airs de hautbois qui se sont échappé de leurs ombres qu'on entend sous le plancher du vide. No Clean Heroes propose une marche cérémoniale dans un endroit imaginé dans les ombres d'une ville en sépia. Au loin, on peut entendre des voix d'esprits chantonnées un bienvenu chez nous. Et si on a ce pouvoir d'imaginer plus fort que la raison, on peut même entendre des cloches. C'est à la fois monacal et onirique à cause de la sensibilité qui s'en dégage. Et ça précède la pièce-titre qui poursuit sur le chemin tracé par No Clean Heroes. Si on pouvait avoir un effet de négatif sur la musique, comme en photo, ce serait le terme que j'utiliserais pour décrire les premières vibrations de House fell Down. Les battements sourds dessinent une course contre le temps, toujours sans beat, d'un univers orangé par du feu. Shouter offre un mouvement plus linéaire dont l'accumulation des ondes vibrionnant sur place sculpte un staccato ambiant-noir. Titans and all That est tout le contraire de ce nous avons entendu depuis que Your Other Left a débuter l'aventure FOR WHY. Ses presque 9 minutes s'amorcent par une séquence isolée qui sautille sur place dans une phase primaire nourrie de boucles, d'effets de réverbérations et de crépitements d'éléments percussifs shamaniques. Les modulations dans la séquence active les ambiances dont la horde d'éléments autant musicaux que sonores se met à voler plus vite qu'elle. Et dès qu'elle disparait, Titans and all That redevient une masse sonore compacte avec un effet processionnel qui l'amène vers sa finale léthale. Anon Again redéfini le processus de Shouter dans un mouvement d'une quiétude minimaliste moins perturbé, alors que I know, I know, I know termine FOR WHY, avec une armada de nappes plus lumineuses qui ont occis le côté sibyllin agréablement réconfortant de ce nouvel album de Pagination.
Et comme son copain Edmund Osterman, aka Screener, Tom Schmidlin propose un album ambiant qui est loin de la Berlin School et de la MÉ progressive. Un album plus proche des paysages sonores mais dans une vision Dark Ambient avec des ombres qui voyagent entre deux univers. Moins cinématographique que Ataraxia, FOR WHY demeure un bon album de musique ambiante noire et ténébreuse dominé par le savoir-faire de l'artiste de l'Arkansas qui tisse une belle toile d'ambiances surnaturelles ayant ce pouvoir d'attraction.
Sylvain Lupari (22/03/21) ***½**
Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp
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