“Circo Divino est pour les fans de dark ambient, de sons et d'expérimentations musicales”
1 Lost Fractales 10:28 2 Circo Divino 10:09 3 Nuvole di Palissandro 9:12 4 Sorinel 8:29 5 Electrostatic Forest 5:15 6 Slide of Grace 10:13
(CD/DDL 53:45) (Dark ambient EM)
Avec Parallel Worlds, le projet musical du musicien Grec Bakis Sirros, il faut s'attendre à l'imprévisible dans toute son étonnante splendeur. Entrepris en 2008 et travaillé par courriers électroniques et la magie de l'Internet avec Alio Die et India Czajkowska, CIRCO DIVINO est une étrange rêverie mystique où l'auditeur est constamment tiraillé entre l'irréalité, la quiétude de l'inconsistance du mystère et la beauté féerique des odes d'un univers fantastique où goblins, fantômes et trolls gambadent dans une forêt musicale aux sentiers qui s'entrecroisent dans un monde musical hybride où l'ambiant croise un rythme lent et lourd dans une panoplie de sonorités aussi mystifiantes qu'hétéroclites, voire syncrétiques, réveillant et renouvelant l'imagination ainsi que l'émerveillement à chaque écoute.
Une onde hypnotique aux lentes ondulations qui baignent dans une ambiance carillonnée ouvre Lost Fractales. Ce premier titre reflète l'atmosphère qui règne sur cet album avec un rythme flou, mais dont l'évolution est en constante progression grâce à l'intensité des mouvements. Un ambiant progressif, puisque pas entièrement atonal, où le rythme passif reste constamment suspendu. Ici, comme sur les autres titres de CIRCO DIVINO, l'auditeur est au prise avec une richesse sonore des plus originales où les vocalises mi-fillette mi-femme surplombent un environnement à la fois caustique et métallique. Un univers musical étonnamment riche qui plie sous le poids de ses harmonies terrées dans ses innombrables mouvements de carillons. Découvrant un monde de sonorité aux prismes cristallins et aux accords de guitares perdus dans une brume de verres, ses percussions aussi discrètes qu'efficaces et ses mouvements modulaires abstraits qui créent une tangente dramatique fort efficace. La pièce titre Circo Divino sonne comme un étrange western cérébral avec ses ondulations qui imitent une démarche de cowboy solitaire. Un cowboy qui sillonne une sombre vallée dont les étroits sentiers musicaux sont remplis de sonorités qui sèmeraient une terreur nocturne. Le rythme y est toujours flou, flottant entre un monde infernal atonal où tonalités de crotales, vents d'éther, ondulations éoliennes et ondes spectrales aborigènes affluent dans un monde chimérique où la puissance des sons prévaut sur une structure au maelstrom doucement rêveur et dont les sombres et frénétiques frappes de percussions voilées tambourinent lentement sous un ciel sombre et strié de strates aussi métalliques qu'ululantes. Du cinéma pour les oreilles!
Plus vivant, Nuvole di Palissandro pulse sous les belles strates enveloppantes d'un synthé qui est plus chaleureux et plus flûté dans une ambiance tout autant mystérieuse. On a la vague impression d'être enseveli sous une grotte truffé d'épais nuages morphiques. Sans doute le titre le plus mélodieux de CIRCO DIVINO. Sorinel baigne dans une irréalité aux lourdes pulsations dont le pouls accéléré, les chuchotements furtifs et les sombres oscillations d'un synthé métallique nous plonge dans une succulente paranoïa sonore. Un peu comme sur Lost Fractales, le tempo est fracturé et oscille sous des prismes cristallins et des accords de guitares émergeant d'un sinistre marécage sonore où les voix épivardées d'India Czajkowska glissent vers une démence qui s'agite sous les pulsations et succions de plus en plus frénétiques d'un synthé aux tonalités boueuses. Comme son titre l'indique, Electrostatic Forest est englouti par des sonorités de prismes carillonnés dans une grotte aux infinies gouttelettes de cristal. Sans doute le titre le plus sage de cette dernière folie musicale de Parallel Worlds. Slide of Grace conclût cet album comme Lost Fractales l'avait débuté. Un long titre arythmique où le tempo reste indécis et trouve ses assises sous ses étranges pulsations percussionnées qui parsèment le sillage rythmique de l'album. L'ambiance y est toujours aussi tordue avec ses sonorités de verres qui se mêlent à ses lourds drones aux réverbérations soutenues, mélangeant les souffles modulaires d'un synthé parfois abstrait parfois harmonieux.
Dans le genre ambiant expérimental, CIRCO DIVINO reste ce qui se fait de mieux! Bakis Sirros, Alio Die et India Czajkowska unissent leurs perceptions expérimentales pour offrir un autre genre de musique ambiante. Une musique atmosphérique où le rythme se joue par l'intensité des modulations et l'ensorcellement des innombrables sonorités qui invariablement dessine d’'étranges arcs et modulations sonores qui accrochent l'ouïe et commandent de nouvelles écoutes. Un monde musical captivant, unique à l'audace et la persévérance de Bakis Sirros pour sa quête constante de nouvelles sonorités et dont la fusion avec le maître des drones qu'est Alio Die ne peut que donner d'étonnants résultats. Un album à la mesure de sa féérie musicale pour amateurs d'expérimentations, car au-delà de toutes ses perceptions l'approche de Parallel Worlds reste inexplicablement harmonieuse.
Sylvain Lupari (21/06/11) ****½*
Disponible au Alio Die & Parallel Worlds Bandcamp
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