“Malgré certaines longueurs Lophophora mérite absolument cette réédition car c'est un solide album qui n'as pas à rougir devant les œuvres de Klaus Schulze”
1 Lophophora Part 1 8:41
2 Lophophora Part 2 17:25
3 Cobra 20:52
4 Lophophora Part 3 14:32
(CD/DDL 61:32)
(Berlin School à la Schulze)
Je salue toujours cette initiative de Groove qui a pour but de nous faire découvrir de lointaines œuvres de MÉ qui sont resté prisonnières de leurs frontières. LOPHOPHORA est le 3ièmealbum de Patrick "Kosmos" Wille a bénéficié de cette action menée de main de maître par Ron Boots. Et autant le dire d'entrée de jeu, ce premier opus de la série The Chronicles est d'une imparable beauté avec ses arabesques mélodieuses tissées dans une vision cinématographique mettant en relief les nomades du peuple des dunes.
Une onde creuse et un léger tumulte percussif initie l'ouverture de Lophophora Part 1 qui se réveille avec d'agiles percussions. Ces percussions et cette ligne de basse qui rampe comme un serpent sur une longue branche ont dû influencer la culture artistique de Patrick O'Hearn puisque les souvenirs de mon ouïe me porte à l'époque de Ancient Dreams et de Eldorado. Il ne manque que les brusques éclats et on y serait. Des sifflets lointains et des tintements de clochette accompagnent cette danse ésotérique dans une phase de semi-rythme avec un synthé sifflotant des airs de badauds sur un nowhere. Les brusques éclats? Nous les retrouvons, ainsi que des jets de crotales, dans une finale plus costaude alors que Lophophora Part 1 change de zone et de peau pour étreindre une vision cosmique qui se prolonge jusqu'à Lophophora Part 2. Dès les premières nappes tombées, on sent l'influence cinématographique de Walter Christian Rothe sur les ambiances de LOPHOPHORA. Cette ouverture est d'ambiances avec des ondes de synthé dérivant dans une Voie Lactée avec ses chants nasillards recouverts par un voile d'orgue. Une superbe marche d'un canard sur une seule patte s'accroche à la pulsation sautillante qui émerge après les 4 minutes. Ce mouvement, tout à fait inattendu, regorge de savoureux éléments électroniques qui accrocheront un sourire de nostalgie aux fans des expérimentations sonores de Robert Schroeder. Pulsations, séquences sautillantes et arpèges autant mélodiques que rythmiques creusent les sillons d'une fascinante symbiose harmonique. Toujours un peu nasillard, le synthé claironne un air aussi savoureux, au niveau tonal, que cette délirante marche traçant de longs 8 et qui s'endort dans des nuages d'éther après les 10 minutes. La seconde partie de Lophophora Part 2 semble chercher des repères avec des nappes de synthé qui ont endormies son origine. Il y a bien des pulsations, mais ils vont et viennent sans fureur préférant être témoin des chants d'un synthé charmeur de sens. Mais peu importe, Lophophora Part 2 cherche toujours une façon de conclure avec autant de charmes que ses 10 premières minutes.
C'est avec des chants berbères que s'ouvre le titre épique Cobra. Des nuages de réverbérations et des tonnerres de percussions ombragent le panorama de cette ouverture qui peut faire penser à du vieux Klaus Schulze. Les sens en alerte et les éléments en suspension; nos oreilles sont rivées à cette introduction qui engraisse continuellement sa banque de sons et ses effets d'intensité. Mu par des pulsations bien espacées, Cobra évolue lentement et atteint sa zone de wooshh et de wiishh avec une marche militaire après la porte des 8 minutes. Le synthé lance alors des solos avec un délicat bouquet latin qui s’accrochent à une ascension cousue dans l’intensité des roulements de tambour d’une infanterie fictive. Nos oreilles tombent dans une zone de reconstruction musicale autour des 13 minutes où un clavier et un séquenceur sculpte une ritournelle ambiante dont les fragiles arpèges miroitent avec des teintes ombragées. Un beau moment qui me fait penser à The Next Leaf et qui nous dirige vers un autre pont d'ambiances avant que Cobra ne termine son épique voyage dans les bras d'une belle ballade électronique dont les harmonies arabes du synthé éveillent en moi ce désir d'écouter Let the Night Last Forever. Mais avant, Lophophora Part 3 et son ouverture qui reste bien ancré dans cette vision de ballade électronique qui existe depuis les 4 dernières minutes de Cobra. Ce long titre, séparé par un rock débridé, fait entendre des nuages de radioactivités qui grésillent dans ce décor d'une nuit ténébreuse dans le Moyen-Orient où des percussions tintent comme des gouttes de verre retombant sur un tapis d'émeraude. Peu à peu, cette 3ième fable de Lophophora ramasse ses notes et ses violons afin de structurer une savoureuse marche funèbre au pays des non-être. Musical et enjoué par un synthé aux multiples solos et par un étang de nuages symphoniques, Lophophora Part 3 épouse sa marche symphonique qui déboule dans un rock électronique progressif survolté qui sert la cause de solos de synthé aussi agiles que les percussions. C'est une courte phase d'à peine 4 minutes avant que Lophophora Part 3 ne reprend le contrôle sur les douceurs et les orchestrations cinématographiques de son origine. C'est un très bon titre respirant la magie des bons Berlin School à l'éther de Klaus Schulze.
Malgré certaines longueurs perdues en plein cœur de son drame musical, LOPHOPHORA mérite absolument cette réédition, on sent que Ron à dû travailler fort sur son mastering, car c'est un solide album qui n'as pas à rougir devant les œuvres de Klaus Schulze.
Sylvain Lupari(18/03/20) *****
Disponible chez Groove NL
(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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