“Presque 30 ans séparent la première édition de Mindscapes de cette version remasterisée et le génie de Kosmos n’a pas perdu de son éclat”
1 Mindscapes Part 1 (28:55) 2 Mindscapes Part 2 (24:04) 3 Mindscapes Part 3 (4:41) 4 Moonchild (15:14)
(CD 72:54)
(Berlin School)
Après Monument, c'est la cassette MINDSCAPES qui fait l'objet d'une réédition, appuyée d'une remasterisation, par Ron Boots et sur son label Groove Unlimited. Je ne connais pas Patrick Kosmos, sa musique est très difficile à trouver. Mon ami Nick m'a fait parvenir Cosmic Resonance que j'ai écouté dans la foulée de Monument, réédité et remasterisé par Ron Boots aussi. Et j'ai mieux apprécié ce MINDSCAPES qui propose 3 longs titres évolutifs. Des boléros cosmiques qui témoignent de l'impact de Patrick Kosmos sur l'évolution de la MÉ moderne. Les fans de Klaus Schulze seront aussi enchantés de découvrir cet album.
Des tonalités cosmiques irradient les premières secondes de Mindscapes Part 1. Une nappe de brume étend son ombre qui ondoie paresseusement et où tintent des accords et dansent des arpèges dans un décor très cosmique. Patrick Kosmos aimait mettre en musique sa vision du cosmos et aimait créer ce concept qu'il exploite à satiété sur MINDSCAPES. Des accords de claviers chantant comme un rossignol électronique très créatif ajuste sa tonalité et émerveille les brumes qui flottent et dérivent comme ces graines de pissenlit pigées dans une volée de vents statiques. C'est ici que je sens ces parfums de Klaus Schulze. Les accords de clavier tintent comme dans les sérénades de In Blue. Mais voilà, MINDSCAPES a été conçu autour de 1987. Le travail de cette introduction dérive vers un trou noir, là où naîtra les plus belles minutes de cet album. Nous sommes autour de Mirage et de sa mélodie dont les arpèges de verre tournoient dans un carrousel avec une vitesse légèrement supérieure à celle de cette mélodie tisseuse de ver d'oreille dans Crystal Lake. Les souffles de flûtes qui accompagnent cette sérénade sonnent aussi comme du Schulze de la période Dig It. Bref, c'est toute une pièce de musique que ce Mindscapes Part 1! Et il n'est pas seul ici.
Mindscapes Part 2 est construit en parallèle de son grand frère. En ce sens que des accords lumineux sautillent et leurs résonances tissent une toile sonore où dansotent des accords avec des tonalités plus basses. Une onde de basse étend son voile vampirique, créant un lent tempo illusoire qui magnétise nos sens. On dirait une procession lunaire avec ces arpèges sautillants qui fixent notre écoute en mode hypnose. Et seuls quelques bruits autant inusités qu'attrayants détournent notre attention momentanément. Il y a cette flûte qui apparaît et dont la courte symphonie s'évapore lorsque Mindscapes Part 2 atteint sa deuxième étape autour des 12 minutes. Il y a passation de structure de rythme morphique. On dirait la respiration saccadée d'une machinerie qui se détache lors du point d'arrimage. Des étoiles scintillent alors que des notes d'un piano électrique attire une voix céleste, et puis la chorale, dans un duel inégal où tendresse et colère dissipent leurs émotions dans une finale embrassée par des orchestrations.
À l'époque, MINDSCAPES fermait les livres ici!
Mais une première réédition a vu le jour en 2002 avec un boitier de 11 CD intitulé Patrick Kosmos - The Chronicles. Mindscapes Part 3 y était et faisait office d'une composition datant de 2001. La musique se détache de la vision de cet album avec un titre construit pour un film. La musique est intense avec ses orchestrations harmoniques et ses accords quasiment acoustiques et dont la symbiose se fredonne ou se siffle comme par magie. Et on se dit sans arrêt; il me semble avoir entendu ça quelque part. Après 3 écoutes, on ne décroche plus! Du New Age progressif très accrocheur. Moonchild est l'autre bijou de MINDSCAPES. Composé autour de 88-89, ce titre figurait sur une compilation intitulée The Wending Works I. Une K7 qui comprenait aussi la musique de Ron Boots et Walter Christian Rothe entre autres. Son introduction est tissée dans la soie cosmique et sa procession épouse le modèle des 2 longs titres de MINDSCAPES, mais avec plus de vélocité dans les tintements d'arpèges. On entend des explosions feutrées ici et là, mais sans détourner la douceur du mouvement flottant. La musicalité impose sa présence avec de bonnes orchestrations et une ligne de basse qui sonne tellement comme le Groove de Klaus Schulze. Les solos émergent après les 9 minutes, instant où le rythme devient plus vivant avec des élans spasmodiques de séquences dansant comme des ombres chinoises. Les solos nous amènent dans les sources sonores de In Blue. Très beau. Très bon! Comme cette réédition et ce remaster de Groove qui nous présente un autre grand album de Patrick Kosmos, de cette savoureuse vision Belge sur la MÉ contemporaine.
Sylvain Lupari (27/05/19) ****¾*
Disponible au Groove Unlimited
(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
Comments