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Writer's pictureSylvain Lupari

Paul Ellis Interstellar-Nataraja (2019) (FR)

La créativité au sommet de son art! C'est ce qui me vient à l'esprit afin de mieux décrire ce superbe album-retour de Paul Ellis

1 Interstellar-Nataraja 10:03

2 Interstellar-Nataraja 4:45

3 Interstellar-Nataraja 9:38

4 Interstellar-Nataraja 19:38

5 Interstellar-Nataraja 12:28

6 Interstellar-Nataraja 8:37

7 Interstellar-Nataraja 12:34

(CD/DDL 77:47)

(Ambient, cosmic, prog EM)

La créativité au sommet de son art! C'est ce qui me vient à l'esprit afin de mieux décrire INTERSTELLAR-NATARAJA. J'étais convaincu, après avoir lu un de ses posts, que Paul Ellis en avait terminé avec la MÉ. Le peu d’intérêt de la presse et le niveau des ventes, qui est inacceptable pour tant d'heures à créer de la musique, avaient finalement eu raison de ses états d'âme après l’excellent Moth In Flames en 2015. C'est donc avec étonnement, mélangé avec beaucoup de plaisir, que j'ai lu que le musicien américain effectuait un retour. Et quel retour! Construit principalement avec de l’équipement analogue, Paul Ellis offre un album complexe (sommes-nous surpris?) qui vous envoutera dès la première écoute. Tous les parfums des grands maîtres de la MÉ contemporaine embaument cet album qui vous ensorcèlera peu à peu jusqu'à sa finale qui m'a littéralement pris de court. Et INTERSTELLAR-NATARAJA ne débute pas si facilement que ça.

Deux notes tombent pour former une introduction songée dans la nostalgie. Ces notes tentent bien que mal de danser, ou encore de chanter. Sauf que le ballet incertain de son approche mélodieuse est vite encerclé par une pluie d'arpèges sans direction et de pads de synthé qui lancent des jets de flûtes et des ronflements réverbérants. Chaotique, peut-être même cacophonique, les premiers instants d'Interstellar-Nataraja Part 1 sont enrobés par des ambiances ténébreuses qui flirtent tout de même avec une faible lueur séraphique se cachant dans les jets de flûte brumeuse et des arpèges cristallins qui éclairent par instants cette masse sonore riche de ses enchevêtrements de textures sonores. Tandis que ce rythme ambiant se construit et se déconstruit, le décor avance avec son troupeau d'arpèges indisciplinés et se métamorphose peu à peu, s'imbibant même d'une texture amphibienne avec des accords imbibées d'eau et de viscosité organique. Une texture glauque s'ajoute aux ambiances dont les nappes de synthé discrète saccadées stimulent un rythme électronique ambiant. Mais dans tout cela, des arpèges et des pads de synthé s'échangent de courts filaments harmoniques qui vous hanteront dès la seconde écoute de ce titre qui embrasse une finale lourde de sa masse sonore et de ses tonalités éclectiques dans une intense vision poignante. Les derniers accords de jus électrifiés nous amène vers la structure tout en couleurs de Interstellar-Nataraja Part 2 et de ses milles joyaux qui dansent sur des wooshh circulaires imbibés des textures cosmiques de Jean-Michel Jarre. Un chant de synthé, comme un barrissement d'éléphant mécanique, s'élève d'entre les cliquetis des joyaux, continuant ainsi cette vision cinématographique d'un film d'aventures à gros budget qui se colle à la musique de cet étonnant album-retour de Paul Ellis. Notre cheminement parmi les 77 minutes d'INTERSTELLAR-NATARAJA nous en fait entendre de toutes les couleurs. Interstellar-Nataraja Part 3 propose une structure comme la partie 1, mais avec une vision plus musicale et cosmique. Le débit est aussi plus lent, le rendant ainsi plus mélodieux. Ces filaments harmonieux que nous entendions forment ici clairement la principale ligne mélodique de l'album. Nos oreilles, comme nos sens, sont donc en mesure de saisir toutes les subtilités tonales de ce bon rock électronique progressif cosmique. La masse ambiante domine les quelques implosions rythmiques qui se fondent à une richesse tonale qui se renouvelle constamment. Comme avec ses effets de remous et de gargouillements, sans oublier des essences de Pink Floyd et des effets de gaz vaporeux qui s'ajoutent au décor d'Interstellar-Nataraja Part 3. Les accords méditatifs, résonnants comme des effets de gong, nous amène au pinacle d'INTERSTELLAR-NATARAJA, Interstellar-Nataraja part 4.

Son ouverture repose sur un ronflement de machine et des accords flottant dans une ambiance cosmique avec une symphonie de wooshh et de wiishh. Le décor me fait penser à Set the Controls for the Heart of the Mother de la série The Dark Side of the Moog du duo Schulze/Namlook. Les wooshh et les wiishh sifflent au-dessus de nos têtes, se mêlant à de denses textures de résonances organiques où se terrent des loups dont les ululements percent une membrane sonore qui nous fouettent les sens avec des flots d'orchestrations aussi saccadées qu'inattendues. Cette ouverture idéale pour dépeindre un cauchemar, suit la progression des arpèges qui traînent Interstellar-Nataraja part 4 depuis ses quelques 4 minutes, l'amenant au bord d'un désordre sonore mue par les pulsations sorties d'une implosion rythmique qui se perd dans une finale remplie d'incertitudes. Tant au niveau de l'évolution de Interstellar-Nataraja part 4 que de nos sentiments face à l'album qui par moments surfe sur les souvenirs de I Am Here. Cette orage tonale passée, Interstellar-Nataraja part 5 s'ouvre avec une ondée et des chants de synthé aussi attirant que ceux des sirènes d'Ulysse. Nous sommes dans une superbe phase d'ambiances qui rappellera chez certains d'entre vous cette délicieuse chorale ascensionnelle de Michael Stearns dans Chronos. Ce mouvement étire ses charmes au-delà des 7 minutes où de géantes pulsations résonnantes forgent le contraire des beautés éthérées de cette ascension qui se termine par un rythme lourd, résonnant et efficace comme du bon vieux Redshift. Une tempêtes de boucles de synthé s'installent après une tentative rythmique échouée dans une muraille de tonalités bigarrées. Les loups reviennent! Subitement, tout se dégage pour offrir un rythme qui flirte avec les down-tempos d'un bon psybient corsé avec ces réverbérations qui se meuvent comme de gros serpents sonores depuis la genèse d'INTERSTELLAR-NATARAJA. Cette phase d'Électronica à la Arc s'évapore dans une finale remplie de nostalgie. On reconnait ces accords incertains qui maintenant pulsent dans un tissu mélodieux, alors que d'autres accords viennent pour danser un cha-cha-cha ambiant. Le mouvement se perd dans une chute de drones résonnants comme du Redshift affamé pour se conclure dans une finale acoustique où Nathan Youngblood et Will Merkle s'unissent à Paul Ellis pour ajouter une autre dimension à cet album qui ne pouvait espérer une meilleure finale. On fait rejouer INTERSTELLAR-NATARAJA! Et déjà, quelques trucs qui nous agaçaient prennent tous leurs sens, témoignant que toutes ces zones de turbulences et d'incohésions qui font circuler les airs de cet album sont songées et conçues dans un étonnant pouvoir de séduction, d'attraction. Un grand album composé, joué, mixé et masterisé de main de maître.

Sylvain Lupari (23/01/20) *****

Disponible chez Groove NL

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