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Writer's pictureSylvain Lupari

PERCEPTUAL DEFENCE: Caelum et Infernum (2020) (FR)

Caelum et Infernum pousse la barre encore plus loin que Wishstone, sauf que la guitare de Robert Rich l'amène à un niveau plus apprivoisable

1 Caelum 22:54

2 Infernum 23:27

(CD-R/DDL 46:21)

(Progressive Ambient EM)

Ceux qui connaissent Gabriele Quirici via les réseaux sociaux ont découvert un homme affable, très amoureux de sa femme et de ses 2 filles. Il a plein d'amis et il pratique son hobby, soit composer de la MÉ tout en étant bien appuyé par des gens qui croient en sa musique. Pour le psychologue et musicien italien, la vie est belle. C'est le Paradis. Et s'il y a un côté un peu moins ensoleillé, il se situe par rapport à certains de ses patients. Là où il fait souvent face à ce que l'Enfer signifie pour une majorité d'entre eux. Et c'est encore pire avec la pandémie du nouveau Corona virus. Secoué par le décès d'un de ses patients en décembre 2019, il a entrepris une introspection musicale sur ce que peut signifier l'Enfer pour ces personnes qui vivent leur enfer sur Terre. En composant la musique entre décembre et janvier dernier, il pensa à son ami Robert Rich et à ses lames de lap steel guitar qu'il imaginait dans les déchirements des abysses de Infernum principalement. Ces lames pouvaient aussi être source de bonheur dans Caelum. De fil en aiguille, CAELUM ET INFERNUM se cimentait avec deux titres aux ambiances qui collent aux visions de son auteur. Et l'Enfer n'est pas de tout repos!

C'est avec des chants de moineaux et d'insectes qu'une onde sonore fait réfléchir le côté de vie paisible et harmonieuse de Caelum. Le plafond sonore est constitué de cette nappe qui pousse d'autres nappes à naître dans une chaleur qui se reflète par une vie active d'un univers d'abondance. Il y a congestion dans ce plafond avec de multiples couches conçues dans la sérénité où nos sens perçoivent de lointains chants oratoires. Il y aura toujours un faible lien qui fait que le Ciel et l'Enfer coexiste. L'un ne serait sans l'autre. Et ce fil se traduit ici par une vision sibylline propre à la signature de Perceptual Defence. Et c’est encore plus évident lorsque les filaments de la guitare lap-steel se font entendre pleinement un peu après les 8 minutes, augmentant ainsi le niveau d'intensité séraphique de Caelum. Des vents sombres infiltrent les territoires autour de la 13ième minute, injectant un lourd nuage de réverbérations dans ces ambiances. Les wooshh et les waashh unissent leurs destinées dans une finale où le Paradis reste aussi énigmatique que son fondement.

Ces vents nébuleux amènent Infernum à nos oreilles. Ses 5 premières minutes sont comme la transition du Paradis vers le Purgatoire où le chant des oiseaux est confronté à des effets organiques crachant son fiel par les mugissements implacables de Robert Rich. Les effets de boucles et d'écho fusionnés à des bruits de la Genèse en perdition donnent une vision très psychédélique à Infernum. Pour la musique et ses effets, c'est un bout très intéressant. Je doute qu'il en soit ainsi pour toutes les oreilles, mais nous sommes dans la division Luna de SynGate là où la musique devient plus expérimentale. Il y a une délicieuse dissonance dans cette phase qui jaillit de ses milles délices dans des oreilles bien emmitouflées dans un bon casque d'écoute. Les raids de moineaux crieurs et le découpage incisif de la guitare nous entraîne dans ce tourbillon de nature psychédélique où la guitare triturée de Jimmy Page et les élans retenus de Robert Fripp combinés aux sourdes implosions des ambiances nous remplissent les oreilles pour un succulent 10 minutes de musique sans frontières mélodieuses, voire atmosphériques. Le tout se fane dans des vents creux dont les chants ectoplasmiques dévoilent le soufre montant d'une terre rouge où les spectres surgissent sourdement. Oui, l'Enfer n'est pas de tout repos!

CAELUM ET INFERNUM n'est pas ce genre d'album qui s'écoute entre amis ou à l'air libre. Perceptual Defence nous a habitué à l'audace de sa musique teintée de noir psychédélique depuis Illumina Tenebras, paru en 2013 sur SynGate. Et je dirais que ce nouvel album pousse la barre encore plus loin que Wishstone, sauf que la guitare de Robert Rich l'amène à un niveau plus comestible. Et j'insisterais sur le fait qu'il faut écouter cette musique les oreilles connectées à la vision primaire Gabriele Quirici. C'est la seul façon d'apprécier pleinement ce CAELUM ET INFERNUM qui devrait plaire, les yeux fermés, aux amateurs de musique noire expérimentale. Il y en a! J'en suis devenu un avec le temps…

Sylvain Lupari (18/04/20) ***¾**

Disponible au SynGate's Bandcamp

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