“C'est l'album le plus inaccessible de cette trilogie mais, comme toujours, le duo parvient à tirer le meilleur de tout en créant un paysage sonore unique”
1 Alien Voices from the Silent Space 28:47 2 Into the Faulty Universe 18:46 3 The End of the Universe 22:24 Luna | cd-r pdss03
(CD-r/DDL 69:58) (Dark ambient EM)
Un ami m'a déjà demandé à quoi servait ces longues introductions et ces lentes finales qui jalonnent les structures de la MÉ. Lui n'y voyait que de l'anti-musique et moi une sorte d'appétizer qui met les oreilles en appétit. Le débat persiste et ce dernier album, qui complète la trilogie du duo Italo-belge, de Perceptual Defence et Syndromeda possède tous les attributs pour le vivifier de plus belle. Sur 3 longues structures où les introductions tamisent les rythmes ambiants et les ambiances à venir, THE END OF THE UNIVERSE est sans nul doute l'œuvre la plus complexe que Danny Budts et Gabriele Quirici offre depuis que Fear of the Emptiness Space a atterri dans les bacs digitaux en 2014. Le duo complète ainsi un voyage sonique à travers les galaxies; ces trous noirs et les étranges univers où on imagine la vie extra-terrestre sous ces formes les plus déroutantes.
Une goutte de sons étend un faible nuage de tons arythmiques qui battent comme l'écho d'une aile de papillon. Un lourd bourdonnement s'en échappe. Il répand ses radiations qui forment un genre de rythme mouvant se déplaçant comme le gant de la noirceur. Des voix absconses émergent des profondeurs du cosmos, donnant une forme aussi mystérieuse que d'épouvante à ces voix (ces sons?!) venus du cosmos de silence. Peu à peu, Alien Voices from the Silent Space prend forme. Peu à peu, THE END OF THE UNIVERSE prend vie! Ici les ambiances dominent les quelques fragments de rythmes éparpillés autour des 70 minutes de ce dernier album du duo Italo-Belge. Et les structures de rythmes ne sont pas toujours évidentes. Comme ici où des séquences teintées de tons organiques et d'ombres gazouillantes roulent en boucles et en symbiose avec ces filaments de bourdonnements et des percussions métalliques. Des battements et une ligne de basses séquences s'invitent à cette danse astrale qui étend ses boucles rythmiques dans une sordide ambiance cosmique. Le rythme s'orne de nouvelles parures avec une ligne de séquences qui galope dans cette marée de vents intersidéraux sifflant de stridence et au travers un concert d'étranges dialogues intersidéraux. Et la noirceur tombe autour de la 13ième minute avec un lourd voile soniques brodé dans le mystère des vents cosmiques. C'est comme être assourdi par l'atterrissage d'un vaisseau spatiale, tant l'intensité d'immersion sonique est grande. Les 6 prochaines minutes sont d'ambiances avec de lents drones, des woosh et un genre de lamentations que seul l'imagination peut percevoir. Un rythme lourd sautille vers la 19ième minute. La structure répand de ténébreuses oscillations qui sautillent avec leurs ombres, tissant une approche rythmique ambiante et statique. Ce mouvement oscillatoire amplifie sa présence dans le tumulte cacophonique qui rugit en arrière-fond, élaborant un subtil cycle stroboscopique qui s'éteindra dans l'ouragan des woosh et des particules qui s'en échappent et forme le silence des sons pour les 3 dernières minutes de Alien Voices from the Silent Space. C'est de cette finale que se nourrit principalement Into the Faulty Universe; une longue structure ambiante et quasi amorphe où l'on peut décoder, avec beaucoup de stratagème de l'imagination, des formes de rythmes et de mélodies dans un dense magma de woosh et de drones. Disons qu'il n'y a pas de débats concernant les longues introductions et les lentes finales ici!
The End of the Universe démarre avec les pulsations de ventouses organiques qui ornaient le rythme ambiant de Alien Voices from the Silent Space. Un dialogue entre un homme et une femme expliquent où nous sommes et où nous irons; vers la fin des temps. L'intro, tout en sons et bourdonnements qui s'enlacent, filtre les harmonies d'une délicate flûte mellotronnée qui évapore sa présence à l'arrivée de lourdes séquences qui perd un peu de son écho. Alors que les ondes d'un synthé ondoient comme un mirage, le rythme de The End of the Universe enrichit son armature avec d'autres séquences qui sautillent comme des feux-follets tout autour de ce mouvement sournois de la séquence principale. C'est du très bon Syndromeda qui farcit nos oreilles ici avec cette couleur des tons grésillant qui encercle le rythme. Les synthés crachent des lignes de feu et le mouvement des séquences devient plus agile, même si nous restons dans un pattern de rythme qui ne peut faire que danser nos neurones. L'univers de Danny Budts éclate ici avec ces gargouillis organiques qui ceinturent la danse des pétillements de bois qu'est ce mouvement de séquences qui scintillent comme des lucioles dans un bol sans oxygène. Perceptual Defence & Syndromeda utilisent à bon escient les 22 minutes de The End of the Universe en modifiant subtilement cette structure de rythme qui regardera passer la parade des bourdonnements annonçant de façon dramatique la fin de cet album.
On ne se fera pas de cachette, THE END OF THE UNIVERSE est l'album le plus inaccessible de cette trilogie. C'est un album de MÉ très sombre et surtout très créative où la signature sonique du duo (sons cosmiques, pépiements de séquences, crissements de synthé, drones et effets de réverbérations) inonde des ambiances ténébreuses et aussi noires que le cosmos vu de nos yeux bercés d'imaginaire. Sauf que le duo réussit toujours à tirer son épingle du jeu en créant un univers sonore qui est hors de la portée de bien des artistes, faisant de leur musique une petite caverne sonique où ambiances et rythmes ambiants prennent une toute autre dimension. La pièce-titre est un must pour les amateurs de MÉ sombre et ténébreuse des années vintage.
Sylvain Lupari (02/08/16) ***½**
Disponible au SynGate Bandcamp
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