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Writer's pictureSylvain Lupari

Perceptual Defence & Syndromeda Wormhole (2015) (FR)

“Rythmes flous, des ambiances sinistres et un bon panorama apocalyptique; Wormhole est un autre album difficile à apprivoiser mais qui cache de beaux trésors”

1 Into Dark Space, Beyond Fear 15:41 2 Approaching the Wormhole/Inside the Black Vortex 20:23 3 The Discovery of the Unknown 25:51 4 Into the Alien Machine 15:53 SynGate Luna | CD-r PDSS2

(CD-r 77:48) (Ambient, psybient and sequencer-based EM)

L'introduction de Into Dark Space, Beyond Fear nous plonge directement dans le WORMHOLE avec un cri de frayeur dont le dernier souffle se perd dans de lourdes réverbérations circulaires qui balaient l'obscurité de ses rayons gorgés de poussières industrielles. Des grondements de machines se joignent à cette ode au désespoir qui peu à peu cherche ses ressources. Un battement surgit un peu avant la 5ième minute. Le pouls est en série de 3. Et ses ombres forgent un rythme ambiant qui oscille sur place, entraînant la respiration glauque d'une ligne de basse et de ses spectres qui éliminent sa source. C'est dans un riche climat de frayeur où crissent des lames de métal et bourdonnent des claquements métalliques que Into Dark Space, Beyond Fear poursuit sa sombre procession qui bascule légèrement vers la 8ième minute avec une ligne de séquences dont les ions voltigent comme les derniers faisceaux d'une lampe de poche qui dévale une longue pente escarpée. C'est un petit sursaut rythmique qui s'éteindra dans les lourdes nappes aux bruines ocrées et de leurs emprises qui insufflent une épouvante qui peu à peu se fond au dernier battement de ce long titre qui nous introduit au sordide univers de Perceptual Defence et Syndromeda.

Des bruits et des ambiances qui sont denses et riches en nuances. Des rythmes flous, et parfois aussi ambiants que les atmosphères sinistres, qui rampent sous d'envahissantes couches ambiosphériques, sinon ambiosoniques, et un décor sonique apocalyptique qui nous amènent aux portes du désespoir; WORMHOLE est un album aussi dérangeant que Fear of the Emptiness Space. Cette fois-ci le tandem Perceptual Defence & Syndromeda explique ses visions sur 4 longs titres construit un peu dans le même moule mais avec des variations qui témoignent de leur perspicacité à constamment vouloir redéfinir le genre ambiant progressif, voire un peu psychédélique. Et ils ont beau jeu, car Danny Budts et Gabriele Quirici poursuivent ici la quête sonique d'un monde irréel qui sied si bien leurs audaces. Un album difficile à apprivoiser? Certes. Mais un album qui cache aussi ses trésors. Des vents sombres et envahissants! Il y en a à la pelle ici. Et ils donnent une ouverture très patibulaire à Approaching the Wormhole/Inside the Black Vortex. On se croirait sur Mars, assiégé par une lourde tempête de sables. Les pulsations animent les ambiances aussi vers la 5ième minute. Cette fois-ci la structure du rythme est plus accentuée et plus soutenue avec une troupe d'ions qui oscillent et sautillent avec certaines tonalités organiques. Le rythme reste passif, dessinant une lente procession avec des ions impatients qui sautillent dans l'écho de ses semblables. En fait, le rythme semble près de l'instabilité lorsque qu'une lourde séquence avance à grands pas et brave la tempête sonique qui est toujours resté en retrait. Ces deux éléments forgeront un rythme toujours processionnel qui se réfugiera dans les multiples stries et brises intergalactiques avant de revenir avec plus de férocité dans une finale qui épousent les rythmes séquencés endiablés de Tangerine Dream. Une course folle d'une demi-douzaine de minutes qui s'effritera dans la corrosivité des brises Martiennes. J'ai bien aimé! Le long The Discovery of the Unknown épouse un peu le même modèle, sauf que les vents sont imbibés de crissements, de cliquetis, de voix affolées et résonnent de gong. Le rythme s'extirpe de cette angoissante introduction avec un bon maillage de séquences dont des tonalités de percussions picorent le léger sautillement de la ligne principale. De sinueux solos chantent sur cette progression rythmique, variant leurs airs qui sifflent comme les parfums de Klaus Schulze dans ses années d'éther, donnant aussi une approche tribale avec un timbre de didgeridoo. Des ions plus limpides s'invitent à cette danse sautillante, moulant un rythme plus nerveux avec deux éléments contraires qui forment les assises d'une structure aussi complexe que passive. Car dans WORMHOLE les rythmes sont cérébraux et font réagir que nos deux hémisphères. The Discovery of the Unknown replonge dans une noire phase ambiante où les souffles gutturaux et des poussières de discordes soniques enveloppent des battements éparpillés dans une ambiance obituaire . Un petit bout de rythme renaît quelques 7 minutes plus loin. Un rythme discret qui semble gravir les monts de l'inconnu où les vents et leurs matières ocrées sont encore plus omniprésents. D'étranges pulsations d'une grosse bibite à ventouses sculptent le rythme très ambiant de Into the Alien Machine qui regorge d'une faune de bruits bigarrés et d'ambiances sordides. Ici aussi le rythme se détache vers la 5ième minute pour épouser un genre de galop dont les amples arabesques sont piégées par d'autres battements fantômes. De sinueux solos virevoltent et accompagnent cette structure de rythme qui fonce avec pas mal de vélocité dans un hallucinant décor sonique où les vents sont martelés par des percussions dont la violence des coups sculptent des effets de vagues cosmiques. C'est possiblement le meilleur titre de WORMHOLE.

Ce n'est pas facile d'apprivoiser la musique de Perceptual Defence et Syndromeda. C'est de la musique abstraite sculptée dans l'audace et la complexité. Danny Budts et Gabriele Quirici inondent nos oreilles d'une myriade de lignes de synthés aux couleurs et aux tons qui se confrontent et s'enchevêtrent dans un décor sonique qui emplit nos oreilles, et notre pièce d'écoute, d'une riche onde de musique aux mille nuances. L'ajout des structures de rythmes, parfois trop éphémères, amènent la musique à un autre niveau, faisant les liens entre la musique d'ambiances et les rythmes séquencés d'une MÉ toujours au diapason de ses audacieuses possibilités.

Sylvain Lupari (18/06/15) ***½**

Disponible au SynGate Bandcamp

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