“Bien qu'il surfe sur les ambiances des années analogues de Tangerine Dream, Green Dessert respire la même originalité que le splendide Dyad”
1 Inconsequence 20:35
2 Cyclical 14:39
3 Movements of a Divisionary 9:04
4 Bronsium Echoes 11:04
(DDL/CD-r 55:23)
(Retro and New Berlin School)
Une ligne de synthé ondoyante flotte comme un nuage de brume, amenant avec elle d'autres lignes dont les reflets ambiants se juxtaposent dans une chatoyante symbiose méditative. Une délicate flûte perce ce brouillard métallisé. Son chant, si frêle soit-il, s'élève au-delà des cumulus soniques, berçant encore plus les songes du rêveur qui cherche à savoir à quoi ressemble Inconsequence, à tout le moins son intro. Des pépiements d'oiseaux ornent ces ambiances séraphiques alors que les lignes de synthé se font plus nasillardes. Une structure de rythme, aussi hésitante que timide, fait sautiller de délicates séquences dont les pas de loups concèdent l'excitation du rythme à des percussions et à leurs coups feutrés de gaz cosmique. De superbes solos ambiants chantent au-dessus d'une structure qui graduellement prend un envol rythmique ondulatoire où chantent toujours des solos devenus un peu plus flûtés. On nage en pleines années où l'analogue, et ses rythmes construits dans l'imagination, étonnait à chaque fois. Bien que tricoté dans les mailles des souvenirs de Tangerine Dream des années post-Baumann, mais pré-Schmoelling, Inconsequence continu l'évolution d'un tranquille rythme sphéroïdal où se greffe une chorale séraphique et dont les chants oniriques enchantent une nuée de lignes de synthé aux couleurs aussi lourdes et lentes que son rythme en perpétuel rotation hypnotique.
Il ne faut pas voir, ni espérer, en ce GREEN DESSERT de Perge à une copie conforme de la même œuvre de Tangerine Dream. Bien que ce dernier album de Perge surfe sur les ambiances d'un Tangerine Dream des années analogues, ce qui est totalement nouveau par rapport aux premières œuvres du duo Anglais, ce dernier album du duo Matthew Stringer et Graham Getty respire de la même originalité que le superbe Dyad. Évidement que lorsque l'on regarde la pochette et que nous prenons connaissance de la genèse, on ne peut que sourire vis-à-vis de ce clin d'œil très satirique qui entoure les mystères du véritable Green Desert. Mais sommes-nous vraiment dans ces terres? Allons-y entendre! Après son introduction ambiante, Cyclical expose un rythme du genre plutôt numérique à la Cool Breeze of Brighton où Matthew Stringer y va de très bons solos qui lui sont très personnels. Eh que ça donne le goût de s'immerger dans les ambiances de Parisian Dreams! Par contre, Movements of a Divisionary nous entraîne carrément dans les ambiances tordues de Movements of a Visionary de l'album Phaedra. C'est comme entendre son reflet à travers un miroir avec un tain embrouillé. Il y a seulement le passage au piano qui est dévêtu de son enveloppe filandreuse, même si la mélodie demeure sibylline. Bronsium Echoes reprend là où le rythme circulaire, mais croissant, et les harmonies virginales de Inconsequence nous avaient laissé. Et tout doucement le rythme égare ses ions dans des enveloppes morphiques qui rappellent les très belles années analogues de Neuronium et de son Chromium Echoes. Comme quoi que Perge peut diversifier tant son style que son approche, qu'il est aussi capable de flirter tant avec l'analogue que le numérique et que surtout il est capable d'étonner et de charmer malgré toute la polémique et la trop facile étiquette que certains veulent bien lui apposer.
Sylvain Lupari (2 Septembre 2014) ****½*
Disponible au Perge Bandcamp
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