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Writer's pictureSylvain Lupari

PETE FARN: Albgaenge (2019) (FR)

Albgaenge vise une clientèle à la recherche de l'absolu en matière d'illusions auditives où tout se peut si on laisse notre imagination aller

1 Roßberg 14:24

2 grünblau 7:26

3 Herbstmaschine 6:40

4 Farrenberg 7:19

5 Donausausen 8:11

6 Stellberg 4:08

7 A-ModsArt-4 5:19

8 Traumfänger 8:03

(CD-R/DDL 61:32) (V.F.)

(Ambient, abstract EM)

Peter Farn en spectacle! Ça doit donner une étrange impression d'assister plutôt à un spectacle d'un prestidigitateur des sons. D'un magicien qui contrôle notre attention par les couleurs et les formes de ses sons. C'est lors d'un voyage entre Schönbuch et Schwäbischen Alb que ALBGAENE à littéralement germé. Visitant différents parcs botaniques situés dans des régions nordiques de l'Allemagne, Peter Schaefer a rencontré des amis qui sont aussi des amateurs de l'art électronique abstrait. Le point culminant fut au jardin botanique de Tübingen à 2.700 pieds au-dessus du niveau de la mer avec des températures glaciales où il a donné un concert dans les allées de ce jardin devant des passants médusés par sa vision créatrice. Ainsi est venu ALBGAENE; un album de bruits et d'effets, avec très peu de rythmes et qui se comprend un peu mieux avec la vidéo extraite de ce spectacle spontané.

Tout se passe sans rythme et avec très peu d'émotions. Il y a une froideur qui est illuminée par des tonalités limpides qui, sur Roßberg, donnent une illusion de berceuse pour bulbes, alors que les ombres d'une musique disjonctée ajoutent une froideur avec des effets de réverbérations pétillants. On y entend des impulsions coordonnées par les radiances des effets réverbérants sans que jamais une vie musicale émerge des 14 minutes de ce long titre dont la finale propose un intéressant dialogue électronique. On peut voir et entendre la genèse de Roßberg sur cette vidéo tournée lors de cette longue excursion de Peter Schaefer dans de mythiques lieux botaniques sur les côtes de Schwäbischen Alb. Et ces 14 minutes sont un excellent indicateur de ce qui va suivre. Des sons et des tons qui comme de l'encre sur du papier buvard prennent différentes formes et coulis que l'imagination peut interpréter de mille façons. Grünblau est plus agressif au niveau des tons et de sa fluidité tonale. Le décor impose une vision rythmique ascendante qu'il faut deviner, alors que les sons sont plus près des troubles cosmiques que des nids de bulbes. Et si vous entendez un langage d'une perceuse… vous marchez sur mes traces! On glisse ainsi vers Herbstmaschine et sa structure de rythme nouée dans les oscillations des lignes de bruits. Par la suite, c'est une série de courts titres qui défendent les visions de Peter Farn avec des approches mieux apprivoisables, je pense entre autres à Donausausen, A-ModsArt-4 et Traumfänger si on a aimé la période de Tangerine Dream avec Conrad Schnitzler, ainsi qu'à Stellberg qui est une pure illusion cosmique.

Bref, ce ALBGAENE n'est pas un album pour tout le monde. Il vise une clientèle à la recherche de l'absolu en matière d'illusions auditives où tout se peut si on laisse notre imagination s'attacher aux visions de Peter Farn. La vidéo de Plants & Arts, 1. Botan. Garten Tübingen facilite énormément notre visite dans cet univers.

Sylvain Lupari (16/02/20)

Disponible au SynGate Luna Bandcamp

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