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Writer's pictureSylvain Lupari

PETER BALL: Bohemia (2018) (FR)

“Musique calme sur un paysage sonore alternatif, Bohemia est un autre moyen d'apprivoiser la musique ambiante qui renouvelle ses vœux de sérénité

1 Bohemia/Desert Fruit 14:48 2 Drawn from Sleep (Slow Colours Mix) 6:53

3 Sunless 6:39

4 Epiphany 14:59

5 Fragile Settings 9:10

6 Into Nothingness 18:06

(DDL 70:38)

(Ambient with a zest of experimental)

Musicien-fermier Australien qui réside dans la ville de Lismore au nord de New South Wales, Peter Ball est un nom très respecté dans le milieu des arts et de la musique en Australie. Reconnu pour son approche minimaliste, il aime aussi explorer un univers d'ambiances avec des éléments sonores qui relèvent le défi d'intriguer notre imagination. Ne cherchez pas pour connaître sa discographie, l'homme est discret et prête plutôt ses services au niveau technique. Il a fait un album de musique ambiante expérimentale avec Kerry Norman, South en 1993, et puis on ne trouve rien d'autre. BOHEMIA apparait donc quelques 25 plus loin sur étiquette Ultima Thule Ambient et propose aussi un voyage ésotérique dans un univers où les sons se fondent à des masses inertes, un peu comme les cristaux dans le Jell-O. La comparaison peut être boiteuse? Pas vraiment! Puisque si l'on regarde le tout au travers un microscope, c'est un univers multicolore et enchanteur qui se déroule devant nos yeux. Ici, c'est à travers les deux oreilles.

Et comme pour donner du poids à ces notes, Bohemia/Desert Fruit ouvre BOHEMIA avec des accords en suspension qui traînent dans une masse sonore stigmatisée par les nombreux effets d'écho d'autres accords et de divers tintements. Cette salade de tons propose toutes les couleurs imaginables dans un étrange ballet pour corps rompus où se dessine une mélodie ambiante dont les harmonies rencontrent des chuchotements autour des 8 minutes. Chuchotements et bruissements concoctent une toile sonore qui s'accroche à de fragiles orchestrations alors que la finale de Bohemia/Desert Fruit flirte néanmoins avec une bonne dose de paranoïa, surtout lorsque les percussions martèlent un rythme lourd et sans vie. Drawn from Sleep (Slow Colours Mix) porte avec justesse les couleurs de son titre. Des nappes de synthé ondoyantes tissent un panorama aussi lumineux que les reflets d'une rivière brûlée par le soleil. Des effets de voix surfent avec ces reflets qui déversent leur musicalité avec une douce vision contemplative. Sunless est un autre titre où la musique respire la tranquillité mais avec une approche plus discrète et plus sombre. Comme une brise dans une grotte sans vie, les souffles flottent avec des tonalités forgées par les stigmates alors que nos oreilles se demandent si une guitare étend son spectre ou si c'est un synthé qui fond ses harmonies flottantes dans un monde oublié dans une grotte. C'est très serein alors que Epiphany est plus en mode musique d'ambiances exploratrice. Prenons les teintes de Bohemia/Desert Fruit et accrochons-les sur une structure de Techno pour Zombies marinés et nous obtenons ce magnifique morceau de musique qui vaut à lui seul le prix du déchargement de BOHEMIA. Hormis les fredonnements de cette horde de zombies, des effets sonores tout simplement enchanteurs décorent les 15 minutes de ce splendide titre. On peut entendre des couinements aviaires d'une forêt non-répertoriée ainsi que de délicieux éléments organiques qui donnent tout un relief à une musique qui se réfugie dans la discrétion, non sans avoir atteint les limites d'une nouvelle forme de musique ambiante. Superbe! Fragile Settings est un titre calme axé sur des accords de guitare répandu dans les filets enchanteurs d'une bruine bleutée. Into Nothingness termine cet album de Peter Ball avec une autre approche ambiante expérimentale. De multiples bulles de sons pétillent dans vide, alors que d'autres s'agglutinent et s'entrechoquent comme dans des élans de féerie au-dessus d'un paysage sonore aussi tranquille qu'une nuit étoilée sur le rivage d'un océan. C'est l'image que je retire de ces 18 minutes de contemplation oisive où la musique de BOHEMIA et de Peter Ball m'a amené dans des territoires aussi exquis que totalement inconnu à mes oreilles.

Sylvain Lupari (25/09/18) ***½** SynthSequences.com Disponible au Ultima Thule Ambient Media

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