“Soyons honnêtes ici; s'il n'a pas le nom de Peter Baumann, beaucoup parmi nous diraient que c'est un album brillant”
1 The Blue Dream 5:53 2 Searching in Vain 5:37 3 Valley of the Gods 4:13 4 Echoes in the Cave 3:55 5 Ordinary Wonder 6:00 6 Crossing the Abyss 5:58 7 Dancing in the Dark 5:57 8 Dust to Dust 6:24 Bureau B | CD 124952
(CD 42:54) (Classic Electronic Rock)
Devais-je parler du retour de Peter Baumann après plus d'un an que MACHINES OF DESIRE ait atterri dans les bacs? Synonyme de grosses attentes, tant pour cet album solo que pour cette énorme rumeur qui circulait à l'effet qu'il rejoignait les rescapés du vaisseau musical Tangerine Dream, le nom de Peter Baumann était sur toutes les lèvres en 2016. En plus de cet album, il y avait aussi les rééditions de ses 2 premiers opus qui s'est effectué en novembre 2016. Bref, beaucoup de brouhaha autour du nom de celui qui s'était donné comme mission de démocratiser, d'adoucir les angles robustes de la MÉ en l'exportant sur le continent américain en 1984. La grosse question était de savoir quel serait la direction musicale de Peter Baumann. New Age ou Synth-Pop? Berlin School ou New Age et Synth-Pop? Eh bien, après l'avoir écouté plus d'une fois ces temps-ci, je dirais que c'est une fusion entre les hymnes bonbons de Transharmonic Nights et les quelques audaces de Romance'76. Et même si certains prétendent que MACHINES OF DESIRE confirme que celui qui a quitté Tangerine Dream à 2 reprises dans les années 70 n'a pas réellement évolué, on ne peut être en désaccord car tout ici respire les structures de composition de Peter Baumann à cette époque. Moi qui ait adoré Transharmonic Nights, je ne peux me plaindre! Mais un petit détour plus audacieux aurait certainement contré la grogne des mécontents. Mais en bout de ligne, MACHINES OF DESIRE est aussi beau que sa pochette peut être inutile. Un bel album honnête qui est une sorte de retour au bercail de celui que personne n'attendait. Comme si son imagination n'avait pas pris une ride, un bref wooosh sort du néant pour se faire ramasser par des cognements insistants. Des larmes de synthé crissent sur une structure plus percussive que rythmique où les ambiances glauques enveloppent nos sens comme à l'époque du Dark Ambient du Dream. Le rythme est lent, théâtrale et menaçant. Et soudain, comme sortie de nulle part, une mélodie arquée sur un synthé en mode cordes de violons roule à vive allure comme échappée d'une session des 4 saisons de Vivaldi. The Blue Dream est l'ouverture parfaite à un album retour avec sa mélodie accrocheuse qui gigue entre des pans d'ambiances ténébreuses. Searching in Vain semble être un titre rescapé des sessions de Transharmonic Nights. Idem pour le rythme lent, quasiment militarisé, de Ordinary Wonder. Moi j’aime! Et Peter Baumann se dresse sur sa musique comme un mélodiste hors-pair qu'il est effectivement. Ceux deux petits joyaux précèdent deux titres aux ambiances douteuses et efficaces en Valley of the Gods, on se croirait dans Sorcerer mais avec une rythmique très captivante et un superbe jeu du séquenceur. La ligne de basse mord ce bon rock électronique ceinturé d'une mélodie d'un synthé criard. Echoes in the Cave, même avec son intro mélodieuse dérobée à The Blue Dream, stagne dans sa grotte ambiosphérique. C'est un bon titre d'ambiances sépulcrales à la Sorcerer. Après une autre introduction sculptée sous le signe d'ambiances ténébreuses, le rythme de Crossing the Abyss, tout de même assez léger, est transporté par une belle lutte entre un synthé flûté et un autre plus siffloteur. Je nage peut-être en plein délire, mais j'ai comme cette vague impression que The Keep a guidé les ambiances noires qui tournent autour des rythmes protéiformes de MACHINES OF DESIRE. The Keep et surtout Legend pour ces ambiances de danses médiévales, comme dans Dancing in the Dark qui est bien balancé entre ses très bonnes percussions et sa mélodie pincée sur des accords un peu froids. L'introduction de Dust to Dust est un petit bijoux d'atmosphères glauques. Tout au long de son évolution, nous sentons que le rythme cherche à conquérir les ambiances. Et lorsque ça arrive, le mouvement circulaire nous entraîne dans une spirale enlevante où chante un superbe de beau solo de synthé toujours aussi en mode séduction harmonique. Ici, comme partout dans ce dernier album de Peter Baumann, les percussions, les effets percussifs et le séquenceur unissent leur diversité afin de gonfler des rythmes qui nous reste toujours un peu bouche bée.
Ambiances glauques, mélodies stylisées dans la signature Baumann et des rythmes aussi surprenants que très créatifs, MACHINES OF DESIRE a tout ce qu’il faut pour plaire aux fans de la MÉ et de Tangerine Dream, période 77 à 86. Et restons honnête, si le nom de l'artiste serait autre que celui de Peter Baumann, plus d'un blogueur-chroniqueur ou amateur de MÉ crierait au génie. Très bon et je dirais même trop court. Mais 33 ans c'est très long comme attente. J'espère que Peter Baumann en a pris bonne note….
Sylvain Lupari (12/08/17) *****
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