“C'est une œuvre exceptionnelle qui deviendra un classique de la musique contemporaine”
1 Celebrating Fears Pt. 1 (1:28)
2 Mandrake Flight (6:14)
3 Spreading Disease (4:48)
4 Morgengrauen (1:48)
5 Waving Goodbye, Waving, Waving Pt. 2 (5:06)
6 Schreck's „Non Vampiric...” (4:54)
7 Day Or Wrath (5:10)
8 Auerbach's Night Club (13:29)
9 Under The Golden Charm (4:50)
10 Powercutting (1:25)
11 Añoranza (12:22)
12 Mal Du Pays (6:17)
13 Heimþrá (5:54)
14 Wiedersehen (4:12)
(DDL 77:56)
(Gothic EM, Post E-Rock)
Picture Palace Music c'est du théâtre musical. Un univers aux textures expressionismes qui exploite le dramatique et la mélancolie du 19ième siècle. Une aventure musicale riche en images et en imaginations musicales novatrices qui sont vite devenues l'apanage de ce groupe aussi mystérieux que son appellation. CURRI CULUM VITAE I (The Aside Ones - Music For Compilation Rates And Personal Data Sheets), quel titre, est une obscure compilation qui s'échelonne à partir des premières ébauches musicales de ce projet artistique de Thorsten Quaeschning. Si Somnambulistic Tunes et Symphony For Vampires vous ont séduit, vous tomberez à coup sûr pour cette étonnante compilation. Et si Picture Palace Music ne vous dit encore rien, dites-vous que vous passez à coté de quelque chose d'énorme.
Cet album-compilation comprend 14 titres d'une violence refoulée où les gros riffs de guitares roulent en boucles sur des synthés mellotronnés et des percussions électroniques. Après un très ambiant métallique et intrigant Celebrating Fears Pt. I au léger goût métallique, Mandrake Flight grouille sur de fines percussions et un sombre mellotron. Doux et ambiant, l'intro n'est que prélude à une lourde guitare qui tourbillonne vrille en boucle avec une férocité inhibée, trahissant la solitude d'une âme en perdition. Un superbe titre où une guitare électrique intensément solitaire hurle ses solos dans un environnement électronique, où l'on peut percevoir un doux synthé à la Tangerine Dream et des heurts de percussions légèrement saccadés. Un titre qui gruge l'âme! Tout comme Spreading Disease, quoique plus animé avec un rythme d'une samba inversée qui se nourrit d'accords de piano et d'orgue sur une cadence de pas de chat entourée d'une guitare encore plus éthérée. Litanie spasmodique sur des percussions claquantes, Morgengrauen est un court mais efficace techno névrotique enrobé d'une membrane mellotronnée. Trop court! Waving Goodbye, Waving, Waving Pt. 2, la première partie appartient à Symphony For Vampires est une ode à la solitude interprétée par des guitares acoustiques. C'est le genre de truc qui s'écoute sous la pluie en pensant à sa blonde ou à un proche disparu. Trop beau! Schreck's „Non Vampiric...” s'anime sur une structure légèrement ébréché. Une approche mélodieuse très TD s'échappe sur de lourds riffs de guitares qui mordent en boucles. Un titre léger mais efficace, tout comme Day Or Wrath, quoique plus acide, et le mielleux Under The Golden Charm dont on ne peut échapper au charme. Auerbach's Night Club est une danse désarticulée dont les prémices sont des percussions claquantes sur des accords de claviers névrotiques. Parfois minimalisme, avec des passages ambiants gaufrés chœurs austères, Auerbach's Night Club avoisine le rythme et le planant sur des mellotrons denses qui valsent lourdement, cachant une structure papillonnante dont les nappes mellotronnées en coupent les ailes avec de superbes arrangements orchestraux.
Piano mélancolique sous une pluie abstraite, Powercutting est le début d'un chef d'œuvre de tendresse, de passion et de déchirements qui clôturent cet étonnant album de Thorsten Quaeschning. Les accords de piano roulent avec force sous un voile mellotronné ocré, filtrant une splendide mélodie qui se meurt de solitude. Un court interlude juste avant le monumentale Añoranza et son piano hésitant qui perce une brunante déjouée par les larmes d'un ciel sans pitié. Les notes deviennent plus mordantes, acerbes et austères, cachant mal leurs désillusions qui s'envolent sur une séquence alourdie d'une ligne de basse. Un drame s'y joue, on le sent et il manquerait juste qu'on le voit. Mais Mister Q veille au grain. Añoranza évolue avec un crescendo dramatique où accords de piano brisés, percussions haletantes et mellotron enveloppant nappe ce splendide morceau d'un voile romantique époustouflant, dont une voix aussi éthérée que spectrale accompagne sa finale jusqu'à son dernier souffle de lucidité. Je l'écris sans hésitations; c'est un des plus beaux titres que j'ai entendus depuis des lunes, sinon de toute ma vie, Stairway to Heaven et Kashmir exclut évidemment. Cette structure chevrotante sur un piano qui cherche à fuir sa douleur et une guitare caustique aux lamentations désespérées est tout simplement poignante. Trop beau pour être ignoré, Añoranza se jette dans un néant métallique tamisé de chœurs damnés de l'auguste Mal du Pays. Un titre lourd muni d'une structure sonore riche où chœurs, trompettes et synthé aux cerceaux métallisés parfument un air qui flotte dans un éther tétanisé s'étendant dans le lugubre Heimþrá. L'intro de Wiedersehen apparaît comme des colombes sortant de l'enfer. Une superbe ballade qui remet les émotions, âprement dévorés par les 4 derniers titres, en place. Mais doucement les râlements métalliques d'une guitare tordue harponnent cette tendresse qui vit à nouveau sous les accords d'un doux piano jazzé avant d'embrasser une rythmique aux pulsations névrotiques et une basse oscillante qui nous amène aux confins d'une paranoïa auditive. Une courte pièce aux structures diversifiés qui démontre toute la complexité créative, autant harmonieuse qu'anarchique, qui anime ce merveilleux compositeur et visionnaire qu'est Thorsten Quaeschning et son groupe Picture Palace Music. CURRI CULUM VITAE I (The Aside Ones - Music For Compilation Rates And Personal Data Sheets) est tout un opus qui deviendra un classique de la musique contemporaine.
Sylvain Lupari (10/10/09) *****
Disponible chez Ricochet Dream
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