“Fairy Marsh Districts est à découvrir et apprivoiser sur le bout des oreilles”
1 Juffer Vey's Minnesong 4:36
2 Spring-Water-Fall 4:38
3 Fairies & Friaries 5:29
4 Damsel's Dive 12:31
5 Nun Exclusive 3:37
6 Marsh Mellow Dea/N MArtins Gans/Z Oder Gar Nicht/S Destotrotz 4:02
7 Help, Murder, Help 6:37
8 Lunatic Asylum 4:39
(DDL 46:08)
(Post-Rock, Theatrical EM)
Comme vous avez sans doute deviné; j'ai un énorme faible et une forte attirance pour la musique de Picture Palace Music. En ce qui me concerne, Thorsten "Q" Quaeschning est une bouffée d'air frais qui revigore le monde parfois trop placide de Tangerine Dream, tout en lui donnant un 4ième souffle lorsque qu'Edgar Froese lui donne un peu de lousse. En fait, écouter du PPM est comme faire un voyage astral dans les mythiques campagnes Européennes où sorcellerie, alchimie et magie de toutes les couleurs erraient dans les longs corridors des bois et forêts médiévales. Quaeschning compose une musique aux fortes tendances théâtrales qui fouette notre imagination depuis la parution de Somnambulistic Tunes en 2007, tout en enrobant toujours ses créations de titres très expressifs. FAIRY MARSH DISTRICTS (Music For Sunken Monasteries & Castle Moats) est une autre ode à la perversité des voyages temporels où les drames se moquent des hérésies monastériques.
Superbe et fortement inspiré des contes moyenâgeux Juffer Vey's Minnesong débauche cette 10ième œuvre de PPM avec une romantique guitare acoustique qu'un raconteur de foule gratte devant son auditoire des marchés publics. Un mellotron aux cordes d’un brumeux violon mélancolique enveloppe ses premiers accords, sortant Juffer Vey's Minnesong de nos songes baroques pour les diriger plus près du Sahara avec de fines percussions tablas. Dès lors les paradoxes musicaux s'affrontent avec l'apparition d'une séquence qui déboule nerveusement, accompagnée de percussions électroniques qui claquent comme la queue d'un fouet sous l'égide d'un mellotron plus limpide. De soyeuse comptine des marchés publics médiévaux, le titre se transforme en une superbe pièce électronique où le rythme nerveux cache à peine ses premières influences. Et ainsi se déroule l'étrange univers musical de Thorsten "Q" Quaeschning. Entre ses visions d'un monde ancestral, où les chevaux sillonnaient les verdoyantes plaines vierges sous les ombres des sombres nuages, et ses chevaliers synthétisés qui parcourent un univers aux milles sonorités contemporaines, l'homme se taille une place de choix entre le rêve, l'illusion et la réalité. Spring-Water-Fall suit avec de fins arpèges xylophonés qui tombent comme une mélodieuse pluie en suspension. Une étrange ondée encerclée de chœurs, de nappes voilées et de cymbales discrètes qui peu à peu s'évaporent laissant une clairière enchanteresse où baigne une étrange aura mystique avec des solos célestes qui ululent parmi des sonorités hétéroclites, pavant le tracé de Fairies & Fairies et son rythme saccadé qui danse avec des accords d'une guitare gitane et sous les souffles discrets du synthé. Un rythme minimalisme où les accords d'un séquenceur titubent et ondulent, comme des vaguelettes, sous les chauds souffles vocaux de sirènes gothiques. C'est dans cette quiétude d'un monde truffé d'illusions magiques que ce termine cette 1ière partie de FAIRY MARSH DISTRICTS (Music For Sunken Monasteries & Castle Moats).
Damsel's Dive ouvre le 2ième volet avec des percussions déboulant et fragmentant un rythme déjà nerveux, appuyé d'accords de guitares et d'un séquenceur aux lignes qui voltigent furtivement, se dirigeant vers un superbe refrain qui survole une structure adjacente animée d'une douce folie ensorcelée qui n'est pas sans rappeler le splendide Añoranza de Curicculum Vitae 1. Vers la 4ième minute, la batterie sectionne le rythme qui plonge vers une approche plus psychédélique avec une furieuse guitare qui fait convulser ses accords acharnés. Le synthé libère une légion de fines stries hurlant comme des sorcières affamées. Titre aussi étrange que violent, Damsel's Dive nécessitera plus d'une écoute avant d'en saisir toute sa subtilité et sa finesse sur un rythme dur et frénétique percé de douces phases éthérées. Une bombe qui dévie sur le très beau et romanesque Nun Exclusive et son doux violon rêveur qui échappe ses fins solos enjôleurs, surplombant ainsi un discret piano et une secrète guitare acoustique. Tout aussi intrigant, Marsh Mellow Dea/N MArtins Gans/Z Oder Gar Nicht/S Destotrotz est construit autour d'un univers de pulsations. Des légers battements pulsent auprès d'un séquenceur aux multiples lignes de percussions anarchiques, joignant d'autres percussions de styles dactylographes qui piochent en rappelant les sonorités électroniques de Tangerine Dream, période Johannes Schmoelling. Plus le titre avance et moins on ne peut ignorer cette influence, car les nouvelles séquences et les pulsations nous plonge dans les périodes de Flashpoint et Exit. Help, Murder, Help tombe lourdement avec une puissante et pesante structure musicale où guitares et batteries fusionnent sur un titre plus Heavy Métal qu'électronique, même si de lourdes nappes d'un synthé noir et ténébreux survolent Help, Murder, Help de long en large. Un titre qui veut tout dire et qui respire toute sa férocité. Lunatic Asylum nous plonge dans l'univers corrosif de PPM avec un rythme aussi lourd que lent, empreint de lourdes et sinueuses couches d'un synthé morphique qui étale ses sentiments d'abandon. Un titre intense qui nous pousse à l'introspection où la sombre mélancolie se mélange à la douce frustration d'une bipolarité latente, un peu comme tout ce qui entoure les énigmatiques œuvres de Picture Palace Music.
Comme chacune des œuvres du groupe allemand, FAIRY MARSH DISTRICTS (Music For Sunken Monasteries & Castle Moats) se découvre sur le bout des oreilles. Une fois les premières écoutes passées, on finit par découvrir tout l'univers musical enchanteur de ce projet de Mister Q. Je vous étonnerais si je vous disais que c'est un superbe opus? Un ami Internet, que je respecte énormément, m'a expliqué qu'un chef d'œuvre se dévoile au travers les ans. C'est vrai et c'est très logique. Il est donc beaucoup trop tôt pour dire que Quaeschning est le nouveau génie d'un créneau musical hybride; l'électro-rock-théâtral. Je dirais tout simplement que c'est excellent.
Sylvain Lupari (30/09/10) ****½*
Disponible au Picture Palace Music
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