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Writer's pictureSylvain Lupari

PICTURE PALACE MUSIC: Midsummer (2010) (FR)

Peut-être la plus belle façon de s'initier à l'univers tortueux de PPM

1 Chill Crystal Zone 4:40

2 Midsummer's Eve 6:16

3 Midsummer's Morning 5:41

4 Midsummer's Day 5:58

5 Seduction Crossing 6:43

6 Right of Ascension 7:35

7 Drowning Someone's Sorrow into the Ocean Part I 6:48

8 Drowning Someone's Sorrow into the Ocean Part II 11:15

9 Drowning Someone's Sorrow into the Ocean Part III 4:35

10 Midsummer's Night 5:48


(CD/DDL 65:20) (V.F.)

(Post-Rock, Theatrical EM)

C'est assez difficile de décrire la musique de Picture Palace Music tant elle est si disparate. Depuis la parution de Somnambulistic Tunes en 2007, le groupe de Thorsten Quaeschning ne cesse d'étonner par une imposante variété de styles et sonorités. MIDSUMMER est un premier CD sur le label Groove Unlimited et fut dévoilé lors du festival E-Live de 2010 dans un concert survolté qui a totalement abasourdi l'audience. Et pour cause! Au-delà d'un hymne à l'été, son solstice, le soleil et ses adorateurs, MIDSUMMER embrasse le gros synth rock et garde une oreille attentive aux murmures des nuits bleutées, là où les festivités d'un monde d'effervescence croisent le parallélisme des univers dualistiques de PPM.

Chill Crystal Zone nous rappelle avant tout que TQ est aussi derrière les claviers de Tangerine Dream. Ce titre introductif débute avec un synthé légèrement fluté se berçant sur une fine ligne du séquenceur qui ondule tel un ruisselet prismatique et un douillet lit d'arpèges scintillants. Le rythme est nerveux avec des ions chevrotant comme dans les années Rockoon et accueille des accords défilant en boucles d'une guitare frétillante à la The Edge (U2). Une guitare fiévreuse dont les riffs s'effacent derrière des effets de voix planantes qui façonnent une étrange mélodie rongée par une folie latente. La cadence s'accentue avec des percussions plus soutenues et des accords cristallins qui se dandinent innocemment avant que la guitare ne se fasse plus mordante et qu'une avalanche de percussions déboule avec fracas, divisant Chill Crystal Zone entre une douce mélodie et une étonnante furie musicale que le groupe nous avait déjà inondé avec Damsel's Dive et Help, Murder, Help sur Fairy Marsh Districts. D'ailleurs, MIDSUMMER sera constamment tiraillé entre les mélodies et les angoisses de même qu'entre la clarté et la noirceur. Midsummer's Eve suit avec une introduction assez similaire au rythme fragilisé de Chill Crystal Zone. Sauf que le rythme explose lourdement avec de furieuses percussions, une ligne de basse rock et des riffs de guitares nerveux qui nous plonge dans le sombre univers de King Crimson (Red et Starless and Bible Black). Un titre explosif où la guitare traîne ses solos sur un rythme fracturé par de courts intermèdes plus aérés, s'appuyant sur de lourds riffs et des lignes de synthé sombres qui hurlent dans une cacophonie des sons. Et ça Midsummer's Morning en est truffé et ce jusque dans les derniers recoins de son mystère. Une superbe ode à la schizophrénie avec un délicieux piano qui étale une magnifique mélodie méditative où des voix trainent dans un sillon troublant d'émotivité. Un doux piano qui me fait penser au superbe Añoranza sur Curicculum Vitae 1. Midsummer's Day croise un peu les rythmiques dégagés du Dream des années Miramar avec son rythme enlevant où les riffs de guitares coulent sur des percussions nerveuses et des séquences limpides frétillant sous de délicates strates de synthé. Un titre qui flirte un peu plus vers le gros synth rock, tout comme le puissant et percutant Right of Ascension, et qui connaît ces hausses de créativité avec une belle guitare et des vocaux de festivités, plongeant Midsummer's Day dans une irréelle fiesta Africaine. Surtout avec les vuvuzelas qui bourdonnent autour des vocodeurs.

Seduction Crossing est aussi teinté de cet univers de Tangerine Dream, mais un Dream plus sombre sorti des sentiers de Legend. Une fine séquence tournoie après une intro remplie de souffles angoissants. Une ligne du séquenceur dont les ions s'égrènent sous de bonnes frappes de percussions sourdes et d'autres qui s'entrechoquent vivement. Comme dans Legend! Une ligne de basse nourrie cette séquence spiralée où des accords de clavier arrosent une fascinante mélodie en sonorités de verres. Un superbe titre dans MIDSUMMER qui dépeint une paranoïa cauchemardesque, surtout lorsque s'ajoute ces superbes couches de guitares spectrales qui ondoient avec stridence. Nos tympans, encore assommés par les frappes du lourd et captivant Right of Ascension, sont enveloppés par l'intro caverneuse de Drowning Someone's Sorrow into the Ocean Part I. Des gouttes d'eau ruissèlent dans l'écho de grottes ténébreuses dont les sinuosités se prolongent vers un univers sonore hétéroclite où de caustiques réverbérations croisent une panoplie de souffles flûtés et de cerceaux métalliques. Une séquence en émerge et chevauche discrètement cette plaine sclérosée de bourdonnements métallisés. Le mouvement est délicat et s'amplifie avec l'apparition de Part II où l'univers de PPM flirte avec les sonorités tribales du monde de Steve Roach avec un étonnant mélange de percussions qui fourmille sur une cadence tournant en spirale. Le rythme devient plus incisif et tournoie avec une telle vélocité que le vertige prend le dessus sur le magnétisme hypnotique. Sombre, intense et truffé de sonorités composites Drowning Someone's Sorrow into the Ocean Part II étanche sa soif des rythmes endiablés sur une structure finement saccadée où règne une multitude de percussions et d'accords séquencés qui se chamaillent sous des synthés hurleurs et des chœurs monastiques qui se font entendre avec l'ouverture de Part III. Danse tribale tournoyante Drowning Someone's Sorrow into the Ocean est une splendide trilogie où les sombres incantations de PPM sont nourries d'un étonnant esprit maléfique et enchanteur. Après ce monde de noirceur Midsummer's Night conclût MIDSUMMER par un rythme infernal. Un gros synth pop qui croise le synth techno sous une avalanche de percussions. Un gros titre puissant qui dépeint assez bien l'univers hybride de cet album où l'approche sombre et éclectique de Picture Palace Music fraye superbement bien avec une approche plus pop, plus rock et définitivement plus accessible. Je pense que c'est une belle façon de s'initier à l'univers tortueux de PPM.

Sylvain Lupari (07/01/11) ****½*

Disponible chez Groove nl

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