“PPM étonne en livrant un premier opus assez atmosphérique où le drame y est finement présenté par de très bons arrangements orchestraux”
1 Overture 4:06
2 Little town of Holstenwall 4:34
3 Annual Fair 5:14
4 Somnambulistic 5:04
5 Streets of Holstenwall 2:55
6 Night, Night, Night 7:36
7 Help, murder, help 6:23
8 Funfair 1919 2:34
9 Jane and Cesare 2:00
10 The Funural Night 3:38
11 Jane's Nightmare 1:24
12 On the Run 4:10
13 Celebrating Fears Part II2:27
14 Invastigation 13:35
15 Twilight of the Invalid 00:45
16 Lunatic Asylum 4:42
17 Final 3:52
Manikin MRCD7081 (CD 75:01)
(Post Electronic Rock)
Picture Palace Music est le projet musical de Thorsten Quaeschning, le nouvel acolyte de Edgar Froese dans Tangerine Dream. L'idée de base de ce projet est de rendre un hommage musical aux films muets des années 20, défiant les perceptions sonores de l'époque avec les instruments et la tonalité contemporaine ainsi que l'interprétation et la vison d'aujourd’hui. Un projet ambitieux et intéressant qui démarre de belle façon avec SOMNAMBULISTIC TUNES, une musique inspirée du film Das Cabinet des Dr. Caligari du cinéaste Robert Wiene. Ce film pionnier du cinéma expressionnisme allemand fut réalisé en 1919 et raconte l'histoire d'un mystérieux saltimbanque qui fait commettre des crimes à un somnambule. On décrit l'ambiance comme sombre et très cauchemardesque. À ce niveau, l'œuvre de Picture Palace Music n'atteint pas un tel paroxysme. Par contre, le musicien Allemand étonne en livrant un opus assez atmosphérique où le drame y est finement présenté par de très bons arrangements orchestraux.
Overture débute cette aventure sonique avec une approche philharmonique qui flirte avec du cinéma dramatique propulsée par des percussions aux roulements symphoniques. Une élégie harmonieuse et vampirique survole cette dense structure philharmonique triturée de lourdes et glissantes strates de violons et violoncelles dont la course se termine sur des percussions disparates. Little Town of Holstenwall enchaîne avec une séquence basse et sautillante qui oscille sur les strates d'une guitare atmosphérique et qui plane dans un sombre univers hétéroclite. Déjà on saisit la maîtrise de Quaeschning qui fait de sa guitare un bon complément au synthétiseur en tissant des ambiances surréalistes dans des collages de riffs angoissants. Il pivote aussi d'une structure à une autre tout en restant conforme à ses visions et aux atmosphères de sa musique. Annual Fair possède un beat plus rock. Un rock lent et stable, comme je les aime, qui s'harmonise avec des voix autant angéliques que sibyllines. Les contrastes s'unissent de brillante façon tout en insufflant une vision cauchemardesque et en infiltrant un côté orchestrale assez étoffé comme la pièce titre et sa vision de schizophrénie dans des ambiances chthoniennes, et Streets of Holstenwall qui propose un rythme qui fait très The Cure et qui est plus lent que dans Little Town of Holstenwall. Graduellement Thorsten Q. impose sa vision qui se dessine avec adresse dans une diversité des styles et une imagination scripturale débordante. Night, Night, Night, qui fait très Tangerine Dream dans une ambiance érodée par une fumée radioactive, et Help, Murder, Help, un bon titre fuyant une ouverture mortuaire pour se sauver dans un bon rock, sont deux très bons titres qui nagent dans des sphères sombres teintées d'une luminosité névrosée. De loin les moments très forts de SOMNAMBULISTIC TUNES qui continue de dérouler sa fresque en une mosaïque de 75 minutes.
Les ambiances de The Cure jaillissent dans le rythme lourd et lent de Funfair 1919 et ses percussions qui labourent une atmosphère envahissante.et nous conduisent au très ambiant Jane and Cesare. L'atmosphère respire les ambiances du cinéma des années 20 en étant très sombre avec d'étranges pulsations linéaires qui nous conduisent au saxophone de The Funural Night. De lents riffs et ces pulsations résonnantes accompagnent cette fascinante marche, tandis que s'élève un vent de séquences chatoyant dans ce décor lugubre où des effets percussifs flottant nous conduise à un Jane's Nightmare qui nage en plein contraste et dont les percussions flottantes, on dirait des sabots résonnant sur du pavé mou, nous amène au rock surréaliste de On the Run qui n'est juste pas étiquetable comme genre. Un petit rock et Picture Palace Music nous ramènes à ses ambiances d'effroi dans un vaste château hanté avec Celebrating Fears Part II, l'auditeur dans les sombres ambiances de SOMNAMBULISTIC TUNES. Vient ensuite Invastigation et son très beau piano envoûtant qui monopolise toute l'attention. Le ton passe de romantique à dramatique avec des nappes de violon qui jettent une aura pesante. Un rythme lent, bien présenté par des percussions instables, devient entraînant avant que le piano revienne instauré sa vision de solitude obligée. PPM répète le pattern à deux reprises et s'enfuit dans les ombrées ambiances, assez près de l'effroi je dois admettre, du lent Twilight of the Invalid. Des cognements sourds, mais efficaces, structurent le rythme invalide (sic!) de Lunatic Asylum et ses nappes de voix affolées qui se perdent dans des orchestrations funestes. Final clôture ce premier opus de Picture Palace Music avec sa vision d'atmosphères de films de peur du cinéma noir du dernier siècle.
J'ai été assez étonné par la qualité de SOMNAMBULISTIC TUNES. C'est une œuvre ambiante et ténébreuse conçue avec un doigté digne des artistes de renom. Il est évident que Thorsten Quaeschning est très talentueux et qu'il possède un sens de l'écriture très visuel. Les yeux fermés, on palpe la névrose et les yeux fous des acteurs des films muets qui avaient du visage ce que la voix ne rendait pas. Ici, Picture Palace Music donne aux visages les couleurs manquantes, et au film cette dimension sonore avec des lourdes orchestrations et des superbes arrangements sombres, dramatiques et qui sont teintées d'un romanesque désavoué. Une grande surprise et un album qui sera le fer de lance d'une étonnante suite. Moi!? J'ai bien aimé, après plusieurs essais pour être honnête, ce SOMNAMBULISTIC TUNES qui au final est un de ces innombrables albums d'ambiances sombres qui vient rejoindre la très longue liste d'un genre qui est parfois lourd à investiguer et qui a besoin de beaucoup d'amour…
Sylvain Lupari (19/08/07) *****
Disponible chez Manikin Records
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