“Ce retour de Polaris est une bonne bouffée d’air frais dans les sphères de la MÉ avec une approche très stylisée et étonnamment éclectique”
1 Fata Morgana 13:16 2 Derweze 9:34 3 Dunes 11:40 4 Hasting's Cutoff 9:50 5 Oasis 8:12 GEN CD 045
(CD 52:32) (Berlin School, E-Rock and EDM)
Humm… tout un retour de Polaris! Près, ou plus, de 4 ans après Way Out, Jakub Kmiec sort de sa tanière pour offrir un album qui en surprendra plus d'un. Ode électronique sur le thème du désert, DESERT RUN entraîne dans son sillage cette signature d'EDM de Polaris dans des structures nettement plus élaborées que dans ses albums précédents. Il en résulte en un style assez particulier où on retrouve des essences de Jean-Michel Jarre, pour le décor cosmique, de Kitaro pour les harmonisations des mélodies synthétisées, de Tangerine Dream pour les effets et les spirales des séquences et finalement de Redshift pour bien d'autres éléments.
C'est d'ailleurs dans des parfums de Logos que Fata Morgana s'organise autour de nos oreilles. Un voile obscur imaginé dans l'antre de Redshift étend des nappes de voix chthoniennes autour de ce maillage de percussions et de séquences qui driblent une rythmique qui tangue vers ce rock électronique dont on cherche encore une façon de le danser. Évoluant sur deux phases, Fata Morgana correspond parfaitement au sens de son idée avec un mirage sonore où les diverses périodes de Tangerine Dream forment une séduisante symbiose. Comme cette guitare qui crache ses riffs, qui aimeraient bien se transformer en solos rageurs, et cette phase de séquences qui roulent comme ces boules folles dans un boulier activé par un engrenage dérèglé. C'est à ce moment, autour des 6:30 minutes, que le séquenceur active sa folie, modifiant une structure qui devient plus épurée et plus entraînante. Les amateurs des séquences à la Chris Franke vont dévorer ce titre. Derweze est en pur mode Redshift, tant pour les ambiances que pour l'utilisation du séquenceur qui étale ses influences de Tangerine Dream. Disons qu'il décrit avec justesse cette légende des portes de l'enfer sur Terre situées dans le désert Turkménistan. Dunes fera partie de ces titres à mettre dans mon iPod, section meilleurs titres de MÉ en 2018. Roulant dans des brumes Floydiennes, des solos de synthé assez intenses sortent d'entre des nappes gorgées d'un grésillement réverbérant. Un petit pas du séquenceur et hop…Une sublime ligne de synthé plus que trop harmonieuse descend des nues avec une emprise irrévocable sur nos charmes. Le séquenceur bredouille une autre approche en même temps qu'une bonne ligne de basse s'invite derrière ce cadeau harmonique. Et tout va vite! Les percussions qui viennent dansent avec les riffs de clavier et propulsent la musique vers une structure enlevante où les fils de mélodies roulent en boucles sur une structure un brin saccadé, mais toujours très entraînante. Divisé entre sa magnifique mélodie sifflotée et ses solos à la Kitaro, Dunes retraite vers un étroit corridor d'ambiances avant de jaillir avec force, promenant sa deuxième entre ses phases d'ambivalences. Disons que c'est ce genre de titre qui nous fait tomber en amour avec les multiples possibilités de la MÉ.
Des accords tressaillant comme des tac-tac (des clackers) prisonniers dans un écho brumeux chatouillent délicieusement notre ouïe. Ce mouvement zigzagant venu du loin entraîne un maillage de pulsations et de percussions acoustiques qui seront la base d'une structure rythmique bidirectionnelle. Des arpèges volètent au-dessus, alors que la présence de brume amplifie le côté ambiance de Hasting's Cutoff, un titre qui se rapproche le plus des hymnes EDM que l'on retrouvait sur l'album Way Out, mais dans une enveloppe un peu Cosmic Funk à la Robert Schroëder. Oasis est sculpté dans le même moule. Cette fois-ci, le rythme s'échappe d'un brouillard orchestral d'où surgit une ligne de basse pulsation et une armada de séquences qui papillonnent vivement comme dans les gros rocks électroniques de TD dans leurs années Miramar. La 2ième partie propose un autre rendez-vous avec la dextérité de Jakub Kmiec et ses solos de synthé qui en séduiront plus d'un tout au long de cet album bourré de surprises. Et là, je ne vous ai pas parlé du pattern de séquences très Franke dans les années Logos qui butinent dans cette finale, de même qu'à plein d'endroits dans DESERT RUN.
Ce retour de Polaris est une bonne bouffée d'air frais dans les sphères de la MÉ avec une approche hautement stylisée et étonnement éclectique. Surfant à l'aise entre plusieurs styles et influences, dont les liens sont imperceptibles et pourtant tangibles, DESERT RUN est un voyage au cœur d'une MÉ où tous ses ingrédients se fondent en une symbiose des plus enchanteresse. Il y a de la très bonne et belle MÉ dans cet autre petit bijou, toujours soigneusement recouvert d'une belle pochette digipack, du label Polonais Generator PL.
Sylvain Lupari (13/05/18) ****¼* SynthSequences.com
Disponible au Generator PL
Comments