“Collision est un percutant album de MÉ contemporaine”
1 Collision 11:37
2 Mal du Siecle 9:30
3 Octahedron Moon 6:11
4 The Parent of all Others 1:58
5 Berolina Train 15:34
6 Subconscious Choice 7:11
(DDL 52:01)
(EDM, E-Rock, Berlin School)
Voilà un album qui a bien fait jaser dans le cercle de la MÉ contemporaine. Issu d'une session d'improvisation lors du dernier Ricochet Gathering de Berlin en 2010, COLLISION de Polaris et Krzysztof Horn est un étonnant voyage dans l'univers des sons et des échantillonnages musicaux qui nourrissent une faune musicale aux odeurs de la vieille Berlin School et des rythmes de down-tempo et mid-tempo plus contemporain. Un peu comme si on mixait les couches morphiques de Klaus Schulze ou Edgar Froese aux rythmes nerveux de Spyra ou Pete Namlook. C'est tout simplement savoureux et on en redemande au fur et à mesure que nos oreilles en apprivoisent cet étonnant maillage de sons et d’images musicales.
Pourtant, l'introduction de la pièce titre ne laisse rien transpirer de tel avec cet univers bariolé où les sonorités distordues s'acoquinent avec une chaleureuse ligne de synthé qui roucoule sous de fins arpèges carillonnés. Les premiers balbutiements de métal égratigné se font entendre un peu après les 90 secondes. Des grésillements pétillant sous l'axe d'une chaleureuse courbe synthétisée attisent d'étranges pulsations argentées qui gambadent gauchement sous de suaves couches de synthé au contour légèrement apocalyptique, obligeant la douce enveloppe musicale de Collision à freiner l'ébullition de sonorités hétéroclites et métalliques qui germe tout au long de son évolution. Car au-delà des échanges avortés de ping-pong, des tssitt-tssitt anémiques et des crépitements, se faufile une savoureuse ligne de basse qui dessine un étrange down tempo futuriste pulsant sous des stries saccadées et des belles lignes de synthé dont les tonalités réveillent les vestiges de la Berlin School. Et plus nous avançons dans COLLISION et plus les bruitages syncrétiques se dispersent, laissant place à de belles mélodies et de beaux rythmes souples. Mal Du Siecle s'emboîte aux sinueuses ondes fantomatiques et aux cendres stigmatisées de Collision pour palpiter d'un magnétique battement de cœur métallique. Les battements sourds pulsent dans un aven construit au cœur d'une énorme machinerie souterraine, augmentant la cadence et l'amplitude. Un peu comme un train qui progresse dans un univers tintamarresque sous les courbes des lignes de synthé aux sonorités de Blade Runner. Et une fois rendu à destination, on peut entendre les murmures d'une foule égarée dans ses pas. C'est très beau et assez accrocheur. Le duo Polonais ne laisse aucune seconde de vide et emplissent l'air d'une nuée de sonorités composites qui créent une faune urbaine surréaliste sous de belles bribes de mélodies.
Avec ses riffs et accords d'une guitare qui roulent en boucles sous une fine ligne hachurée, Octahedron Moon emprunte un registre qui s'apparente à l'univers de Michael Rother. C'est très mélodieux et ça coule sous des bips vaseux et des bruissements de bruits blancs avant de trébucher dans un passage plus statique où percussions, pulsations et dialectes de cyborgs éclatent sous de morphiques couches de synthé. Après le bref et dubitatif The Parent of all Others, Berolina Train enchaîne avec une série de boucles d'un synthé qui subdivise ses lignes pour procréer des chœurs errants. Ses boucles et chœurs voyagent et ondulent, croisant des riffs et nappes qui voltigent nerveusement, alors que le plus long titre de COLLISION se dirige tranquillement vers une approche plus technoïde. Berolina Train devient un très beau dow tempo qui remue son approche rythmique sous des sonorités hétéroclites qui en épousent et la forme et l'approche mélodieuse. Le rythme est souple et se balance sur une fine ligne pulsatrice, de nerveux riffs de clavier et sous de belles couches d'un synthé morphique, ajoutant une très belle dimension parallélisme à un univers de dance-floor industriel. Et lorsque nos oreilles débroussaillent le rythme de l'ambiance, on entend de belles séquences qui palpitent sous un suave synthé aux réminiscences de la vieille Berlin School. De loin le titre le plus marquant sur COLLISION qui continue son étrange et hypnotique virée éclectique avec Subconscious Choice, un autre superbe down-tempo rempli de couches métallisées qui ondulent en boucles industrielles sous de fringants tssitt-tssitt, de nerveux riffs flottants et une série de palpitations qui coulent dans le rythme telle une arythmie programmée par de sobres percussions.
COLLISION est un splendide album de MÉ contemporaine. Polaris et Krzysztof Horn tissent un univers musical surréaliste qui converge constamment vers des rythmes progressifs. Des rythmes qui sont habilement enfouis dans les vielles moutures de la Berlin School avec un contour musical empreint de douces couches de synthé qui flottent et enveloppent des rythmes progressant vers de savoureux down tempo. Nous sommes aux confins d'un brillant univers musical métissé. Et c'est aussi beau que ça peut être envoûtant. Un autre joyau de MÉ contemporaine et progressive sur la couronne déjà fort bien garni de Ricochet Dream.
Sylvain Lupari (14 Décembre 2011) *****
Disponible au Polaris Bandcamp
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