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Writer's pictureSylvain Lupari

POLLARD DANIEL BOOTH: Vol. 3 (2010) (FR)

Le trio anglais excelle dans l'art de nous faire revivre la Berlin School rétro

1 Eindhoven I 23:06

2 Eindhoven II 29:01

3 Eindhoven III 25:16

(DDL 77:22)

(Classic Berlin School)

Explorer l'univers musical de Pollard Daniel Booth c'est inévitablement effectuer un voyage musical qui nous amène aux racines de la vieille Berlin School. Même avec les technologies et les équipements d'aujourd'hui, le trio Anglais ne jure que par l'analogue et est continuellement attiré par les longs envoûtements des synthés dont les doux parfums d'une brume mellotronnée voyagent sur de merveilleuses séquences aux rythmes aléatoires. Enregistré 2 semaines avant le fameux Hampshire Jam 8, Pollard Daniel Booth Vol. 2, ce spectacle dans les terres de la Netherlands School présente 3 longs actes improvisés aux ambiances ténébreuses dont les nerveux rythmes séquencés traversent les brumes et flûtes de Mellotron. Les synthés enveloppants laissent fuser des solos aiguisés, qui vont de pair avec ceux de la guitare de Michael Daniel, tout en étant des ressources intarissables pour allumer cet univers d'effets sonores d'un monde analogue oublié.

POLLARD DANIEL BOOTH Vol. 3 débute avec un Mellotron aux souffles gothiques et mystiques dont les émanations éthérées foulent une bruine d'effets sonores, gracieuseté de Phil Boot qui ajoute une dimension unique au style Berlin School de PDB. Les ululements spectraux et stridents entourent lascivement un Mellotron dont les denses nappes et les sonorités flûtées flottent tels des nuages morphiques enjolivés de notes de piano égarées, ajoutant encore plus de mysticisme à l'introduction de Eindhoven I. Une ligne du séquenceur aux ions saccadés forge une cadence nerveuse vers la 6ième minute. Elle galope sur une structure rythmique aux subtiles interversions. Le rythme est constant et s'acharne dans un univers rempli d'effets sonores cosmiques et de lourdes réverbérations, empruntant même une apparence rythmique de Jean-Michel Jarre sur les Concerts en Chine. Alourdit par les lourdes résonnances qui s'échappent de partout, le rythme traverse une route minimalisme qu'une guitare aux solos agressifs et un synthé aux solos torsadés, embrase vers la 12ième minute. Restant sur cette cadence hypnotique Eindhoven I devient lourd et métallique. Il devient un violent Berlin School qui modère lentement son rythme pour emprunter la route d'un rock cosmique noyé des doux parfums célestes et cosmiques.

Eindhoven II présente une mirifique ouverture où les accords de piano embrassent une douce flûte céleste. Une tendre introduction qu'une soudaine séquence éveille les sens vers la 7ième minute. S'ensuit un rythme lourd et agressif qui ondule sous le poids des synthés aux souffles symphoniques. Frivoles et légères, les notes du Rhodes épousent une ligne du séquenceur totalement imprévue, ajoutant plus de poids à une lourde structure cadencée qui chevauche sous une belle ligne de basse. Eindhoven II devient lourd, voire violent, avec ce puissant mouvement rythmé qui est poussé et soutenu par de lourdes nappes synthétisées qui crachent des stries ocrées dans une lourde immersion sonore symphonique et apocalyptique. Ce rythme chevauche les plaines cosmiques avant de s'échouer sur les rives d'un univers galactique à la flûte enchantée, un peu comme dans son introduction. Une lente introduction trempées de lourds effets sonores d'un monde métallique gris-bleu et galactique ouvre Eindhoven III. Un univers de jeux vidéo qui graduellement fait place à des senteurs morphique où chœurs monastiques, flûtes mellotronnées et ondoyantes nappes de synthé zigzaguent faiblement dans un cosmos étoilé d'effets sonores cosmiques. Une douce flûte s'échappe, annonçant la venue d'une séquence aux lourds ions résonnants qui martèlent un puissant rythme hypnotique. Un rythme ceinturé des ondes sinueuses du synthé. Le mouvement séquencé se fractionne, égarant des ions qui forment une texture de rythme libérée de son approche minimalisme et qui pilonne nos oreilles traversées par autant de solos de guitare que de synthé. Ces solos torsadés et incisifs font duel sous des nappes de brume cosmique qui s'entrecroisent dans une lourdeur digne des bons Berlin School des années analogues.

C'est vrai que Pollard Daniel Booth n'invente rien. Prétendre le contraire serait faire preuve de fanatisme borné. Par contre le trio Anglais excelle dans l'art de nous faire revivre la Berlin School rétro tout en y ajoutant une touche de contemporanéité qui ne peut aussi se nier. Une touche contemporaine nourrie par de furieuses séquences spasmodiques qui sculptent d'audacieuses textures rythmiques dont les multiples transformations transcendent les rythmes hypnotiques et minimalismes des années vintages. Ça reste qu'à la fin, c'est du solide Berlin School rétro.

Sylvain Lupari (15/12/10) *****

Disponible au Pollard Daniel Booth Bandcamp

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