“Ocean Drive est un splendide album qui vaut absolument sa réédition”
1 Reflections 7:21
2 Ocean Drive 23:22
3 Dive 8:15
4 Sunrise 11:12
5 Twilight 15:24
6 Psycho (Bonus Track) 13:05
(CD-r/DDL 78:49)
(New Berlin School)
OCEAN DRIVE est un 2ième album pour Pyramid Peak, un trio Allemand comprenant les musiciens Axel Stupplich, Uwe Denzer et Andreas Morsch. Le groupe est actif depuis 1988 et a produit une bonne quantité de musique électronique (MÉ) sur cassette avant de voir un premier cd, Atmosphere, atterrir chez Invisible Shadows en début 1999. En fait, les 6 premiers albums de P.Peak sont apparus simultanément entre 1999 et 2001 avant que le label allemand ne ferme ses portes. Ces albums sont redistribués chez SynGate en 2006 sous forme de cd-r. Certains avec un titre en prime comme cet OCEAN DRIVE. Une autre très belle initiative, car Pyramid Peak est un groupe qui a toute sa place dans le monde de la MÉ. Un groupe plus progressif qui nous offre un second opus très intéressant.
Des pulsations circadiennes battent dans une ambiance apocalyptique pourvue des froissements de métaux hurlants et de gongs aux dimensions sonores chtoniennes. Une séquence hypernerveuse sort de l'ombre des pulsations lourdes autour de la première minute. Elle palpite et virevolte en tous sens, poussée par des synthés aux élans caoutchouteux et dont les souffles mystérieux appellent le synthé à développer ses solos aigus si uniques à la signature du trio Allemand. Reflections signe un rythme électronique stationnaire avec des séquences aux tonalités organiques dont les pépiements sont enveloppés par des synthés qui lâchent des nappes, des solos, des lignes et des effets aux milles sonorités irisées. La longue pièce-titre débute par une structure de rythme à priori pulsatoire. Le séquenceur est lourd avec des battements symétriques qui sont enlevants et qui développent une ligne de rythme mélodieuse séquencée à son tour dans une vision minimaliste. Ces séquences rythmiques et mélodiques font sautiller les 10 premières minutes de Ocean Drive dans le particulier univers sonore de Pyramid Peak. Si le rythme reste linéaire, celui qui est mélodique accentue ses vrilles et son intonation en apportant ses nuances avec des airs plus pointus. Les solos de synthé ont cette vision harmonique aussi accrocheuse que le rythme, alors que les bancs de brumes, les orchestrations et les effets l'accompagnent jusqu'à la 11ième minute. À cet endroit, la brumeuse devient orchestration dans une courte phase atmosphérique qui lie les deux premiers pôles rythmiques de Ocean Drive. Des effets de voix et de bips de Pink Floyd dans Wish you Were Here ornent les cordes de violon brumeux jusqu’à ce qu’une ligne de séquences limpides ne réactionne le rythme dont la seconde vie est plus frénétique, plus en up beat sinon techno. Un très gros titre!
Hormis la texture des solos de synthé, Pyramid Peak n'a pas son égal pour coucher des structures de rythmes liées à des formes mélodiques. Après une brève ouverture de bourdonnements lugubres, Dive se découvre par des ions nerveux se dandinant dans le ballant d'une ligne de basse. Ce rythme est en harmonie avec les longs solos aigus d'un synthé qui aime tournoyer ses complaintes. Subtilement, le mouvement change de tonalité sur un rythme plus accentué où de faibles percussions imitent un effet de balancier. Le synthé serpente le mouvement avec des solos qui s'incrustent dans l'ouïe. Vous aimerez les solos du Peak. Hormis leurs propres identités, ils vrillent avec constance et s'échappent de tout côté. Le vent transporte les cris des mouettes et un synthé, légèrement flûté, étend ses amples ondes nostalgiques. Cette ouverture ambiante de Sunrise frise les 3 minutes lorsqu'une furieuse ligne du séquenceur tournoie à vitesse grand V dans une course frénétique cernée par des mélodies enfantines des synthés. Cette phase de rythme hyper spasmodique s'éteint dans des nappes de synthé orchestrales qui meublaient aussi cette ouverture avant que Sunrise ne s'évade. L'ouverture de Twilight est crevante d'émotion avec des nappes de brume en suspension où se cache une très belle ligne de synthé au solo mélodieux. Flirtant aussi avec les 3 minutes, cette ouverture voit sa brume être éventée par un vif mouvement spasmodique du séquenceur qui sculpte le mouvement d’un train sur les plaines de la New Berlin School que Pyramid Peak tatoue de sublimes solos de synthé. Des effets de sirène ouvrent la porte à des éléments percussifs qui giguent avec une tonalité organique, alors que flegmatique, le synthé nous inonde de solos dont les harmonies sont plus près que des expérimentations torsadées. C'est de l'excellent Peak sur une structure découpée avec habilitée qui me fait penser à du Clara Mondshine! La 8ième minute amène un changement dans l'intonation, annonçant que Twilight se dirige vers une longue finale atmosphérique percée par de brefs agonies synthétisées.
La réédition de OCEAN DRIVE par le label Allemand SynGate en 2006 proposait un titre en boni d'une 13zaine de minutes en Psycho. Sa lente ouverture, près de 4 minutes, est pourvue de brises caverneuses qui aiment modifier leurs textures dans une vision orchestrale. La séquence qui émerge gargouille et sautille dans un univers de perdition d'où s'exclament les solos aux pointes acérées de Axel Stupplich, Uwe Denzer et Andreas Morsch. Ces solos sont comme le phare rythmique de Psycho qui s'allume pour vrai après la 7ième minute. Le rythme épouse un mouvement de dandinement solidement ancré par de bonnes et fortes pulsations ainsi que des claquements métalliques. Cette structure reste solidement ancrée dans la texture atmosphérique des synthés, créant une confusion qui servira la cause du séquenceur et des synthés dans une finale typique au Peak.
Pyramid Peak a une grande qualité, celle d'avoir développée sa propre identité musicale. Au-delà de la Berlin School, le trio Allemand développe une musique plus accessible qui est centrée sur la mélodie. Autant dans les solos de synthé que la courbe des rythmes. OCEAN DRIVE est un splendide album qui vaut absolument sa réédition. C'est un album avec une sonorité magique où les séquenceurs subdivisent leurs impulsions afin de créer des schémas rythmiques aussi entraînants que mélodieux sous des envolées de synthés aux solos et harmonies qui séduisent dès nos tympans franchit.
Sylvain Lupari (04/12/06) ****½*
Disponible au SynGate Bandcamp
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