“Plus j'écoute RS et plus je découvre un duo audacieux qui n'a pas peur de franchir une nouvelle étape dans la créativité”
1 Audiogram 5:09
2 Mindmachine 11:22
3 Radiotrip 7:21
4 Winterlandschaft 7:33
5 N-Tropical 3:50
6 Edge Of Reality 6:49
7 Third Ear 5:00
8 Planet Audio 9:19
9 Retropolis 5:23
10 Pibgorn 5:09
11 See - Not Have 7:33
12 Noosphere 4:16
(CD 78:46)
(Progressive EM)
Plus j'écoute la musique de Rainbow Serpent et plus je découvre un duo audacieux qui mélange habilement les genres. Partant des bases de la Berlin School et tout en flirtant avec une techno atmosphérique ainsi qu'une approche très contemporaine et progressive, Gerd Wienekamp et Frank Specht propose en THE 8th NERVE une aventure musicale qui va au-delà des standards par une approche sonore des plus éclectiques. Près de 80 minutes d'une musique qui coule sans arrêts, avec une diversité riche en surprises et en rebondissements rythmiques réparties sur 12 titres tous aussi étonnants les uns des autres.
Audiogram démarre ce voyage musical sur un rythme lent, initié par une sombre onde synthétisée qui gronde dans un cosmos noir. Un rythme doux défile avec de fines boucles frayant dans un étrange monde galactique où stries métallisées et de douces vocalises zombies tanguent dans une faune sonore très éclectique. Minimaliste, le tempo ondule sur de fines séquences encadrées de timides claquettes percussives, un peu comme pour ne pas réveiller cet univers psychédélique-métallique qui vit sous les pulsations de Audiogramme. Un mouvement langoureux, nappé de belles et onctueuses nappes mellotronnées, sont brièvement entrecoupées des réverbérations métalliques. Cette hypnotique intro de cet album progresse doucement vers des rythmes plus névrotiques et saccadés avec Mindmachine et son approche à la Kraftwerk. Mais un Kraftwerk plus contemporain dont les percussions tressaillent sur des oscillations tranchantes. Le rythme s'accentue avec des percussions nerveuses et lourdes, embrassant légèrement une approche techno avec un synthé aux accords mordants dont les claquements percutent avec une étrange tonalité. Présentes un peu partout sur ce brillant opus, des étranges réverbérations sillonnent Mindmachine le poussant vers un monde ambiant avant d'exploser sur de lourdes percussions et des vocalises démentielles dans une finale d'une ethnie indéfinie qui se moule à Radiotrip et les voix robotiques de Kraftwerk. Un titre feutré d'une lourdeur vaporeuse qui roule sur une séquence vitaminée de soubresauts minimalismes et soutenue par les mouvements circulaires d'un synthé métallique. Des percussions nerveuses encadrent ce tempo hypnotique d'où s'échappent de belles grappes harmonieuses à la Robert Schroeder sur un synthé aux solos ciselés. Winterlandschaft nous entraîne dans des secteurs plus ambiants et atmosphériques, avec une approche cosmique douce et sereine. Des arpèges cristallins sautillent avec une clarté percutante dans un environnement circulaire où faibles percussions isolées et mellotron déviant ceinturent une structure qui s'anime doucement sans jamais éclater. Un bel élan de tendresse cosmique qui se poursuit sur le doucereux N-Tropical et ses accords de xylophone ainsi que son fin mouvement de percussions enveloppé d'un mellotron éthéré. C'est comme écouter une mélodie cosmique Caribéenne.
Edge of Reality poursuit cette quête atmosphérique avec un titre étonnamment envoûtant. C'est une intro atone truffée de riffs d'un clavier corrosif qui échappe des résonnances intrigantes. Des percussions éparses émergent de cette tranquillité stellaire, tambourinant des frappes indisciplinées sur un mouvement structuré d'une frêle ligne syncopée qui sillonne un synthé aux couches hurlantes et aux souffles spectraux galactiques. Un étrange mouvement, très caractéristique de l'ambiance qui tourne autour de THE 8th NERVE et qui se termine dans les douces pénombres spatiales. Un mouvement qui se dirige vers Third Ear qui vous charmera à coup sûr avec sa croissante séquence pulsatrice et sa guitare acoustique qui moule une romance interplanétaire sur un synthé mielleux et des percussions abstraites. Un splendide titre plein de tendresse qui valse dans un univers sonore déchiré entre la dualité de ses accords de guitares et de ses gros riffs qui percutent une séduisante douceur onirique. Planet Audio enchaîne avec une lourde intro atmosphérique où d'étranges sonorités percent un dense voile synthétisé. Cette valse bizarre et ambiante, comme un vol cosmique en état d'apesanteur, s'éveille avec une délicate séquence nourrie d'accords de basse sautillants et des percussions éparses aux cymbales papillonnées. Le rythme galope parmi des stries de synthé métalliques, des sonorités de perceuses hydrauliques et un vocodeur qui remplit cette faune cosmique d'une intense et rare richesse sonore. Retropolis ouvre avec un synthé corrosif qui crache un venin ocré avant d'embrasser une rythmique spasmodique sur une ligne de basse ondulante, ornée d'un synthé aux boucles et aux solos lyriques et d'un clavier aux limpides accords harmonieux. Un titre vivant enveloppé d'une douce nappe mellotronnée qui se dirige vers Pigborn et son approche ethnique-galactique sur des percussions aux échos tribales, enveloppée d'un mellotron aux souffles flûtés dansant sur une cadence et ses percussions frénétiques. Cette danse tribale galactique se calme sur la merveilleuse intro cosmique de See-Not Have, qui doucement crescende sur des arpèges limpides et des riffs séquencés sobres d'un clavier discret, dégageant un tempo sensuel qui langoureusement se tord sur des solos d'un synthé sombre. Un beau titre musical qui se jette dans les nébuleux limbes de Noonsphere et ses grincements métalliques d'un univers éclectique qui est l'apanage de ce merveilleux effort d'un groupe à découvrir absolument.
Sylvain Lupari (07/10/09) ***¾**
Disponible chez Manikin
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